CRESPO Carmen

Par Antoine Aubry, Nicolas Kssis

Née en 1916, morte à en janvier 1937 ; employée ; militante anarchiste et de la FSGT ; volontaire en Espagne républicaine, combattante dans la colonne Ortiz.

Installée à Paris avec le reste de la sa famille, de sensibilité libertaire, la jeune Carmen Crespo rejoignit les rangs de la FSGT en pratiquant le basket au sein du Club pédestre de l’Étoile rouge, dans le quartier de la Bastille. Club renommé, le CPER incarnait en effet une certaine idée de l’excellence travailliste, proche du groupe Octobre, avec pour président d’honneur Paul Vaillant-Couturier et d’illustres licenciés tel qu’Auguste Delaune, et ou, entre autre, courra le jeune Nathan Korb, futur Francis Lemarque. Elle rejoignit par le biais de cette prestigieuse couronne, la sélection FSGT de 1500 sportifs et sportives qui se rendit à Barcelone pour participer aux Olympiada Popular organisées pour contrer les « JO de la honte » de Berlin, en Allemagne nazie. Elle y servit un peu de guide et de traductrices à ses co-équipières Jeannette Debailly et Simone Demay.

À la veille des premières épreuves, le coup d’État de Franco fut déclenché dans la nuit du 18 au 19 juillet 1936. Tout le monde rentra vers Marseille en bateau. La jeune Carmen Crespo décida néanmoins de revenir se battre. Elle démissionna de son travail dans les assurances, preuve d’un certain degrés d’instruction, et franchit illégalement la frontière avant de s’engager la colonne anarchiste de la CNT-FAI Sur Ebro, aussi appelée colonne Ortiz… Son caractère affirmé la conduisit à refuser un poste de secrétaire pour exiger de prendre part aux combats. Elle témoigna de son courage sur le front de Saragosse, où elle trouva le temps malgré tout d’écrire à ses amies de son équipe de basket : « Chaque dimanche, je n’oublie pas que nous sommes au dernier jour de la semaine, je souhaite que vous fassiez une bonne partie et pour terminer que vous gagnerez (…). Je pense aussi au sport, à l’équipe très sympathique où je devais entrer, mais avec regrets car je ne jouerais certainement pas cet hiver. » Ce seront ses dernières lettres. Quelques semaines plus tard, la Francesa comme la surnommaient ses camarades, tomba en janvier 1937 fauchée par une grenade pendant un affrontement au nord de l’Espagne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article224074, notice CRESPO Carmen par Antoine Aubry, Nicolas Kssis , version mise en ligne le 9 mars 2020, dernière modification le 22 juillet 2021.

Par Antoine Aubry, Nicolas Kssis

SOURCES : Correspondance de Jeannette Debailly, communiquée par sa file Colette Parmentier. — Antoine Aubry, « Carmen Crespo, sportive antifasciste. Du Basket FSGT à la guerre d’Espagne », Sport et Plein Air, juin-juillet 2016. — Antoine Gimenez , Les Fils de la Nuit : Souvenirs de la guerre d’Espagne (juillet 1936-février 1939) », éditions L’Insomniaque, 2006 (rééd. Libertalia, 2016). — Didier Daeninckx, Un parfum de bonheur, Paris, Gallimard, 2016. — Barcelone 1936, les olympiades oubliées, documentaire d’Ariel Camacho et Laurent Guyot, 1992.

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