DESBERTRAND Roger, Éloi, Denis

Par Éric Belouet

Né le 15 mars 1930 à Miramont-de-Comminges (Haute-Garonne) ; mécanicien, fraiseur puis chef d’équipe ; militant jociste de Haute-Garonne puis des Hautes-Pyrénées, permanent de la JOC (1953-1956) ; syndicaliste CFTC puis CFDT ; membre de l’ACO ; militant associatif.

Les parents de Roger Desbertrand travaillaient dans une petite usine de filature employant une quinzaine de personnes à Miramont-de-Comminges. Son père, anticlérical et d’opinions radicales socialistes, y était contremaître ; sa mère, croyante, y était ouvrière. Fils unique, il fréquenta l’école primaire publique jusqu’à l’âge de quatorze ans et obtint le certificat d’études primaires. Il entra en octobre 1944 comme apprenti mécanicien dans une entreprise forestière (scierie) d’une cinquantaine de personnes. Son statut d’apprenti n’y était que théorique car la formation passait au second plan. Du printemps 1950 à l’automne 1951, il effectua dix-huit mois de service militaire dans l’armée de l’air à Reims (Marne). Il séjourna ensuite à Limoges (Haute-Vienne) pendant six mois pour suivre une formation de fraiseur dans un centre FPA dont il sortit diplômé. Au cours de cette période, il adhéra à la CGT et fut délégué du centre. À la suite de cette formation, il fut embauché comme fraiseur (OP1) chez dans une usine de plus de 200 personnes, à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées), dont l’activité essentielle consistait à réparer les half track (véhicules militaires). Les conditions de travail et d’hygiène y étaient mauvaises et il n’y resta que neuf mois. Il entra alors, cette fois comme fraiseur OP2, dans l’entreprise d’aviation Morane-Saulnier, à l’usine de Tarbes (Hautes-Pyrénées) qui groupait un millier de personnes.

Roger Desbertrand avait adhéré à la JOC à l’âge de seize ans. Il devint le responsable de la section de Miramont, puis membre de l’équipe de la fédération de Comminges, laquelle regroupait principalement quatre sections (Miramont, Marignac, banlieue de Saint-Gaudens et Montréjeau). Après son service militaire et sa formation en CFPA, il reprit son militantisme jociste, cette fois au sein de la section de Bagnères, dont il fut le responsable, et à la fédération des Hautes-Pyrénées. Peu après son entrée chez Morane-Saulnier, il fut sollicité par la JOC pour devenir permanent. Il quitta alors, non sans regrets, son emploi et prit ses nouvelles responsabilités en septembre 1953. Affecté à la province de Toulouse en remplacement de Marcel Sakiroff*, il fit d’abord équipe avec Louis Larrieu* et Michel Loubet*, Pierre Junyent* et Robert Huguiès les rejoignant ensuite. La province couvrait les huit départements de la région Midi-Pyrénées ainsi que la Lozère, Le Lot-et-Garonne et l’Aude. Sur le plan national, Roger Desbertrand était rattaché à la branche « apprentis » (14-17 ans). Arrivé au terme de son mandat de trois ans, il quitta la JOC et se maria en octobre 1956 à Mazamet (Tarn) avec Monique Carayol, elle-même ancienne permanente de la JOCF ; le couple s’installa à Toulouse et quatre enfants naquirent de cette union (1957, 1959, 1965 et 1971).

Après son départ de la JOC, Roger Desbertrand parvint à se faire embaucher comme fraiseur OP2 chez Latécoère, dans le quartier de Montaudran, la seule grosse entreprise toulousaine où la CFTC était majoritaire. Il y milita, fut délégué du personnel et élu du comité d’entreprise. Au bout de cinq ans, les horaires très contraignants découlant du travail par équipe l’incitèrent à quitter l’entreprise. Il passa et réussit un concours pour devenir moniteur de FPA. Au terme de sa formation, il fit d’abord des remplacements en Haute-Garonne, puis passa six mois dans un centre à Marseille où l’expérience négative qu’il vécut l’incita à reprendre son ancien métier.

En 1963 ou 1964, Roger Desbertrand entra comme fraiseur OP3 à l’usine d’aviation Bréguet, à Colomiers, dans la banlieue de Toulouse (1 800 salariés). L’entreprise voulut d’emblée le recruter comme chef d’équipe ; il s’y opposa mais fut promu à ce poste au bout de trois mois. Il conserva cet emploi jusqu’à son départ en préretraite en 1987 (entre-temps, en 1971, l’entreprise avait été rachetée par Dassault). Sur le plan syndical, il s’engagea là encore à la CFTC, devenue CFDT en 1964. Sa position de chef d’équipe ne facilita pas son activité militante et l’empêcha d’être en première ligne au sein d’une entreprise où les relations avec la CGT, majoritaire (au cours des années 1980, la CFDT devint majoritaire), étaient par ailleurs extrêmement tendues. Il fut néanmoins délégué des agents de maîtrise et participa à tous les conflits, dont celui de Mai 68 (fermeture de l’usine). Il prit également des responsabilités au sein de la branche aéronautique de la Fédération CFDT de la Métallurgie pour la région Midi-Pyrénées et, à la demande d’André Téqui*, responsable national de cette branche, participa à ses travaux au plan national.

Retraité, Roger Desbertrand continua à militer à la CFDT et fut délégué au conseil régional des retraités CFDT Midi-Pyrénées pendant six ans. En 2008, il est trésorier de cette instance régionale. Il est également actif sur le plan associatif dans son quartier d’Ancely où la famille sétait installée en 1967 dans une cité construite par une société coopérative HLM et occupé par de nombreux autres militants de la même génération.

Peu attiré par l’engagement politique, il adhéra néanmoins au PS au début des années 2000 et participe toujours aux réunions de sa section en 2008.

Après son mariage, Roger Desbertrand avait été membre de l’ACO avec son épouse. Il assuma quelque temps la responsabilité de délégué diocésain avant de prendre progressivement ses distances.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22408, notice DESBERTRAND Roger, Éloi, Denis par Éric Belouet, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 7 septembre 2010.

Par Éric Belouet

SOURCES : Arch. JOC (SG), fichier des anciens permanents. — Entretien avec Roger Desbertrand, 2 avril 2008.

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