JULIEN Henri, Marius [pseudonymes dans la résistance : Ritou , Jojo, commandant Bossuet]

Par Eric Panthou

Né le 16 septembre 1921 à Arles (Bouches-du-Rhône), mort le 19 novembre 2010 à Le Beausset (Var) ; chauffeur ; militaire de carrière ; membre du Parti communiste (PCF) ; résistant au sein des Francs-tireurs et partisans (FTP), cadre du camp Wodli.

Avis de recherche à l’automne 1943

Fils de Fernand, Henri et de Marie, Madeleine Baud, Henri Julien était chauffeur.
Responsable des Jeunesses communistes d’Arles, il fut condamné le 1er avril 1942 à 20 ans de travaux forcés pour activité communiste par le tribunal de la 15ème région militaire.
Connu alors sous le nom de Ritou, il fut incarcéré au fort Saint-Nicolas à Marseille, partageant la cellule de Jean Robert. Le 27 janvier, profitant qu’on les amène dans la cour, les deux hommes s’enfuirent, sur l’initiative de Ritou. Mais ce dernier fut repris quelques minutes plus tard après s’être déboîté le genou en descendant du mur de la prison. Il écopa de 40 jours de mitards. Il en sortit au bout de 30 jours, pesant 50 kgs contre 75 à son arrivée.

Il fut ensuite incarcéré à la prison du Puy-en-Velay (Haute-Loire) et il s’en évada avec 25 autres camarades prisonniers politiques le 25 avril 1943. Seuls dix d’entre eux ne furent pas repris dans les jours qui suivirent. Henri Julien échappa à l’arrestation.
Selon Raymond Vacheron et Pierre Broué, Henri Julien, alias Jojo depuis janvier 1943, forma alors le premier triangle de direction de ce qui va dorénavant s’appeler le camp Wodli. Il avait à ses côtés Alain Joubert, alias Riri, le Commissaire Technique, et Marcel Imms, le responsable militaire (commissaire aux opérations). Malgré sa jeunesse, Henri Julien serait le responsable politique (Commissaire aux effectifs). C’est une vingtaine d’hommes qui s’installèrent alors dans une ferme au Suc-d’Achon.
Tout en considérant que l’ouvrage de Marius Biosca concernant son activité de résistant était un "tissu de mensonges" concernant l’évocation du camp Wodli et les hautes responsabilités qu’il y aurait assumées, Henri Julien reconnut que c’est sur la suggestion de Biosca, lors d’un entretien à Firminy (Loire), vers septembre 1943, qu’on décida de donner le nom de Wodli à ce nouveau maquis.

Henri Julien reconnait avoir été sous les ordres d’un dénommé Robert, mais assure qu’il ne s’agissait pas de Biosca. Il s’agit certainement de Marcel Imms dont l’un des pseudonymes aurait été Robert.

Quelques mois plus tard, il fit partie d’une des équipe chargée d’organiser l’évasion de 79 prisonniers de la prison du Puy-en-Velay dans la nuit du 1er au 2 octobre 1943. Avec Alain Joubert, il était le responsable de l’équipe devant récupérer deux camions en provenance du camp FTP Gabriel-Péri dans le Puy-de-Dôme. Mais en raison d’une mauvaise organisation les camions n’arrivèrent jamais.

Henri Julien rejoignit ensuite le Limousin et intégra les FTP sous le nom de guerre commandant Bossuet. C’est ce qu’a indiqué Alain Joubert, alors responsable du service de renseignements (Service B) des FTP de la région de l’Allier, qui retrouva Julien début 1944 à Limoges.
Il aurait appartenu à l’état-major FTP de la zone Sud au titre de l’Inter-Région A.

45 ans après, il témoigna dans l’enquête menée par Raymond Vacheron sur l’assassinat de 4 militants trotskystes en octobre 1943 au camp Wodli, à Queyrière. Il confia à propos des dirigeants du PCF qui avaient ordonné ces exécutions : “Ce sont des salauds. Ils ont tué les trotskystes. C’est dégueulasse.”
Bien que lui-même avait été un militant fidèle au Parti depuis son adhésion, il eut une analyse critique des militants et cadres : "ils étaient fanatisés et considéraient Staline comme un dieu vivant " déclara-t-il à Raymond Vacheron en 1991. Il habitait alors avec son épouse au Beausset (Var) où il décéda en 2010.

Henri Julien avait quitté le PCF après la Libération et fit carrière dans l’Armée de l’Air, finissant avec le grade de capitaine.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article224081, notice JULIEN Henri, Marius [pseudonymes dans la résistance : Ritou , Jojo, commandant Bossuet] par Eric Panthou, version mise en ligne le 9 mars 2020, dernière modification le 22 février 2021.

Par Eric Panthou

Avis de recherche à l’automne 1943

SOURCES : SHD Vincennes, GR 16 P 314392. Dossier Henri Julien (nc) .— AVCC Caen, AC 21 P 577914. Dossier Henri Julien (nc) .— Pierre Broué, Raymond Vacheron, Meurtres au maquis, Paris, Grasset, 1997 .— Aimé Vielzeuf, Au temps des longues nuits, Nïmes, l’auteur, 1969 .—Avis de recherche des évadés du 25 avril 1943 (copie transmise par Alexandra Rollet) .— Mail de Raymond Vacheron à l’auteur, le 10 mars 2020 .— Lettre d’Henri Julien à Raymond Vacheron, le 5 décembre 1992 (archives privées Roger Vacheron) .— Lettre d’Alain Joubert à Raymond Vacheron, le 29 février 1992 (archives privées Roger Vacheron) .— Mémoire des Hommes .— Généanet.

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