LUGRIN Robert, Joseph

Par Michel Germain, Dominique Tantin

Né le 26 juin 1922 à Lugrin (Haute-Savoie), exécuté sommairement le 20 mai 1944 à Lugrin (Haute-Savoie) ; cultivateur ; résistant.

Robert Lugrin était le fils de Jean Lugrin et de son épouse Marie Roch. Directement concerné par la loi du 16 février 1943 instituant le S.T.O., il resta dans son village natal, où il continua de travailler la terre, tout en rejoignant la Résistance.
Les samedi 20 et dimanche 21 mai 1944, les Allemands, Gestapo en tête, guidés par les miliciens du cru, l’inspecteur Pierre Fillon notamment, organisa une vaste rafle dans le Chablais. C’était l’opération Phoque.
Robert Lugrin fut arrêté le samedi 20, par un groupe d’hommes composé d’Allemands et de miliciens. Sa sœur Berthe, de 4 ans sa cadette, témoigna le 6 mars1945 devant la commission d’épuration de Thonon : « …Mon frère fut arrêté à la maison à 7 heures 30 et emmené au Lumina. Vers 2 heures 30, je suis venue avec un colis dans l’intention de faire parvenir à mon frère, mais je n’y réussis pas. Je revins vers 5 heures et je demandais aux sentinelles qui me refusèrent de nouveau de recevoir mon colis. Monsieur l’abbé de Lugrin demanda à Pierre Fillon l’autorisation de faire passer le colis de mon frère et lui demanda même s’il n’était pas possible de faire relâcher ces jeunes gens qui venaient d’être arrêtés. A ce moment-là, Pierre Fillon demanda à l’abbé : « Pour qui parlez-vous ? » L’abbé ne connaissait pas le nom de mon frère, vint me le demander. Je lui dis : « Il s’appelle Robert Lugrin ». Sur ce l’abbé retourna vers Pierre Fillon pour lui donner le nom de mon frère. J’ai entendu la réponse que fit Pierre Fillon à monsieur l’abbé et qui est la suivante : « Ce jeune homme est un terroriste. Il a fait partie du maquis. Il n’a aucune chance pour qu’il échappe ». De là je rentrais chez mes patrons… » Ce témoignage montre bien, s’il en était besoin, la connivence entre la Milice et la Wehrmacht lors de cette opération de ratissage de mai 1944 dans le Chablais.
Robert Lugrin fut arrêté en même temps que son camarade Alsacien Robert Guillemet et Jean Charles. Ce dernier témoignera après la guerre. Il a entendu un Allemand dire à un chef milicien « Ces trois-là, je vous les laisse ». Les deux Robert furent fusillés le jour même au lieu-dit Le Pont Rouge. C’est là que le garde champêtre François Joseph Lugrin, les trouva 33 heures plus tard. (Mémorial de l’oppression 3808 W 1468).
Robert Lugrin est reconnu « Mort pour la France » et homologué FFI et Interné résistant. La médaille de la Résistance lui fut décernée par décision en date du 22 juin 1960. Il figure sur le monument aux morts de son village natal et sur la stèle élevée sur le lieu de son exécution.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article224184, notice LUGRIN Robert, Joseph par Michel Germain, Dominique Tantin , version mise en ligne le 11 mars 2020, dernière modification le 11 mars 2020.

Par Michel Germain, Dominique Tantin

SOURCES : Michel Germain, Haute-Savoie Rebelle et martyre, Mémorial de la Seconde guerre mondiale en Haute-Savoie, La Fontaine de Siloé, 2009. — MémorialGenWeb. — Mémoire des Hommes. — Service historique de la Défense, Caen SHD/ AC 21 P 567078 et Vincennes GR 16 P 380300 (nc).

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