HEU Andrée, Marie [née DROIT]

Par Dominique Tantin, Annie Pennetier, Geneviève Launay

Née le 8 juin 1908 à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), guillotinée le 11 mai 1944 à Cologne (Allemagne) ; secrétaire ; militante communiste ; résistante FTP ; déportée.

Andrée Droit était la fille de Théophile, né le 4 février 1878 à Courbesseaux (Meurthe-et-Moselle) surveillant de fonderie, et de son épouse Jeanne Adèle Dezavelle, lesquels s’étaient mariés le 15 février 1904 à Mousson (Meurthe-et-Moselle). Le couple eut trois filles, Andrée, Gilberte, née le 2 avril 1913 et Jeanne née le 4 avril 1917. Au recensement de 1926, le père – veuf ou séparé – vivait avec ses filles à Pont-à-Mousson.
Andrée Droit devint secrétaire. Le 10 août 1928, à Pont-à-Mousson, elle épousa Henri Jean Heu, né le 21 août 1906 à Pont-à-Mousson, menuisier ébéniste. De cette union naquit un garçon prénommé Jean André.
Henri Heu s’était syndiqué très jeune à la CGT et milita aux Jeunesses communistes. Le couple adhéra ensemble au Parti communiste et au Secours rouge international (SRI). Avec la victoire du Front populaire en juin 1936, de nouvelles responsabilités lui furent confiées qui conduisirent le couple à s’installer à Nancy (Meurthe-et-Moselle), 93 rue de Strasbourg. Henri Heu fut élu secrétaire de cellule des quartiers Saint-Pierre et Bonsecours et secrétaire départemental du Secours populaire français qui venait de succéder au SRI. Il était gérant de l’Informateur le bulletin du comité départemental Paix et Liberté.
Mobilisé le 24 août 1939 au 120e régiment d’artillerie d’Épinal, il fut sérieusement blessé à la colonne vertébrale et à la jambe gauche ce qui lui évita d’être prisonnier de guerre en Allemagne. Démobilisé le 14 octobre 1940, il fit l’objet d’une étroite surveillance policière et d’une inscription sur la liste des « communistes susceptibles d’être internés » établie le 8 juillet 1941 par le chef de la sûreté de Nancy et remis à la police allemande le 26 août 1941.
La reparution de La Voix de l’Est clandestine en janvier 1941 et une dénonciation anonyme avaient provoqué son arrestation le 20 février 1941. Il refusa de signer sa notification d’internement et passa quinze jours à la prison Charles III de Nancy par arrêté préfectoral du 17 février 1941 jusqu’au 2 mars 1941 puis à compter du 14 août 1941 en vertu d’un arrêté préfectoral du 11 août, au Centre de séjour surveillé d’Écrouves d’où il s’évada le 24 avril 1942 avec Raymond Ruffet. Ses camarades FTP avaient tenté de libérer un maximum de militants dans la nuit du 14 au 15 avril mais l’action avait échoué. Henri Heu participa à plusieurs actions avec Marcel Simon, dont le sabotage du pont-levant de Malzéville le 30 avril 1942. Il était alors planqué à Nancy chez madame Kieffer.
Henri Heu fut arrêté à Nancy par la Geheimfeldpolizei (GFP) le 23 mai 1942 pour « détention d’armes et d’explosifs ». Un agent double infiltré, un V-Mann se faisant appeler Carlos, avait gagné sa confiance en lui affirmant qu’il était membre du comité central du parti communiste chargé d’organiser son transfert à Épinal pour assurer sa sécurité.
Henri Heu fut condamné à mort pour « antécédents communistes, détention illégale d’armes, munitions et explosifs » par le tribunal militaire de Nancy (FK 591) le 24 juin 1942. Il a été fusillé le 21 juillet 1942 au champ de tir de La Malpierre à Champigneulles avec ses 8 camarades FTP des groupes du sud de la Meurthe-et-Moselle.

Andrée Heu rejoignit la Résistance avec son mari comme agent de liaison de la résistance communiste (FTP à partir du printemps 1942), et secrétaire du journal communiste clandestin La Voix de l’Est. Elle fut arrêtée le 5 mai 1942 par la police allemande. Emprisonnée à Charles III à Nancy puis à la Santé à Paris, elle fut déportée Nuit et Brouillard le 9 juillet 1942 dans le convoi parti de Paris à destination d’Aix-la-Chapelle. Elle fut incarcérée à Rheinbach et Cologne. Condamnée à la peine capitale par le tribunal spécial de Cologne pour « avantages procurés à l’ennemi », elle fut guillotinée le 11 mai 1944 avec Marie-Louise Birgy et Solange Vigneron à la Prison de Klingelpütz - Rheinische Zentralgefängnis.
Andrée et Henri Heu furent homologués Internés résistants et la Médaille de la Résistance leur fut décernée par décision en date du 3 juin 1971. Andrée Heu est inhumée au cimetière de Nancy. Leurs noms sont gravés sur le monument érigé dans la clairière de La Malpierre.
Dans les années 1970, leur fils Jean André Heu résidait à Pont-à-Mousson, HLM B1917, rue du Bois le Prêtre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article224217, notice HEU Andrée, Marie [née DROIT] par Dominique Tantin, Annie Pennetier, Geneviève Launay, version mise en ligne le 12 mars 2020, dernière modification le 18 avril 2021.

Par Dominique Tantin, Annie Pennetier, Geneviève Launay

SOURCES : Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 192767, dossier communiquée par Geneviève Launay. — Arch. Dép. Meurthe-et-Moselle WM 309, WM 325, WM 33. — Arch. Mun. Nancy série 2i. — Jean-Claude Magrinelli, Militants ouvriers de Meurthe-et-Moselle sous l’Occupation. Dictionnaire biographique, Nancy, 2020.— Claude Favre, La Malpierre des héros anonymes, p 17 et 55, 2012. — Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb.

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