NÈGRERIE Alfred, Antoine

Par Dominique Tantin

Né le 13 mai 1891 à Affieux (Corrèze), massacré le 6 avril 1944 à Saint-Hilaire-les-Courbes ; ouvrier agricole ; militant et ancien conseiller municipal communiste ; aide à la Résistance ; victime civile.

Alfred Nègrerie était le fils de Léonard, cultivateur, alors âgé de 29 ans, et de son épouse Marie Eyburderie, sans profession, âgée de 21 ans. Il fut appelé sous les drapeaux en 1912 et resta mobilisé jusqu’en 1919. Durant le conflit, il fut promu sergent, trois cité, blessé en 1918 et décoré de la Croix de Guerre et de la Médaille militaire. Après avoir travaillé à Paris, ouvrier aux Halles, dans l’immédiat après-guerre, il revint s’établir en Corrèze, à Saint-Hilaire-les-Courbes. Au recensement de 1936, il vivait au village de La Brunerie, ouvrier agricole, marié (sa femme, prénommée Berthe, était née en 1901 à Treignac) et père de deux enfants, nés tous deux à Saint-Hilaire-les-Courbes, Robert en 1920 et Georges en 1921. Alfred Nègrerie était adhérent du Parti communiste français depuis 1928, ex-conseiller municipal déchu par Vichy. Il participait au ravitaillement du maquis.
Alfred Nègrerie fut l’une des nombreuses victimes des soldats de la division Brehmer. La division Brehmer, ou division « B », de l’initiale du patronyme de son chef, le général Walter Brehmer, mena des opérations de ratissage et de répression des maquis et de persécutions des Juifs de nature génocidaire en Dordogne, puis en Corrèze et en Haute-Vienne. Cette division était une unité de marche temporaire constituée pour cette mission. Hétéroclite, elle réunissait pour un effectif total de 8 000 hommes - deux régiments de sécurité dont le 95e basé à Périgueux, deux bataillons motorisés dont le 958e bataillon de DCA, un bataillon d’infanterie de Géorgiens (Ost bataillon 799) en garnison à Périgueux puis à Tulle, deux brigades d’intervention de la Feldgendarmerie de Périgueux et de Bergerac, une unité SS-Sipo-SD commandée par le capitaine SS Kurt Holler détaché du SD de Lyon et chargé de la liaison avec August Meïer, SS-Obersturmbannführer (lieutenant-colonel), Kommandeur de la Sipo-SD de Limoges. Certaines actions furent conduites avec la participation de la Brigade ou Phalange nord-africaine de la Gestapo parisienne placée sous le commandement d’Alexandre Villaplane et intégrée à la Hilfspolizei. Elle disposait de 24 véhicules blindés et d’une douzaine de pièces d’artillerie légère.
Elle bénéficiait d’informations collectées par des délateurs, collaborationnistes ou non, et par la Milice (2e service) et l’administration de Vichy. Le modus operandi de la Brehmer consistait à encercler les bourgs, à rassembler la population, désigner des otages – notamment les édiles –, obtenir des renseignements (liste des Juifs, identité des réfractaires au STO, des résistants et de ceux qui leur apportaient une aide, localisation des maquis). Les suspects et les hommes juifs étaient abattus, les femmes et les enfants d’origine juive arrêtés et emmenés pour être déportés. De nombreux bâtiments furent pillés et incendiés.
Le 6 avril 1944, un détachement de la division était à la poursuite des FTP de Couturon qui cantonnaient au village de Couturas sur la commune de Saint-Hilaire-les-Courbes. Les FTP lui échappèrent mais les soldats, bien renseignés, massacrèrent Alfred Nègrerie et Fernand Chazalnoël, ces deux cultivateurs communistes du village de La Brunerie qui ravitaillaient le maquis, incendièrent leurs maisons, et y jetèrent leurs corps.
Les noms des victimes sont inscrits sur le monument aux Morts de la commune de Saint-Hilaire-les-Courbes. Non répertoriés sur la base de données de Mémoire des Hommes, ils ne semblent pas avoir été homologués résistants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article224252, notice NÈGRERIE Alfred, Antoine par Dominique Tantin, version mise en ligne le 13 mars 2020, dernière modification le 13 mars 2020.

Par Dominique Tantin

SOURCES : Guy Penaud, Les crimes de la division Brehmer, La traque des résistants et des juifs en Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne (mars-avril 1944), Périgueux, Éditions La Lauze, 2004, p. 351, 408. — Paul Mons, Afin que nul n’oublie, la folie meurtrière de la division Brehmer, mars-avril 1944, Editions Les Monédières, p. 198. — MémorialGenWeb. — Acte de naissance, recensement de 1936 et registre matricule militaire en ligne (Arch. Dép. de Corrèze).

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