Par Robert Estier
Né le 4 mars 1873 à Bédarrides (Vaucluse), mort en 1952 à Bédarrides (Vaucluse) ; cheminot ; premier secrétaire du rayon communiste de Roanne, considéré comme le fondateur du Parti communiste dans cette ville ouvrière à tradition socialiste, joua un rôle important dans tous les combats menés par le mouvement ouvrier de l’arrondissement de 1920 à 1928 ; militant du Vaucluse dans les années 1930.
Fils d’Auguste, Laurent Chevalier, cultivateur et de Marie née Féraud, sans profession, François Chevalier se maria le 10 juillet 1900 à Montélimar avec Augustine Mège.
Mécanicien à la Compagnie PLM installé à Roanne (Loire), militant syndicaliste très actif avant 1914 au syndicat des cheminots, F.rançoisChevalier fut une première fois révoqué en 1910, puis réintégré. Adhérent du Parti socialiste SFIO, pacifiste minoritaire, très antimilitariste pendant la guerre (il rappellera à plusieurs reprises par la suite au cours de meetings qu’il n’a fait que deux ans et s’est ensuite « débiné du front (sic) » (cf. 11 mai 1920 à la Bourse, Arch. Dép. Loire MI), il fut élu conseiller municipal sur la liste du socialiste Sérol en 1919. Très connu, et populaire par ses activités syndicales, il fut candidat aux élections législatives de 1919 sur la liste SFIO emmenée par Ernest Lafont et Ferdinand Faure, maire de Firminy, qui fut seul élu. F. Chevalier avait obtenu 20 446 voix. Il fut le principal animateur de la grève des cheminots qui dura à Roanne du 25 février 1920 au 3 mars et protesta contre l’ordre de reprise du travail donné par la Fédération. Aussi, en mars 1920, au congrès national des cheminots du PLM qui se tint à Roanne et où la lutte fut vive entre réformistes et révolutionnaires, il proposa sans succès la collaboration des syndicats avec le Parti socialiste unifié. En mai 1920, il anima jusqu’au bout avec Guillot, secrétaire du syndicat des cheminots, la grève générale des cheminots dans la région roannaise, dont il imputa l’échec national à la CGT en déclarant que « Jouhaux avait trahi la classe ouvrière ». Révoqué, il refusera le 2 juin le poste de secrétaire de l’UD et restera à Roanne, dénonçant vigoureusement le syndicat « jaune » dissident constitué au lendemain de la grève. Fervent propagateur de la Révolution russe, il entraîna la majorité de la section socialiste qui donna 180 voix à la motion Cachin contre 21 seulement à la motion Longuet. Il créa alors au lendemain du congrès de Tours une section SFIC à Roanne qui compta au début le modéré Sérol dans ses rangs. Il organisa le 21 avril 1921, aux côtés de Barthe, délégué du Comité central des syndicats révolutionnaires parisiens une réunion publique de propagande au cours de laquelle il annonça la formation d’un Comité syndicaliste révolutionnaire expliquant : « Les échecs subis par la classe ouvrière et l’attitude équivoque des représentants actuels de la CGT ont motivé la constitution de ce nouvel organisme de lutte de classe ». Il parla des dangers d’une nouvelle conflagration : « Je me suis débiné (sic) pour la première guerre, j’agirai de même pour celle qui se prépare » et il invita l’assemblée à manifester le 1er Mai, surtout contre la guerre. Il participa au congrès unitaire de Saint-Étienne de 1922, où il fit partie de la commission de vérification des mandats et devint secrétaire du syndicat local en même temps que secrétaire du rayon communiste de Roanne et membre du comité de la Fédération communiste du Rhône à laquelle était rattachée la ville de Roanne (choisie en 1924 comme siège d’un rayon qui comprenait l’arrondissement de Roanne, les centres du Rhône de Cours, Thizy, Amplepuis, Tarare). Il joua, aux côtés de Thévenoux et de Bonnefille, un grand rôle dans l’organisation des premières cellules (cinq en décembre 1924 ; Roanne, 81 adhérents, le Coteau, 20, Charlieu, 15, Villerêt, 5, Saint-Martin-d’Estréaux, 9). Son activité se déploya aussi par l’organisation de meetings sur les mutineries de la Mer Noire, puis au moment de la guerre du Maroc lorsqu’il présida en 1925 un comité local d’action contre la guerre qui comprenait l’ULU, le PC, l’ARAC, les Jeunesses communistes. Pendant la grève du textile de Charlieu en avril 1927, motivée par une diminution de salaires de 15 %, qu’il anima avec Richetta et Bonnefille, il devait dénoncer « l’attitude de capitulation du syndicat confédéré », du reste sur la défensive, et déclarer au cours d’une réunion à la Bourse du Travail, le 21 avril que le syndicat chrétien (il s’agit du syndicat libre des ouvriers tisseurs de Bourg-de-Thizy) dans une lettre ouverte aux patrons publiée dans l’Écho du Roannais du 17 avril 1927, avait pris nettement position contre toute baisse de salaires : « Les syndicats chrétiens sont beaucoup plus près de nous que les confédérés ». Il dirigea aussi avec Thévenoux l’imposante manifestation du 7 août 1927 à Roanne, lors de la grève générale et très largement suivie pour le soutien à Sacco et Vanzetti. Il écrivit dans le Cri du Peuple, 5 novembre 1927, le journal communiste de la Loire, le premier article signé sur Roanne où il mettait en cause violemment le maire socialiste de Roanne, Sérol, désavoué par la section dès mars 1921, et dans un autre du 3 décembre 1927, « Où sont les responsables des divisions de la classe ouvrière », il dénonçait les syndicats confédérés en avançant les chiffres de 500 syndiqués pour la Bourse confédérée et 5 000 pour l’ULU. Il anima enfin, sans grand succès semble-t-il, le groupe du Secours Ouvrier International. Il quitta Roanne en 1928, en laissant un Parti communiste actif, et se retira à Bédarrides (Vaucluse) où il continua à militer et fut même élu conseiller municipal dans une élection partielle. Lors du congrès du rayon de Roanne le 13 décembre 1936, les communistes locaux rendront hommage à Ferdinand Chevalier, « premier secrétaire de notre rayon », qui est le père spirituel des militants actuels de notre agglomération ».
Revenu à Bédarrides en 1928, il fut candidat au conseil général en 1937. Retraité PLM en 1939, François Chevalier appartenait toujours à la cellule Bédarrides.
Par Robert Estier
SOURCES : Arch. Nat. F7/13093, F7/13106, Loire, 12 août 1926, F7/13090. — Arch. Dép. Loire, M 1 ; 6 M Tr 446/3 ; 3 M 64 ; 93 M 51 ; 539 M Tr 438 ; 540 M 438/2 ; 541 Tr 438/3. — Arch. Dép. Vaucluse, 1 M 826 et 3 M 311. — Le Cri du Peuple, 7 mars 1936 (« Salut à Chevalier ») et 19 décembre 1936. — La Tribune républicaine, 18 et 21 novembre 1919. — État civil en ligne cote AD084 2MIEC016, vue 7.