GRETZER Wolf

Par Dominique Tantin

Né le 1er juin 1878 à Varsovie (Pologne), massacré le 6 avril 1944 à Tarnac (Corrèze) ; victime civile d’origine juive.

Stèle Commémorative
Stèle Commémorative
Crédit : MémorialGenWeb

Wolf Gretzer était le fils de Lazare et de Rachel Waklera. Réfugié en Corrèze, il fut l’une des nombreuses victimes d’origine juive de la division Brehmer.
La division Brehmer, ou division « B », de l’initiale du patronyme de son chef, le général Walter Brehmer, mena des opérations de ratissage et de répression des maquis et de persécutions des Juifs de nature génocidaire en Dordogne, puis en Corrèze et en Haute-Vienne. Cette division était une unité de marche temporaire constituée pour cette mission. Hétéroclite, elle réunissait pour un effectif total de 8 000 hommes - deux régiments de sécurité dont le 95e basé à Périgueux, deux bataillons motorisés dont le 958e bataillon de DCA, un bataillon d’infanterie de Géorgiens (Ost bataillon 799) en garnison à Périgueux puis à Tulle, deux brigades d’intervention de la Feldgendarmerie de Périgueux et de Bergerac, une unité SS-Sipo-SD commandée par le capitaine SS Kurt Holler détaché du SD de Lyon et chargé de la liaison avec August Meïer, SS-Obersturmbannführer (lieutenant-colonel), Kommandeur de la Sipo-SD de Limoges. Certaines actions furent conduites avec la participation de la Brigade ou Phalange nord-africaine de la Gestapo parisienne placée sous le commandement d’Alexandre Villaplane et intégrée à la Hilfspolizei. Elle disposait de 24 véhicules blindés et d’une douzaine de pièces d’artillerie légère.
Elle bénéficiait d’informations collectées par des délateurs, collaborationnistes ou non, par la Milice (2e service) et l’administration de Vichy. Le modus operandi de la Brehmer consistait à encercler les bourgs, à rassembler la population, désigner des otages – notamment les édiles –, obtenir des renseignements (liste des Juifs, identité des réfractaires au STO, des résistants et de ceux qui les aidaient, localisation des maquis). Les suspects et les hommes juifs étaient abattus, les femmes et les enfants d’origine juive arrêtés et emmenés pour être déportés. De nombreux bâtiments furent pillés et incendiés.
Le jeudi 6 avril 1944 dans l’après-midi, un détachement de la division Brehmer accompagné d’agents de la Sipo-SD investit le bourg de Tarnac. Un officier disposait de la liste des Juifs réfugiés dans la commune, liste établie sur instructions des autorités de Vichy, et une rafle fut aussitôt organisée. Une partie des réfugiés parvint à s’échapper, mais neuf furent arrêtés. Les quatre hommes adultes furent massacrés, parce que Juifs, vers 21h route de Clupeau (ou route de Lacelle), au lieu-dit La Grande Pâture. Il s’agissait de Henry Dresdner, Wolf Gretzer, Meyer ou Mair Monheit et Léopold Scheinhaus.
Cinq femmes et enfants furent transférés à Drancy via Limoges, puis déportés sans retour à Auschwitz-Birkenau par le convoi n°72 du 29 avril 1944 : Charles Blusztajn, 3 ans ; Frymat Blusztajn, 43 ans ; Rosa Monheit, 55 ans, dont le mari avait été abattu ; Ryfka Spira, 64 ans ; Frajda Wajnstock, 64 ans.
Une stèle fut érigée sur le lieu du massacre, au bord de la D160 à 1,5km du bourg en direction d’Eymoutiers, portant l’inscription : "1944 ici sont tombés 4 Israélites victimes des nazis". Les noms des victimes sont inscrits sur une plaque commémorative dans le cimetière communal où ils furent inhumés.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article224331, notice GRETZER Wolf par Dominique Tantin, version mise en ligne le 15 mars 2020, dernière modification le 15 mars 2020.

Par Dominique Tantin

Stèle Commémorative
Stèle Commémorative
Crédit : MémorialGenWeb
Plaque commémorative dans le cimetière communal de Tarnac
Plaque commémorative dans le cimetière communal de Tarnac
Crédit : MémorialGenWeb

SOURCES : Guy Penaud, Les crimes de la division Brehmer, La traque des résistants et des juifs en Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne (mars-avril 1944), Périgueux, Éditions La Lauze, 2004, p. 352, 408. — Paul Mons, Afin que nul n’oublie, la folie meurtrière de la division Brehmer, mars-avril 1944, Editions Les Monédières, p. 197. — MémorialGenWeb. — Bases de données du Mémorial de la Shoah-CDJC, du Mémorial de Klarsfeld et de Yad Vashem.

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