MOREL Théodose, dit Tom

Par Michel Germain

Né le 1er août 1915 à Lyon (Rhône), exécuté sommairement le 10 mars 1944 à Entremont (Haute-Savoie) ; militaire de carrière ; résistant de l’Armée secrète (AS).

Théodose Morel
Théodose Morel
Crédit : MémorialGenWeb.

Théodose Morel était le fils de Robert et de Marthe Raymond. « Par son père il appartenait à une famille d’industriels. Par sa mère à une famille d’officiers. Il fut porté le jour même de sa naissance sur les fonts baptismaux… par son oncle Georges Raymond, un des magnifiques compagnons de Guynemer… dont Théodose devait garder toute sa vie le culte vivant  », écrit le R.P. André Ravier dans une remarquable biographie de celui qui disait : « Nous sommes faits pour une vie héroïque ».
Tom Morel fut, sans conteste, un homme hors du commun. Véritable chevalier, qu’un chroniqueur compara au général Leclerc, il est de la trempe de ces hommes, au-dessus des autres, qui éclairent l’Histoire de France.
Après des études à l’école Sainte-Geneviève de Versailles, il entra, en 1935, à Saint-Cyr ; il avait 20 ans. Le 1er octobre 1937, il fut promu sous-lieutenant, au 27è B.C.A., à Annecy. Le 12 novembre 1938, il épousa Marie-Germaine Lamy à Annecy et de cette union naquirent trois enfants. Ils passèrent l’hiver à Abondance, où Tom commandait la section d’éclaireurs skieurs (SES).
En mai 1939, son bataillon gagna la Savoie et la frontière italienne. La S.E.S. prit position au Fornet, au-dessus de Val d’Isère. Le 21 septembre, il fut promu lieutenant et le 27è B.C.A. partit pour le front du Nord-Est. Tom fut déçu d’être détaché de son bataillon et de ne pouvoir partir se battre avec ses camarades. Sa S.E.S. resta à la garde de la frontière, dans le poste le plus haut d’Europe.
En juin 1940, la section de Tom se distingua et son chef reçut, avec quatre de ses hommes, la Croix de guerre. Dans le brouillard de la Tarentaise, il se battit comme un lion, faisant de sa section, la plus recherchée par le commandement. Tom fut nommé chevalier de la Légion d’honneur, à 25 ans. En 1941, père d’un troisième enfant, il devint instructeur à Saint-Cyr, replié à Aix-en-Provence.
Il entra dans la clandestinité après novembre 1942, et sous la couverture d’une entreprise de tissage, il travailla à la victoire, car pour lui, "la France est éternelle... Nous vaincrons un jour !" Les Allemands le recherchèrent activement, sans parvenir à l’appréhender. Tom était au P.C. départemental et Romans-Petit, qui assura la succession du commandant Vallette d’Osia, arrêté en septembre 1943, le nomma en janvier, chef des maquis de Haute-Savoie. Puis, il lui ordonna de grimper sur le Plateau des Glières avec une centaine d’hommes pour réceptionner des parachutages décidés par Londres. Ce fut le début de « l’épopée des Glières ».
Tom Morel, alors secondé par le lieutenant Joubert, organisa la défense de ce bastion naturel, avec les hommes dont il disposait. Le 9 mars 1944, il apprit que la mission avait évolué et, ayant des informations du jour sur le G.M.R. « Aquitaine » basé à Entremont, il décida d’attaquer.
C’est au cours de cet accrochage avec les forces de l’ordre qu’il fut lâchement assassiné, le 10 mars à 1 heure du matin environ, par le commandant de G.M.R. Lefèvre, son prisonnier. Georges Decour* et Jean Frizon* trouvèrent également la mort à la suite de ces combats. Une plaque sur le mur de l’ex hôtel de France rappelle ce douloureux souvenir.
Enterré sur le plateau le 13 mars 1944 (à l’emplacement actuel du mat où flotte le drapeau tricolore), son corps fut descendu dans la vallée le 2 mai 1944. Il repose au milieu de ses hommes dans la nécropole militaire nationale de Morette, tombe n°68, aux côtés d’autres officiers comme le capitaine Maurice Anjot* qui lui succéda à la tête du bataillon des Glières.
Le 20 novembre 1944, il reçut à titre posthume la Croix de la Libération et le 25 mai 1947, en présence du Président de la République Vincent Auriol et au cœur de la nécropole militaire de Morette, le bataillon des Glières fut cité à l’ordre de l’Armée. Tom Morel, déclaré « Mort pour la France » fut nommé « Compagnon de la Libération ».
Citation pour la Croix de la Libération : « Déjà fait chevalier de la Légion d’honneur à 24 ans, pour avoir capturé une compagnie italienne sur le front des Alpes en juin 1940. Instructeur à Saint-Cyr en novembre 1942, a aiguillé ses élèves vers la Résistance et s’est lancé lui-même corps et âme contre l’envahisseur, agissant tour à tour comme « camoufleur » de matériel, agent de renseignements, propagandiste. Démasqué par l’ennemi, s’est jeté avec une immense foi dans le maquis savoyard, sans armes, a attaqué en combat singulier un officier allemand qu’il a réduit à l’impuissance. Devenu chef du bataillon des Glières, a été l’âme de la résistance du Plateau, son chef et son organisateur. Le 9 mars 1944, après avoir enlevé d’assaut le village d’Entremont, a été assassiné lâchement au cours d’une entrevue qu’il avait demandé à ses vaincus pour éviter une effusion inutile du sang français. Restera dans l’épopée de la Résistance une incarnation du patriotisme français et l’un des plus prestigieux martyrs de la Savoie ».
Au-delà des petites erreurs historiques qui se sont glissées dans ce texte officiel, notamment sur sa mort, le lecteur pourra découvrir Tom Morel dans l’ouvrage de André Ravier Lieutenant Tom Morel aux éditions Fayard et dans celui paru en mars 2008 sous la plume de Patrick de Gmeline Tom Morel héros des Glières.
Tom Morel reste pour les Haut-savoyards une icône de la Résistance. Il figure sur les plaques de marbre noir récapitulatives des « Mort pour la France » apposées dans le hall de la mairie d’Annecy, avec comme prénom erroné Théodore et son nom est gravé sur le Mur du souvenir élevé à l’entrée de la nécropole de Morette, où il repose au milieu de ses camarades de combat. Son nom est également gravé sur le monument élevé aux morts du bataillon dans la cour du quartier militaire du 27è B.C.A. qui porte désormais son nom à Cran-Gevrier (Haute-Savoie). Une salle de l’I.U.T. et une autre au lycée Baudelaire voisin, portent son nom qui est inscrit sur le monument aux Morts de Crémieu (Isère), à Liévin (Pas-de-Calais) sur le Mémorial National des Scouts Morts pour la France, à Lyon (2e arr.) sur la plaque commémorative des anciens élèves de Saint-Marc.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article224420, notice MOREL Théodose, dit Tom par Michel Germain, version mise en ligne le 17 mars 2020, dernière modification le 27 novembre 2022.

Par Michel Germain

Théodose Morel
Théodose Morel
Crédit : MémorialGenWeb.

SOURCES : Michel Germain, Haute-Savoie Rebelle et martyre, Mémorial de la Seconde guerre mondiale en Haute-Savoie, La Fontaine de Siloé, 2009. — MémorialGenWeb.

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