LE TOURNEUR d’ISON Stanislas, Jean-Marie

Par Dominique Tantin

Né le 1er janvier 1916 à Paris (VIIe arr.), mort en action le 8 juin 1944 à Laguenne, auj. Laguenne-sur-Avalouze (Corrèze) ; militaire ; résistant des Forces Françaises Combattantes (FFC) et Forces Françaises de l’Intérieur-Armée secrète (FFI-AS),

Stanislas Le Tourneur d’Ison
Stanislas Le Tourneur d’Ison
Crédit : MémorialGenWeb

Stanislas Le Tourneur, comte d’Ison, était le fils de Yves Marie Gabriel, alors âgé de 25 ans, propriétaire, détaché au Conseil de Guerre permanent de la 3e région, et de Germaine Marie-Louise Mélanie Chappe d’Auteroche, âgée de 27 ans.
Ses parents et ses quatre frères et sœurs quittèrent la capitale en 1924 pour la propriété familiale, le château de Coupigny, commune d’Airan, auj. Valambray (Calvados). Stanislas Le Tourneur d’Ison resta à Versailles pour effectuer ses études secondaires à Saint-Jean-de-Béthune. Ayant la vocation des armes, il prépara l’école d’Officiers de Réserve. Le 1er mai l940, il fut nommé aspirant au 159e régiment de chasseurs alpins de Briançon. C’est dans cette ville qu’il fit la connaissance de sa future épouse d’origine italienne, Olga Cossuta di Skirel, qu’il épousa le 26 octobre 1940 à Saint-Symphorien-de-Lay (Loire). De cette union naquirent deux enfants, Éric et Yves, âgés de trois et un an à mort de leur père.
Le 30 septembre 1940, Stanislas Le Tourneur d’Ison fut affecté comme chef du groupe Lyautey des chantiers de jeunesse à Lapleau (Corrèze). Avec son épouse, il élit d’abord domicile au village de Prenchère à Lapleau, non loin du groupe des chantiers chargé, dans le cadre de la politique du « retour à la terre » prôné par le régime de Vichy, de reconstruire le village et de remettre les terres en culture.
Stanislas Le Tourneur d’Ison rejoignit la Résistance. En 1942, il appartenait (alias RX 1341 d’Ison) au réseau de renseignements « Vélites Thermopyles », réseau fondé en 1941 et rattaché au BCRA. Les agents « brûlés » dans la région parisienne trouvèrent refuge en Haute-Corrèze.
À la dissolution des chantiers de jeunesse, Stanislas Le Tourneur d’Ison devint directeur de l’ADAC (association des anciens des chantiers) de la Corrèze. Sur ordre de ses supérieurs, il accepta le poste de directeur du Service du travail obligatoire (STO) de la Corrèze à la préfecture de Tulle (peut-être dans le cadre du Noyautage des Administrations publiques -NAP). Cette fonction lui permit de collecter de nombreux renseignements au profit de la Résistance, en premier lieu pour l’Armée secrète qu’il avait rejointe avec le grade de lieutenant. Il créa une école de formation dont la direction fut confiée à Maurice Andrieux, avec l’aide duquel il entravait les départs pour le STO en inscrivant les jeunes à l’école ou en les dirigeant vers le maquis. Avec sa famille, Stanislas Le Tourneur d’Ison habita Sainte-Fortunade puis Tulle.
Les 7 et 8 juin 1944, les FTP déclenchèrent l’assaut contre la garnison allemande de la préfecture du Corrèze. Les Allemands résistèrent aux maquisards en attendant l’arrivée imminente de l’avant-garde de la 2e SS Panzer Division qui remontait de Montauban et approchait de Tulle où elle commettra le massacre que l’on sait.
Dans l’après-midi du 8, le lieutenant Stanislas Le Tourneur d’Ison, chef du corps franc de Tulle, était venu en moto avec Dufrêchoux au camp Chabrier (commune d’Albussac), cantonnement de la 21e compagnie de l’AS de Corrèze, commandé par Auguste René Lachaud (alias le Rapide), ancien sous-officier d’active. demander d’aller récupérer du matériel et de l’essence à la caserne du champ de Mars de Tulle occupée par les forces du maintien de l’ordre françaises avant l’attaque du 7 juin de la préfecture de Corrèze par les FTP.
Le Tourneur d’Ison partit du camp « Chabrier » en moto avec Dufrêchoux, à la tête d’un détachement de 11 hommes transportés en camionnette. Près du Pont de Pierre, sur la commune de Laguenne, à l’entrée de Tulle, le détachement se heurta à un barrage de soldats de la 2e SS-Panzerdivision Das Reich. Six maquisards furent tués dans l’accrochage, parmi lesquels Stanislas Le Tourneur d’Ison, touché de plusieurs balles dans le dos.
Sur les circonstances de sa mort, l’on dispose du récit du Commandant Ballot, radiodiffusé par les antennes de Limoges le11 octobre 1944 :
« Le lieutenant perd son sang en abondance, bientôt il ne peut plus marcher et supplie son camarade de l’abandonner. “Va, sauve-toi, dit-il, je suis perdu. Tu diras à ma femme que je meurs en pensant à elle et à la France.” Trois jours après on trouvera le Lieutenant Le Tourneur d’Ison étendu parmi les hautes herbes, le visage calme, les traits empreints de cette sérénité qui marque les héros. Il fut le digne chef de cette poignée de héros qui ont lutté jusqu’à la dernière cartouche pour accomplir leur devoir. »
Il fut inhumé à Tulle, au cimetière du Puy-St-Clair, carré militaire, tombe n°90 (Par délibération du 7 novembre 1946, le Conseil Municipal décida d’offrir à la famille Le Tourneur d’Ison de placer le corps du lieutenant Le Tourneur d’Ison au cimetière du Puy Saint Clair au carré militaire ou de céder gratuitement à la famille un terrain sur lequel pourrait être édifié un monument. Le Conseil Municipal du 13 février 1947 déclare que la famille accepte l’inhumation au cimetière du Puy Saint Clair au carré militaire).
Il obtint la mention Mort pour la France et fut homologué Lieutenant FFI. Il fut nommé Chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume, nomination accompagnée de la Croix de Guerre avec Palme et de la Médaille de la Résistance. Il fut cité à l’Ordre de l’Armée aux motifs suivants : « Jeune officier énergique, courageux, plein d’entrain et d’allant, d’une bravoure à toute épreuve. Résistant de la première heure, animé du plus pur patriotisme, a toujours pris une part très active et a montré dans les diverses missions qui lui étaient confiées de véritables qualités de courage et de sang-froid. Chargé d’exécuter un coup de main sur un dépôt de matériel et d’essence à Tulle ; est tombé, le 8 juin 1944, dans une embuscade d’engins blindés près de Laguenne (Corrèze). N’a pas hésité pour accomplir sa mission à engager le combat contre un ennemi très supérieur en nombre et puissamment armé, a ainsi réussi à franchir trois (sic) barrages sous un feu intense et violent occasionnant des pertes sérieuses à l’ennemi (cinq tués, nombreux blessés). A au cours de l’action été blessé mortellement. »
Son nom est inscrit sur la stèle commémorative érigée sur le lieu de l’accrochage, au bord du ruisseau « La Sainte Bonnette » à Pounot de Laguenne, et sur plusieurs plaques et monuments à Airan, Caen, Tulle et Versailles. Il figure avec sa compagnie sur la stèle de Pounot.



Voir Laguenne (Corrèze), 8 juin 1944

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article224610, notice LE TOURNEUR d'ISON Stanislas, Jean-Marie par Dominique Tantin, version mise en ligne le 20 mars 2020, dernière modification le 8 juin 2021.

Par Dominique Tantin

Stanislas Le Tourneur d'Ison
Stanislas Le Tourneur d’Ison
Crédit : MémorialGenWeb
Stanislas Le Tourneur d'Ison, son épouse et l'un de ses fils.
Stanislas Le Tourneur d’Ison, son épouse et l’un de ses fils.
Crédit : Biographie et photographies.
Croix de Pounot
Croix de Pounot
Cette croix en granite gravée (à la légende aujourd’hui illisible), posée récemment sur un socle, a été érigée le 5 novembre 1944 à l’endroit même où mourut, le 8 juin précédent, le lieutenant F.F.I. Stanislas Le Tourneur d’Ison. Elle est située à l’arrière de la grande surface commerciale ATAC. - Ses restes qui reposaient en ce lieu ont été transférés, le 9 juin 1947, à l’issue d’une cérémonie officielle, dans le carré militaire du cimetière militaire du Puy-Saint-Clair. - Inscription particulière du socle : À LA MÉMOIRE / DU LT LETOURNEUR D’ISON / TUÉ PAR LES ALLEMANDS / LE 8 JUIN 1944. - Cette stèle a été refaite récemment sur l’initiative du Souvenir Français.

SOURCES : Biographie et photographies. — Guy Penaud, La Das Reich, 2e SS Panzer Division, Périgueux, Éd. La Lauze, 2005, 191-192, 512. — MémorialGenWeb. — Mémoire des Hommes. — Service historique de la Défense, Caen, AC 21 P 84097 et Vincennes GR 16 P 368752 (nc).

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