RAISANT Alexandre (orthographié parfois RAISSANT Alexandre ou RAISON Alexandre ou RAISAUT Alexandre ou RAYSON)

Par Notice revue et complétée par Jean Risacher

Né le 22 octobre 1809 à Honfleur (Calvados) ; homme de lettres ; membre de sociétés secrètes ; révolutionnaire proche du blanquisme ; communard, mort en détention.

En 1834, Alexandre Raisant était commis-marchand à Paris, 100, rue Montmartre (IIIe arr., maintenant IIe). Le 1er février, il fut condamné pour rébellion à 3 jours de prison qu’il effectua du 25 au 28 mars à La Force, mais nous en ignorons les causes. Il était peut-être lié à la Société des Droits de l’Homme. En 1836, demeurant 3, rue Neuve Saint-Marc (IIe arr. ancien et actuel), réputé secrétaire du comité directeur de la Société des Familles, à la suite, de la découverte de l’atelier de fabrication de poudre d’Eustache Beaufour, le 8 mars 1836, au 113, rue de Lourcine (XIIe arr. ancien, maintenant rues Broca Ve et Léon Nordmann XIIIe arr.), dans le faubourg Saint-Marceau, il fut arrêté pour y avoir participé, écroué à La Force le 30 avril 1836, y passa quatre mois de détention préventive, pour délit d’association illicite et de détention d’armes et munitions, et comparut devant le tribunal de police correctionnelle de Paris, au procès des poudres où il fut condamné à huit mois de prison et 500 F d’amende le 10 août 1836, peines confirmées en appel le 23 octobre 1836. Transféré à Sainte-Pélagie le 8 novembre 1836, il fut libéré le 10 mai 1837, par l’ordonnance d’amnistie du 8 mai 1837.

Raisant s’installa ensuite 27, rue Neuve des Bons-Enfants, au Palais Royal (IIe arr. ancien, maintenant rue Radziwill Ier arr.), avec ou chez ou non loin de son ami Raban et était membre de la Société des Saisons. La mise en route de cette nouvelle société, qui tentait de regrouper les rescapés de la Société des Familles et des la Société des Droits de l’Homme, libérés en mai 1837, n’était pas très facile en l’absence de Barbès et de Blanqui. Une rivalité s’établit entre Raisant et Lamieussens, soupçonné d’être un mouchard. A la demande du premier, le second fut écarté.
Peu après, une descente de police chez Raban, le 26 juillet 1838, fit découvrir un atelier de fabrication de poudre et de munitions où les fabricants (Raban, Raisant, Lardon, Dubosc) furent pris en flagrant délit et Lamieussens fut considéré comme l’instigateur de cette opération. Raisant fut condamné en première instance, le 18 octobre, à 18 mois de prison et plusieurs années de surveillance, par le tribunal correctionnel de la Seine, sa peine fut confirmée en appel le 28 novembre 1838.

Incarcéré à Doullens, Raisant s’y conduisit comme son ami Raban. Il y était en juillet 1839, et passait son temps à soulever ses camarades. A chaque rentrée de nouveaux détenus, ils les accueillaient aux cris de : « Bonjour les Amis, la République ou la mort ! », notamment le 17 juillet. Il continua jusqu’au 30 juillet, se reposa un peu et ayant recommencé fut enfermé en casemate vers le 10 août, aux cris de « On m’assassine, on veut me faire mourir ! », Après quelques mois d’alternance d’« exaltation » et de calme, l’arrivée en février des condamnés de la deuxième catégorie du procès des journées de mai 1839 provoqua de nouveaux troubles, et des injures au directeur. À ce titre, il fut enfermé avec 9 autres à la casemate le 6 février 1840, jusqu’au 17. Libéré le 9 avril 1840, il fut ramené à Paris par les soins de Bianchi, d’Amiens.

N’ayant sans doute pas respecté les obligations de la surveillance, Raisant fut de nouveau écroué à Saint-Pélagie, consigné comme condamné politique, le 9 novembre 1840, pour rupture de ban, et condamné le 24 novembre 1840 à 15 jours de prison. Libéré et transféré à la préfecture le 19 décembre 1840, il vint s’établir au Havre (Seine-Inférieure) à la fin du mois. La police le surveillait attentivement. On peut ainsi noter qu’il habitait au Havre en août 1841 et qu’il y habitait encore en octobre 1842. Il revenait, le 14, dans la ville à l’issue d’un voyage entrepris pour recruter des abonnés à un nouveau journal en projet, qui se serait appelé Le Parlement, et qui semble bien n’avoir jamais paru.
Le 1er novembre 1845, il demeurait, à Paris, 23, rue du Roule, et figurait avec la qualité de propriétaire parmi les fondateurs de la Compagnie des Industries unies. Voir Léopold Amail.
Raisant devint le caissier de la Compagnie. Mais, en 1846, il fut arrêté comme chef d’une des sociétés secrètes communistes issues de la Société des Saisons.

Militant républicain et socialiste des plus en vue sous la Seconde République, il joua en 1850 un rôle important dans les pourparlers entre républicains « bleus » et républicains « rouges », pourparlers qui aboutirent à la triple élection de Carnot, de Deflotte et de Vidal, à Paris.

On retrouve Raisant en 1865, correspondant du journal L’Association et en relations avec les coopérateurs parisiens. Il appartenait à la loge « La Renaissance par les émules d’Hiram » — voir Thirifocq Eugène.
Selon certains, Raisant aurait conduit, le 4 septembre 1870, la manifestation populaire qui envahit le Palais-Bourbon et qui amena la proclamation de la République, avec Armand Lévy, ancien président du Club des Clubs de 1848, ancien bonapartiste du journal L’Espérance, ancien membre de l’Internationale. Voir Lévy A.

Sous la Commune de Paris, il se laissa convaincre de devenir secrétaire du commissaire spécial de la Bourse puis y devint lui-même commissaire. Il ne fit pas de politique et fuyait les réunions — « trop agitées pour son âge... Il est fâcheux que le gouvernement de la Commune ait trouvé pour le servir des gens sérieux et honnêtes qui lui donnaient une apparence à laquelle il n’avait pas droit », est-il dit avec un humour involontaire dans le rapport du conseil de guerre.
Il fut condamné, le 25 mars 1872, par le 13e conseil de guerre, à six mois de prison. Il mourut à la prison de Rouen le 1er août 1872.

Il est ainsi dépeint par Louis Nouguès : « âme religieuse et tendre, esprit plus idéaliste que réalisateur, un de ces "pêcheurs d’homme" dont la parole est grave et douce et surtout sympathique à la femme, au soldat, au prolétaire, ces souffrants de notre monde. (..) Fortune, jeunesse, repos, il a tout donné à la cause commune... ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article224687, notice RAISANT Alexandre (orthographié parfois RAISSANT Alexandre ou RAISON Alexandre ou RAISAUT Alexandre ou RAYSON) par Notice revue et complétée par Jean Risacher, version mise en ligne le 21 mars 2020, dernière modification le 23 juin 2021.

Par Notice revue et complétée par Jean Risacher

SOURCES : Arch. Min. Guerre, 13e conseil (n° 300). — Arch. Dép. Paris (Seine), registres d’écrou DY/4 32-2023, DY/8 10-3199, DY/8 22-3517. — Arch. Dép. Somme, Yb15. — Arch. Mun. Le Havre, J 2/2, liasse 6 et J 2/29. — Cour des pairs. Procès politiques, 1835-1848, Inventaire dressé par J. Charon-Bordas, Paris, Archives Nationales, 1984, CC 725 (orth. Raisaut). — Moniteur Universel, août 1836 (Rayson) et octobre (Raison). — Cour des pairs, Affaire des 12 et 13 mai 1839. Rapport fait à la Cour par M. Mérilhou, Imprimerie royale, 1839-1840 (Raissant). — L. Nouguès, Une condamnation de mai 39, Paris, Dry aîné, 1850. — Jean Gaumont, Histoire générale de la coopération en France, t. I, p. 224 et sq. — M. Dommanget, Blanqui et l’opposition révolutionnaire à la fin du Second Empire, Paris, Armand Colin, 1960. — L.-A. Blanqui, Œuvres I. Des origines à la Révolution de 1848, textes présentés par D. Le Nuz, Nancy, Presses Universitaires, 1993. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.

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