POULET Roger [POULET René, Roger]

Par Jean Belin

Né le 1er mars 1907 à Andelot-en-Montagne (Jura), mort le 5 avril 1967 à Dijon (Côte-d’Or) ; cheminot ; syndicaliste CGT et militant communiste de Côte-d’Or ; résistant au sein des FTPF.

Fils de Jean-Baptiste Poulet, tailleur de pierres, et d’Hortense Belle, aubergiste, Roger Poulet travailla comme ouvrier lapidaire chez Poncet-frères à Andelot après la fin de sa scolarité et avant d’être embauché à la Cie de chemin de fer comme cantonnier au service de la voie à Mouchard (Jura) en 1925. Après son incorporation de mai 1927 à avril 1928, il se retira à Andelot et reprit son emploi à la Cie du PLM où il s’engagea à la CGT. Domicilié à Port-Lesney (Jura) jusqu’en septembre 1937, il vint s’installer avec sa famille dans la cité SNCF, chemin des ateliers à Chenôve (Côte-d’Or) où il prit ses nouvelles fonctions au service de la voie du dépôt de Perrigny-lès-Dijon. Il milita au syndicat des cheminots du dépôt avant la guerre.
Mobilisé du 2 septembre 1939, mais père de cinq enfants, il fut renvoyé dans ses foyers à sa demande le 20 février 1940. Dès son retour, il investit l’activité syndicale clandestine et la Résistance. Il devint membre du secrétariat du syndicat des cheminots de Dijon, responsable des groupes des Francs-tireurs et partisans français (FTPF) des cheminots en 1943 et fut désigné comme Commissaire aux Effectifs Régional (CER) en été 1944. Militant très actif, il participa à de nombreux sabotages et fut l’un des organisateurs des grèves patriotiques des cheminots de novembre et décembre 1943 avec Raymond Santot, André Bonnet, Gabriel Bligny, Marcel Asmus, afin de réagir contre la condamnation à mort des sept cheminots résistants du dépôt de Dijon-Perrigny (Voir Raymond Pageaux, André Dubois...) pour des actes de Résistance. La puissance des grèves contraignit les nazis à les gracier, leur peine capitale étant commuée en déportation vers l’Allemagne où ils furent jugés à nouveau et exécutés le 19 avril 1944 dans la prison de Stuttgart.
Après la Libération, il poursuivit ses engagements militants à la CGT et au PCF. Il fut sanctionné avec Maurice Garaudet, Gilbert Longet et déplacé d’office à Is-sur-Tille (Côte-d’Or) pour avoir déclenché un mouvement de grève au dépôt le 4 juin 1952 contre la venue à Paris de Ridgway, commandant suprême des Forces alliées de l’OTAN. A la demande de Roger Poulet, le conseil des prud’hommes de Dijon condamna la SNCF le 7 décembre 1954 à 25 000 francs de dommages et intérêts pour sanction abusive et discriminatoire. Il réintégra Dijon en 1955. De 1954 à 1962, Roger Poulet fut délégué du personnel de la voie auprès du directeur de la Région sud-Est, délégué pour le syndicat au Comité local des activités sociales (CLAS). Il fut également gérant du bulletin du syndicat Le Cheminot Dijonnais et rédigea de nombreux articles. Il fut secrétaire général du 3ème secteur CGT des cheminots de la Région de Dijon en 1953 et siégeait à ce titre au conseil national de la Fédération. Il participa en tant que délégué de son syndicat à plusieurs congrès nationaux de sa fédération, dont son dernier en 1958.
Il s’investit aussi dans l’interprofessionnel et fut élu membre de la commission administrative de l’Union départementale CGT de la Côte-d’Or du 32e congrès de juillet 1951 au 37e congrès d’octobre 1958. Adhérant au Parti communiste bien avant son interdiction en septembre 1939, il fut à partir de la 5e conférence fédérale de février 1949 et jusqu’à la 15e conférence en mai 1964, élu membre du comité fédéral de la Côte-d’Or.
Roger Poulet fut surveillant principal au service de la voie et du bâtiment de la SNCF en fin de carrière. Le syndicat des cheminots de Dijon lui rendit un hommage particulier lors de son départ en retraite en mars 1962 en présence de plus de 250 cheminots, de dirigeants de l’UD et de Georges Séguy, secrétaire général de la Fédération CGT des cheminots. Son nom fut attribué à une salle de la Bourse du travail de Dijon.
Il fut membre du bureau de l’association départementale des anciens combattants volontaires de la Résistance. Roger Poulet se maria le 4 janvier 1930 à Salins-les-Bains (Jura) avec Simone Mathilde Joséphine Lornet avec laquelle il eut sept enfants, Daniel, Ginette, Renée, Simone, Aimée, Maurice et Monique. Domicilié au 15 rue Pierre Paul Leniept à Dijon lors de son décès.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article224699, notice POULET Roger [POULET René, Roger] par Jean Belin, version mise en ligne le 21 mars 2020, dernière modification le 31 mars 2020.

Par Jean Belin

SOURCES : Arch. Fédération CGT des cheminots. — Comités fédéraux du PCF 21. — AD 21, Arch. IHS CGT 21, fonds de l’UD et du syndicat des cheminots, Le Cheminot dijonnais organe du syndicat CGT. — Résistance en Côte-d’Or, Gilles Hennequin, tome 1, édition de 1987. — Une semaine en Côte-d’Or (pages insérées dans l’HD), éditions de 1953 à 1967. — Arch. Dép. du Jura, état civil, recensement de la population, fiche de recrutement militaire. — Les Dépêches, éditions du 17 mars 1962 et du 7 avril 1967. — Les cheminots dans la Résistance en Côte-d’Or 1940-1944, Fabrice Perron, mémoire de maîtrise, 1991, BU de Dijon. — Mairie d’Andelot-en-Montagne, état civil. — Les cheminots dans la bataille du rail, page 137, Maurice Choury, éditions Perrin 1970. — Renseignements fournis par son fils Maurice Poulet, mars 2020.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable