DESLANDES Gaston

Par Claudine Cardon-Hamet

Né le 4 juin 1900 à Neuilly-sur-Seine (Seine, Hauts-de-Seine), mort à la mi-juin 1951  ; ajusteur  ; militant communiste du XIVe arr. de Paris  ; résistant, déporté.

Gaston Deslandes est le fils d’Émilie Thomas et de Gaston Deslandes, son mari. Il était ajusteur (mécanicien, serrurier, maître d’outillage). Il avait épousé Suzanne Laucher le 2 juillet 1918 à Paris XIVe. Ils habitent au 141 rue de Vanves - actuellement rue Raymond Losserand - à Paris XIVe arrondissement, « pour un loyer annuel de 2500 francs » (enquête de police du 13 juillet 1942) au moment de son arrestation. Selon le discours de Maria Rabaté pour le PCF à son enterrement, il aurait adhéré au Parti communiste en 1920.

En 1928, le couple Deslandes qui avait deux enfants (René et André) prit à Sens la gérance d’un lavoir-blanchisserie, où sa mère était blanchisseuse. En 1932 un incendie détruisit ce lavoir et en 1934 ils revinrent à Paris dans une loge de concierge. Il reprit son métier d’ajusteur.

Métallo, il était syndiqué à l’Union syndicale de la métallurgie. Gaston Deslandes fut membre du Parti communiste, trésorier de la cellule Jonquoy de 1936 à 1939, un des responsables de la section du XIVe arrondissement. En 1936, il prit une part active aux élections législatives.

Après l’interdiction du Parti communiste, Deslandes fut avec Guy Ducoloné un des membres du triangle de direction du Parti clandestin dans le XIVe. Pendant l’Occupation, il fut en liaison avec la direction nationale du Parti communiste clandestin et son domicile servit de « boîte aux lettres » au courrier qui était « relevé » par Georgette Cadras, alias « Madeleine ». La concierge de l’immeuble était la mère de Gaston Deslandes, mais, remariée, elle portait un nom différent, et ne fut pas surveillée après l’arrestation de son fils. Pendant son hospitalisation à Broussais, les rendez-vous entre Raymond Losserand et Fernand Leriche passèrent souvent à son chevet (le fait est raconté par Louis Aragon dans Les communistes, tome 3). Ils discutaient de l’organisation des groupes armés communistes.

Gaston Deslandes qui comme son fils aîné était surveillé par la police (son domicile fut perquisitionné - en vain - le 10 juillet 1941), fut arrêté par la Brigade Spéciale anticommuniste (BS1) le 10 février 1942 pour infraction au décret du 26 septembre 1939. Après la guerre, il apprit qu’il a été dénoncé par Mme D. imprimeur rue de Pensey, qui passa devant la cour de justice à la Libération. Il fut écroué à la Santé le 10 février 1942. Au cours de l’instruction du « Procès de la maison de la Chimie », Gaston Deslandes fut confronté aux jeunes résistants communistes inculpés. Aucun d’entre eux n’avoua le connaître malgré la torture, or plusieurs d’entre eux l’avaient rencontré comme responsable de la section du 14e du Parti communiste avant guerre, puis comme clandestin, ainsi que son fils, René Deslandes qui avait milité avec plusieurs d’entre eux, à la JC du 14e. Ils furent comme René Deslandes, membres du club « l’Union Sportive du 14e » dont René avait déposé les nouveaux statuts en septembre 1941 et qui servit de moyen de rassemblement « légal » aux jeunes communistes.

Gaston Deslandes fut uniquement inculpé pour une affaire de dépôt d’imprimerie clandestine et jugé en décembre 1942. Il fut condamné à 18 mois de prison qu’il effectua à la Maison centrale de Poissy. À la demande des autorités allemandes, il fut interné au camp allemand de Compiègne (Fontstalag 122) et déporté à Buchenwald dans le convoi du 27 juin 1943. Il fut le responsable politique de ce convoi (Suzanne Deslandes). Il entra en contact avec des détenus allemands antinazis, membre de la Résistance du camp. Affecté aux ateliers d’armement il y opère des sabotages. Malade, il est ensuite caché au Revier, (l’infirmerie). ». À l’arrivée de Marcel Paul au camp, il lui « passa les rênes » (Roger Arnould).
Libéré par l’armée américaine, Gaston Deslandes fut rapatrié le 20 avril 1945 mais hospitalisé à l’hôpital Broussais jusqu’en juillet 1946, puis à celui de Dax pendant un mois. Le PCF le présenta aux élections sénatoriales du 24 novembre 1946. Il était pensionné à 90 % en 1950. Il fit ensuite de fréquents séjours à l’hôpital Broussais. Titulaire le titre de « Déporté politique », Gaston Deslandes mourut à la mi-juin 1951. Sa dépouille mortelle fut exposée au siège de sa section XIVe arr-plaisance, le lundi 18 juin et il fut enterré le lendemain.

Son fils René Deslandes, âgé de vingt-quatre ans fut déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942. Voir biographie sur le site : « Déportés politiques à Auschwitz ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22483, notice DESLANDES Gaston par Claudine Cardon-Hamet, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 25 janvier 2022.

Par Claudine Cardon-Hamet

SOURCES  : Témoignages de Suzanne Deslandes, sa veuve. — Maria Rabaté, allocution funèbre (19 juin 1951). — Dossier constitué par d’André Deslandes, son fils cadet. Archives du Musée de la Résistance Nationale de Champigny avec les documents suivants : Archives de la Préfecture de Police : Deslandes René, rapport des RG du 28 juin 1941 (91.022)  ; Archives de la Préfecture de Police : condamnation de la cour d’appel de Paris, 11 décembre 1942 (GA-D1)  ; 23 et 12 mai 1943, courrier du directeur de la Maison centrale de Poissy à la Préfecture de police  ; Rapports des RG sur Suzanne Deslandes (1949).

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