DESMÉ Daniel, Louis

Par Christian Chevandier

Né le 12 septembre 1942 à Tours (Indre-et-Loire) ; travailleur social, formateur ; secrétaire général de la Fédération CFDT Santé-Sociaux (1973-1977) ; militant de la Ligue communiste révolutionnaire, membre du bureau politique et du comité central.

Les parents de Daniel Desmé étaient tous deux employés dans un établissement hospitalier de Chinon où ils s’étaient rencontrés pendant la guerre. Son père, Élie, originaire de Touraine, après avoir travaillé comme ouvrier agricole, avait été soigné pour une tuberculose et était resté comme agent hospitalier au sanatorium dont il était parti lors de l’occupation de la Savoie par les Italiens. Sa mère, Geneviève Bellou, était secrétaire dans des usines de la région parisienne. Réfugiée en Touraine au moment de la défaite, elle avait trouvé du travail en milieu hospitalier. Fin 1943, son père et sa mère avaient quitté Chinon à la suite d’altercations avec des partisans du régime de Vichy. Geneviève avait pris en gérance en 1947 une petite mercerie, puis Elie avait travaillé avec elle jusqu’à sa mort, en 1952. Elle allait ensuite occuper un emploi d’encaisseuse d’assurances.
Après une scolarité dans un collège confessionnel à Poitiers, Daniel Desmé passa une année à Paris, au lycée technique public du XVIIe arrondissement, logé dans un foyer du XVe arrondissement où il put percevoir le poids de la guerre d’Algérie. Il revint ensuite à Tours, dans un lycée privé, puis abandonna ses études, ne se présentant pas aux épreuves de la première partie du baccalauréat. Marqué comme tous les enfants de cette génération par les récits de la Résistance, il était préoccupé par la guerre d’Algérie et la perspective d’aller se battre pour une cause à laquelle il était hostile. Sur les conseils d’un jeune prêtre, professeur au grand séminaire de Tours, il intégra, grâce à son parrainage, cette institution en 1961 en dépit d’une absence de vocation religieuse. Il obtint ainsi un statut d’étudiant et bénéficia d’un sursis, et lui permit de rencontrer, dans cette agglomération ouvrière fortement marquée par la présence de métallos, de cheminots et de travailleurs du textile, des militants passés par la JOC et l’ACO. Il mit fin à son sursis en 1963 car la question de l’Algérie ne se posait plus et il fut affecté en Allemagne, à Trèves, dans les transmissions.
De retour de l’armée, après avoir tenté en vain d’être embauché comme ouvrier chez SKF, il trouva du travail en février 1965 comme faisant fonction d’éducateur à l’association La Sauvegarde de l’enfance. N’étant pas bachelier, il obtint en 1965 l’examen d’entrée à l’université avant de suivre en alternance la formation d’éducateur. Il était alors employé auprès d’handicapés mentaux au centre spécialisé de Seuilly (vers Chinon), où, dans ce milieu très peu syndicalisé, il créa une section du syndicat CFDT auquel il avait adhéré en 1967. Fréquentant alors les milieux de l’antipsychiatrie, notamment autour de Félix Guattari, il découvrit le marxisme dans ce cadre, démissionna de l’école d’éducateur avant de participer dans son centre au mouvement de grève du printemps 1968. Changeant d’emploi, il travailla à l’institut médico-pédagogique de Reugny (Indre-et-Loire) où, avec d’autres militants, il monta à nouveau une section CFDT. C’est là qu’il rencontra Marie-Claude Poulin, qui faisait fonction d’éducatrice et qu’il épousa le 26 juillet 1969. Il fut embauché en septembre 1969 dans un centre de Château-Renault (Indre-et-Loire) où il créa une section CFDT. À la rentrée 1971, il s’inscrivit à la faculté des Lettres de Tours pour une licence en psychologie tout en travaillant comme aide-manipulateur en radiologie au centre hospitalier de Tours. Il continua ensuite des études universitaires, obtenant notamment la licence de psychologie en 1971, un DEA d’histoire (université de Paris I Panthéon-Sorbonne, 1990) et un DEA de sociologie (université de Paris VIII, 1995)
Élu secrétaire du syndicat départemental CFDT Santé-Sociaux d’Indre-et-Loire en 1970, il fut élu ensuite permanent par le conseil fédéral et prit ses fonctions à la mi-juillet 1971, chargé notamment de la formation permanente, enjeu important dans le secteur social après l’accord de 1971, ainsi que des travailleuses familiales et des aides ménagères. Sans en être adhérent, il était à ce moment assez proche du PSU. Au congrès fédéral de Lorient, à l’automne 1973, il fut élu secrétaire général de la Fédération Santé-Sociaux. Dans le contexte conflictuel de la CFDT de l’époque, il manifesta son soutien inconditionnel aux ouvriers de Lip. Au cours de l’été 1974, il adhéra à la Ligue communiste révolutionnaire, sans y avoir de responsabilité et sans le faire savoir hors de cette organisation. S’apercevant qu’il était devenu minoritaire au sein du conseil fédéral dans une série de débats syndicaux, il démissionna de son mandat de secrétaire général en janvier 1976. Au congrès de Pau, en février 1977, il ne fut pas réélu au conseil fédéral mais son rapport sur la politique de santé obtint plus de 60 % des voix. Il travailla alors à un poste administratif à l’hôpital de Montfermeil après avoir réussi le concours d’adjoint des cadres. Il ne reprit pas sa carte à la CFDT en 1978 et ne se syndiqua à nouveau, à la CGT, qu’au milieu des années 1990. Après plusieurs années de congé sans solde, il prit des fonctions de formateur puis, en 1994, démissionna de l’hôpital de Montfermeil. Il travailla alors dans la formation de travailleurs sociaux, leur enseignant les sciences sociales. À la LCR, il siégea au comité central de 1982 à 1990, aux commissions ouvrière et santé-social et au bureau politique de 1982 à novembre 1984, tout en étant membre du comité de rédaction de Critique communiste, la revue de cette organisation.
Il a eu deux enfants, Valérie, née en 1969 et Mathieu né en 1981.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22497, notice DESMÉ Daniel, Louis par Christian Chevandier, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 25 octobre 2008.

Par Christian Chevandier

ŒUVRE : Rapport Pour une politique de santé, congrès fédéral CFDT Santé-Sociaux de Pau, 1977. - De Babeuf aux babouvistes, mémoire de DEA d’histoire contemporaine, sous la direction de Michel Vovelle, université de Paris I, 1990. — Insertion professionnelle et sociale des jeunes, mystification et paradoxe, mémoire de DEA d’histoire contemporaine, sous la direction de Michel Joubert, université de Paris VIII, 1995. — Articles publiés dans Rouge et dans Critique communiste, sous sa signature ou sous le pseudonyme de Alain Nizier.

SOURCES : Arch. de la Fédération Santé-Sociaux. — Arch. interfédérales CFDT. — Arch. de l’UFR d’histoire de l’université Paris I. — Arch. privées de Daniel Desmé et entretiens avec l’auteur, 2002 et 2007.

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