YANELLI Marcel

Par Jean Belin

Né le 16 novembre 1938 à Épinac-les-Mines (Saône-et-Loire) ; ouvrier soudeur ; militant syndicaliste CGT et communiste de Côte-d’Or ; élu municipal et régional ; sportif de haut niveau.

Fils de Pietro Ianelli et d’Anna Bortolotti, le 7e d’une fratrie de huit enfants, d’un père carrier, puis mineur et maçon, les parents de Marcel Yanelli, émigrés italiens et communistes durent fuir le régime fasciste instauré par Mussolini. Ils s’installèrent à Crugey (Côte-d’Or) en 1929. La famille de Marcel Yanelli vint ensuite à Thury (Côte-d’Or) en 1942 et ses parents tinrent en gérance un restaurant bar populaire qui servit en même temps de cache pour les activités de résistants. Après la guerre, les dix membres de la famille s’installèrent à Dijon (Côte-d’Or) en 1946 dans une bicoque au 19 rue Léon-le-Duc, un quartier nommé « Nouméa », car il rassembla une population pauvre et issue de l’immigration. Le racisme compliqua leur intégration dans la ville et dans la vie.
Après l’obtention de son certificat d’études primaires (CEP), Marcel Yanelli rentra au collège d’Hyppolite Fontaine à Dijon pour effectuer une formation professionnelle, mais sans soutien sur des matières spécifiques, il dut quitter le système scolaire. A 15 ans, il fut embauché comme apprenti monteur en chauffage à l’entreprise Bur à Dijon. Combinant cours du soir et apprentissage, il obtint son CAP et exerça son métier jusqu’à son incorporation en février 1958 à Auxerre (Yonne) dans un régiment de tirailleurs marocains (RTM). Son frère Jean Ianelli* était déjà mobilisé en Algérie, malgré lui, ce qui lui valut plusieurs mois de prison. Marcel Yanelli eut l’intention de suivre son frère dans cette démarche, mais il appliqua en fait la consigne du PCF, considérant que la place des communistes était d’aller en Algérie. Il y fut envoyé au bout de 13 mois de service en métropole fin février 1960 pour être affecté comme « porteur de radio dans un commando de chasse ». Dès son arrivée, il entreprit son travail de militant de la Paix. Dans son ouvrage, il indique : « Je ne suis pas allé pour faire la guerre mais pour gagner mes compatriotes à la conscience que cette guerre n’avait rien à voir avec les intérêts de la France ». Durant les 15 mois, « au vu et au su de tous », il prit des notes sur des petits carnets, pendant les opérations sur le terrain ou après, où il écrivait les faits du jour ou de la nuit qui le marquaient. Il retourna en France le 21 avril 1961 quand commença le putsch des généraux d’Alger pour être démobilisé le 3 mai.
Au cours de son adolescence, Marcel Yanelli fut membre de l’Union des vaillants et des vaillantes (UVV) dirigé en Côte-d’Or par son beau frère Georges Boisson*. Il devint moniteur des activités dijonnaises de l’association et de la colonie implantée à chaux près de Nuits-St-Georges (Côte-d’Or). Il milita à la Jeunesse communiste sur Dijon et fut membre de l’Union nationale de la jeunesse communiste de France (UJCF) au début de 1958, juste avant son incorporation. Au cours de la même période, il pratiqua la lutte libre et la lutte gréco-romaine à l’Union sportive ouvrière dijonnaise (USOD) où il décrocha le titre de champion de Bourgogne — Franche-Comté junior et se classa 3e au championnat de France militaire.
Après son retour d’Algérie, il reprit son métier de monteur en chauffage à l’entreprise Merle à Dijon. Au début de 1962, il constitua un Comité anti-OAS pour dénoncer et lutter contre les crimes commis par l’organisation factieuse et son Service d’action civique (S.A.C.). Il fut licencié sous un faux prétexte par son employeur qui fut membre de cette officine. Il retrouva un emploi à l’usine métallurgique Massey-Ferguson où il apprit la soudure à l’arc, si bien qu’en 1965, il changea d’usine pour être embauché comme soudeur chez New-Holland dans la zone industrielle de Longvic (Côte-d’Or), un établissement qui employa plusieurs centaines de salariés. Il fut à l’origine de la création d’un syndicat CGT le 2 février 1965 dont il fut le secrétaire général. Il fut élu au Comité d’entreprise (CE) et au Comité central d’entreprise (CCE) du groupe en 1967. Il fut un des principaux animateurs avec Jean Claude Buisson de la grève avec occupation de l’usine en mai juin 1968.
Membre du Parti communiste français depuis 1953, Marcel Yanelli suivit une école centrale d’un mois en octobre 1961 et une école centrale de quatre mois en 1971. A l’origine également de la création d’une cellule du PCF dans son entreprise, Marcel Yanelli s’engagea principalement dans l’activité militante de son parti et pour y prendre des responsabilités. Elu membre du comité fédéral lors de la 14e conférence fédérale en décembre 1962, il rentra au secrétariat fédéral à la conférence fédérale suivante en mai 1964 avec la responsabilité à l’organisation et le travail en direction des entreprises. Il quitta son emploi chez New-Holland pour devenir permanent fédéral en 1970. Il fut également secrétaire du Comité de ville qui regroupa six sections, puis secrétaire général de la section de Dijon en 1974 après un redéploiement du périmètre des organisations du PCF sur le territoire du grand Dijon.
Elu conseiller municipal d’opposition de Dijon pour deux mandats, de 1983 à 1995, il fut également investit d’un mandat de Conseiller régional de Bourgogne sur la liste de son parti qu’il conduisit en 1986. Il fut choisit comme président pour animer le groupe communiste au Conseil régional. Il succéda à Marcel Harbelot* la même année dans l’animation du Comité régional de Bourgogne jusqu’en 1998, année où il prit sa retraite. Il fut par ailleurs candidat à plusieurs reprises aux élections cantonales dans le canton de Vitteaux et Dijon 5, ainsi qu’aux élections législatives dans la 3e circonscription de Côte-d’Or. Il quitta après 38 années la direction de la Fédération de Côte-d’Or en 2000.
Frère de Saura Ianelli*, de Jean Ianelli*, ainsi que tous ses frères et sœurs, engagés comme militants communistes, Marcel Yanelli se maria avec Marie-Louise Laforge le 11 août 1962 à Fontaine-Lès-Dijon, cadre des PTT, militante CGT et communiste avec laquelle il eut 3 enfants, Pascal, Pierre et Denis. Domicilié au 87 route d’Ahuy à Fontaine-Lès-Dijon (Côte-d’Or) de nos jours dans la maison bâtie par toute la famille Yanelli.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article225072, notice YANELLI Marcel par Jean Belin, version mise en ligne le 29 mars 2020, dernière modification le 6 avril 2020.

Par Jean Belin

ŒUVRE : J’ai mal à l’Algérie de mes vingt ans, carnets d’un appelé, 1960-1961, éditions L’Harmattan, mars 2016.

SOURCES : Arch. Dép. de Côte-d’Or, fonds du PCF 21, comités fédéraux. — Arch. Municipales de Dijon, sous-série 7F. — J’ai mal à l’Algérie de mes vint ans, carnets d’un appelé, 1960-1961, Marcel Yanelli, édition L’Harmattan, mars 2016. — La lutte des communistes de Côte-d’Or contre les guerres coloniales, Indochine, Algérie, Vietnam, Amicale des vétérans du PCF, 1999. — Le Bien Public, édition du 6 février 2000. — Mes carnets d’Algérie, Marcel Yanelli, soldat en Algérie. — AD 21, Arch. IHS CGT 21, fonds de l’UD et du syndicat des métaux. — Des camps Vaillants… à la colonie des Pimprenelles, Album de 1945 à l’aube de l’an 2000, novembre 2000, éditeur l’Avenir de la Côte-d’Or. — Témoignages écrits de Marcel Yanelli, mars 2020.

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