DESORMIÈRE Antoine. Pseudonyme de résistance : DELORME

Par Georges Rougeron, Didier Alvarez

Né le 25 septembre 1896 à Saint-Germain-des-Fossés (Allier), mort le 26 septembre 1980 à Saint-Germain-des-Fossés ; commis puis caissier à la SNCF ; résistant déporté ; syndicaliste CGT-FO, membre du conseil national de la Fédération FO des cheminots ; militant socialiste SFIO ; conseiller général de Varennes-sur-Allier (1945-1951).

Issu d’une famille de cheminots, son père étant poseur auxiliaire, Antoine Desormière entra à l’école primaire supérieure de Gannat, puis fut engagé volontaire durant la guerre de 1914-1918.Employé comme commis au chemin de fer à Saint-Germain-des-Fossés, il fut syndicaliste et présida dès 1920 le syndicat des ouvriers sourciers de Saint-Yorre (Allier). Secrétaire de l’Union Sud-Est des cheminots CGT en mars 1938, il participa aux congrès confédéraux de la CGT en 1931, 1933, 1935, 1936 et 1938. Il fut aussi un militant coopérateur. Durant l’Occupation, il conserva des responsabilités au sein de la Fédération légale sur le plan régional, tout en participant à la Résistance.
Le 1er janvier 1943 il entre au Groupe Didier A.S. (Armée Secrète) sous le pseudonyme de « Delorme ». Il fut arrêté le 12 février 1944 à son domicile par la Gestapo de Vichy et de miliciens de Ferrières. Il fut conduit, avec d’autres résistants, à l’annexe de l’Hôtel du Portugal, siège de la Gestapo à Vichy.
Il est accusé d’avoir établi, selon ses propres termes  : « un plan de destruction et de sabotage des voies ferrées de la région de Vichy, La Ferté-Hauterive, Gannat et de la neutralisation de la gare de Saint-Germain-des-Fossés », d’être le « chef du SR des MUR pour les chemins de fer réseau Sud-Est » et d’avoir participé au Maquis de Châtel-Montagne.
Il fut interné à la Mal-Coiffée, prison militaire allemande à Moulins (Allier) où il passa plus de trois semaines au mitard (cachot en sous-sol). Il en sortit le 31 mars pour être transféré au camp de Royallieu (stalag 122) à Compiègne.
Le 27 avril 1944 il fut déporté de Compiègne à Auschwitz où il arriva le 30 dans le convoi N° I.206 (FMD) composé de 1665 hommes. Il reçut, gravé sur l’avant bras gauche, le matricule N° 185444.
C’est l’un des trois convois de non-juifs à être dirigés en wagons à bestiaux sur Auschwitz. Il mit quatre jours et trois nuits pour arriver à destination. Ce convoi resta célèbre sous le nom de « Convoi des Tatoués ». Désormière fut transféré à Buchenwald où il arriva le 14 mai. Il reçut un nouveau matricule N° 53218 et fut affecté au Kommando de Wansleben ou « Wilhelm. Dans ce kommando de Buchenwald ouvert en mars 1944 les déportés devaient d’abord creuser des galeries dans une ancienne mine de sel avant d’y installer des machines-outils pour fabriquer des pièces d’avions Heinkel.
Il en fut libéré le 14 avril 1945 par la 1ère Armée américaine et rentra le 29 mai 1945 en France.
Il fut homologué en tant que Résistant au titre des FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) et des D.I.R. (Déportés et Internés de la Résistance). (Dossier GR 16 P 180101), La carte de Déporté Résistant lui fut attribuée le 19 août 1950.
Par décret en date du 31 juillet 1953 Antoine Désormière fut fait Chevalier de la Légion d’Honneur.
« Engagé volontaire de la guerre 14-18. Après l’Armistice de 1940 préconise l’esprit de résistance à l’intérieur des services de la SNCF. Agent de la SNCF prend contact en 1942 avec l’A.S. (2). Est chargé de créer et d’organiser un corps franc de sabotage avec des éléments de la SNCF sur plusieurs grands centres. En 1943 est nommé Commandant de ce corps franc qui compte 120 hommes environ en plusieurs points du réseau SNCF. Effectue en février 1944 de nombreux sabotages sur le réseau et sur des transports allemands. Arrêté fin février1944 est déporté en Allemagne (camp de Buchenwald) où il subit toutes les tortures. »
Il reçoit la Croix de Guerre avec palme.
Après la guerre, il accéda à différentes responsabilités : conseiller général socialiste du canton de Varennes-sur-Allier, vice-présidence du conseil général, présidence de la commission départementale en 1945 ; il fut également candidat aux Assemblées constituantes de 1945 et 1946 et à l’Assemblée nationale en 1946 et 1951. Il ne fut pas représenté au renouvellement du conseil général en 1951. Il ne prit plus part depuis lors à la vie politique mais poursuivit ses activités dans le mouvement combattant. Caissier principal à Saint-Germain-des-Fossés, il rejoignit la Fédération FO des cheminots lors de sa création. Élu membre conseil national en mars 1948, il fut également élu secrétaire de la Section technique régionale Exploitation pour le Sud-Est en mai 1949. Il participa à la conférence nationale du service Exploitation en novembre 1951 puis partit en retraite en 1952. Il s’était marié en novembre 1921 à Vendat (Allier) avec Anne Caillaud.
Il décéda le 26 septembre 1980 à Saint-Germain-des-Fossés.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22512, notice DESORMIÈRE Antoine. Pseudonyme de résistance : DELORME par Georges Rougeron, Didier Alvarez, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 3 mai 2023.

Par Georges Rougeron, Didier Alvarez

SOURCES : Arch. Nat. F7/12970, rapport du 13 avril 1920 ; F1a 3231, 3228, F1a II 3353, F1c II 285. — Arch. OURS, dossiers correspondance Allier. — Arch. Fédération CGT-FO des cheminots. — Le Rail syndicaliste, 1948, 1949. — Comptes rendus des congrès confédéraux de la CGT. — Notice DBMOF. — Notes de Louis Botella, de Gilles Morin, de Pierre Vincent, de Didier Alvarez et de son petit fils Dominique. — AFMD de l’Allier. — SHD, Vincennes GR 16 P 180100 (nc). — État civil.

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