DEROMAS Félix, Pierre, François

Par Jean-Marie Guillon

Né le 4 mars 1914 à Saint-Auban (Alpes-Maritimes), abattu le 11 juin 1944 à Entrages (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence) ; militaire d’active, radio-électricien ; maquisard Armée secrète (AS)-Organisation de résistance de l’Armée (ORA).

Fils d’Éric Deromas, sous-officier de gendarmerie, et d’Antoinette Icart, sans profession, Félix Deromas, qui aurait été enfant de troupe un moment, termina ses études au collège à Grasse (Alpes-Maritimes) à 17 ans. Il entra alors en apprentissage comme radio-électricien à Grasse, puis travailla de 1932 à 1935 aux Aciérie du Nord à Cannes-La Bocca (Alpes-Maritimes). Condamné pour des infractions de droit commun à Grasse et dans la région parisienne, il fit son service militaire dans le 1er Bataillon d’infanterie légère d’Afrique. Marié le 21 décembre 1938 à Grasse avec Josette Giraud, il devint père de trois garçons. Mobilisé au 28e RIC à Nice (Alpes-Maritimes) en septembre 1939, il fit la guerre en Alsace. Fait prisonnier, il s’évada. Arrivé à Draguignan (Var) en novembre 1940, il travailla à l’École des gazogènes, où les renseignements recueillis sur son compte furent bons, puis chez le radio-électricien Gaillard, avant de se mettre à son compte. Il fut perquisitionné le 23 juin 1943 par les carabiniers italiens qui l’arrêtèrent ainsi que son beau-père pour détention de munitions. Ils trouvèrent chez lui deux bombes de mortier, cinq chargeurs avec vingt-et-une cartouches de 8 mm et seize cartouches de chasse. Emprisonné à Menton (Alpes-Maritimes), puis au camp de San Remo (Ligurie) et enfin au camp de Valescure à Saint-Raphaël (Var), il fut remis à la gendarmerie de Draguignan, le 18 août 1943. Dans la déposition qu’il fit le 25 août, il affirma que les deux bombes étaient désamorcées et servaient de vases et que les chargeurs étaient des souvenirs de la guerre. Remis en liberté, il fut déféré devant la section spéciale de la cour d’appel d’Aix-en-Provence qui le condamna, le 6 novembre, par défaut, à un an de prison pour détention d’armes à feu. Il avait rejoint le maquis AS dans les Basses-Alpes. Il commandait le maquis de Trévans-Mézel (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence), dénommé camp Josette, en février 1944. Chargé d’exécuter Georges Batel, l’un des principaux informateurs de l’antenne du Sipo-SD de Digne (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence), le 4 février, mais n’ayant pu que le blesser, il fut ramené à Mézel par le capitaine de gendarmerie Lavenant, dont ce fut l’un des premiers signes de son soutien à la Résistance. Le camp Josette fut attaqué par les Allemands le 26 février, mais put se replier. Il intégra peu après en mars ou avril le maquis AS-ORA Fort-de-France. Il fut arrêté par le SD de Digne le 5 avril. Le chef de l’antenne demanda des informations sur lui au capitaine de gendarmerie de Draguignan, qui, le 29 avril, lui répondit n’en avoir aucune. Le Sipo-SD aurait tenté de le retourner. N’ayant rien dénoncé, il parvint à s’échapper et à rejoindre son maquis d’origine dans le secteur de Mezel. Il participa activement aux actions et aux combats de l’été 1944. Il dirigea notamment le sabotage du pont de La Braisse (commune de Châteauredon, Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence) le 3 juillet, qui coupa un moment la route Napoléon. Considéré comme courageux, il était jugé par ses camarades comme peu apte aux responsabilités. Participant avec son maquis à l’investissement de Digne avec les soldats américains le 19 août, il fut tué le même jour avec Georges Lambert dans la voiture qui tentait de forcer le passage des clues de Chabrières (commune d’Entrages) où se trouvait un poste de surveillance allemand. À cet endroit, peu après, fut également tué Nicolas Nowik, maquisard de Fort-de-France.
Homologué comme sergent à titre posthume, il reçut la mention « Mort pour la France » et fut décoré à titre posthume de la Médaille de la Résistance le 26 février 1974. Une stèle érigée à Chaudon-Norante (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence) rappelle la mémoire des trois résistants tués le 19 août. Le nom de Félix Deromas figure sur le monument « Aux martyrs de la Résistance des Basses-Alpes » érigé à Manosque (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence) et sur le monument aux morts de Draguignan où une plaque commémorative a été inaugurée le 19 août 2014 au 14 rue des Chaudronniers, emplacement de son magasin de radio-électricité.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article225199, notice DEROMAS Félix, Pierre, François par Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 31 mars 2020, dernière modification le 6 novembre 2022.

Par Jean-Marie Guillon

SOURCES : Arch. dép. Var 1 W 69 et cabinet 884 2 (ancienne cote). ⎯ Arch. dép. Bouches-du-Rhône 8 W 267 (section spéciale cour d’appel d’Aix) et 62 W 500 (dossier Gallet, cour de justice d’Aix). ⎯ site internet Mémoire des hommes SHD Caen AC 21 P 117689 et AC 21 P 633338, Vincennes GR 16 P 177066 (nc). ⎯ Mémorial GenWeb. ⎯ presse locale (Résistance n°12, 30 août 1944). ⎯ CDIHP, Mémorial de la Résistance et des combats de la Seconde Guerre mondiale dans les Basses-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence), Digne, 1992. ⎯ Jean Garcin, De l’armistice à la Libération dans les Alpes de Haute-Provence 17 juin 1940-20 août 1944, Digne, 1983 et rééd. 1990. ⎯ Oxent Miesseroff, Le charme discret du maquis de Barrême, Paris, imprimerie EDIT 71, 1978, p. 82, 91 et suiv. ⎯ Bernard Valentini dir., Antonia Nègre, Clotilde Benoît, Mathilde Blanchard, Histoire du maquis Fort-de-France, Alpes-de-Haute-Provence. Le pont est voûté, Paris, Editions Le Manuscrit, 2014.

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