GRADIC Martin

Par Claude Delasselle

Yougoslave (date et lieu de naissance inconnus) massacré le 16 mars 1944 à Avallon (Yonne) par des Feldgendarmes ; bûcheron ; victime civile, non-résistant.

Le 16 mars 1944 était jour de marché à Avallon et la ville était animée. Vers 9 h30, trois bûcherons arrivés la veille à Avallon pour travailler sur un chantier forestier dans des bois proches de la ville se rendirent à la mairie, sans doute pour retirer leurs tickets d’alimentation. Ils entrèrent dans le hall de la mairie, suivis à quelques mètres par deux Feldgendarmes. Un brigadier de police qui se trouvait dans un bureau voisin rapporta qu’il avait entendu deux fois de suite « Haut les mains » puis une rafale de mitraillette. Sortant de son bureau, il vit deux Feldgendarmes mitraillette à la main et deux hommes gisant dans une mare de sang dans le couloir, tandis qu’un troisième, grièvement blessé, râlait sur les marches extérieures de la mairie. Les Feldgendarmesse retirèrent, laissant les deux corps (dont celui de Martin Gradic) qui furent emmenés à la morgue, tandis qu’Antonio Ribeiro, le blessé, fut emmené à l’hôpital de la ville où il décéda vers 15 h. Les trois hommes, qui venaient de Villeneuve-sur-Yonne (Yonne), selon les dires de trois personnes venues avec eux, avaient des papiers en règle et ne portaient aucune arme sur eux.
Il est probable que l’allure de ces trois personnes, mal rasés et mal habillés, ait paru suspecte aux Feldgendarmes et que, de leur côté, les trois bûcherons n’aient pas compris la sommation faite par les Feldgendarmes et, qu’affolés, ils se soient précipités vers la porte de sortie. Hédoin, le sous-préfet d’Avallon, indiqua dans un rapport au préfet de l’Yonne que « ce drame avait profondément ému la population d’Avallon qui comprend mal de tels procédés et les juge très sévèrement ».
Nous ne savons pas où Martin Gradic fut inhumé (son nom ne figure ni au cimetière d’Avallon, ni à celui de Villeneuve-sur-Yonne). Aucune plaque perpétuant le souvenir de ce massacre n’existe à Avallon. Son nom, pas plus que celui de ses deux camarades, ne figure semble-t-il sur aucun des monuments aux morts de l’Yonne, ni sur aucune stèle ou monument à la mémoire des morts de la guerre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article225231, notice GRADIC Martin par Claude Delasselle, version mise en ligne le 31 mars 2020, dernière modification le 31 mars 2020.

Par Claude Delasselle

SOURCES : Arch .Dép. Yonne, 1 W 25, 1 W 109 et 119 W 19407. — Témoignage de Roger Gudin, recueilli en 2001 — CDrom ARORY-AERI, 2004, fiche « 16 mars 1944 : trois bûcherons tués par des Feldgendarmes à Avallon » (M. Baudot, C. Delasselle, J. Drogland, J-C. Pers).

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