Par Dominique Petit
Né le 12 décembre 1869 à Paris (XVe arr.) ; mort le 24 janvier 1937 à Paris (XIIIe arr.) ; employé des postes ; ouvrier corroyeur ; menuisier ; tanneur ; anarchiste parisien.
A l’été 1886 Hubert Coudry (parfois orthographié Caudry), demeurant chez ses parents rue Mademoiselle, avait été mêlé aux activités du groupe de La jeunesse anarchiste de la rive gauche aux cotés notamment d’Octave Jahn et notamment à l’affaire du meeting du soi disant groupe de La Main noire, crée pour l’occasion par Jahn et dont l’un deux autres membres étaient probablement Coudry.
Le 9 août 1886 à 11 heures du soir, Coudry et Jahn, en sortant de la réunion anarchiste rue Quincampoix où 300 exemplaires d’un prospectus sur papier rouge avaient été distribués par les membres du groupe La Main noire, collaient ce même prospectus dans le vestibule du journal Le Gaulois. Il avait été inculpé avec son camarade de "provocation à attroupement". Ce prospectus indiquait : « Toutes les richesses que tu as accumulées sont empilées dans des magasins immenses. Allons, viens avec nous. Prends ce qui t’appartient. Mort à ceux qui te l’on volé ». Cette phrase s’adressait aux ouvriers sans travail et les convoquait le 12 août, place de la Bourse. Le groupe La Main noire n’aurait eu que 3 membres selon Jahn.
Le 10 août 1886, une perquisition chez Coudry avait fait découvrir à la police, une poésie « La fille soumise, vers faits par Jahn, pour son ami Coudry Hubert ».
Le 13 août 1886, il était libéré, avant de bénéficier, comme Jahn, d’un non lieu, le 31 août 1886.
Il participait également aux réunions de la Ligue des antipatriotes.
Le 18 mai 1887, il se trouvait à une réunion publique à Chatou, organisée par l’Avant-Garde cosmopolite. La séance fut ouverte, au milieu d’une grande affluence, composée surtout des réactionnaires du pays et d’une vingtaine d’anarchistes. Malgré cela, Louise Michel put se faire écouter et applaudir pendant près d’une heure. Mais lorsque Tortelier se présenta à la tribune, les cris et les vociférations commencèrent. Tortelier tint bon cependant. A la sortie de la salle, les anarchistes furent entourés par des réactionnaires, qui les conduisirent jusqu’au pont de Chatou, en criant : « A l’eau ! à l’eau ! »
Des coups furent échangés. A ce moment, les anarchistes, mirent revolver au poing. Ce fut une mêlée générale. On se battait, à coups de pieds et à coups de poings, puis, on se séparait. Quinze ou vingt coups de revolver furent ainsi échangés. En arrivant à la gare, les anarchistes s’aperçurent qu’un des leurs, qui était couvert de sang, avait été blessé au front par une balle de revolver.
Depuis 1883, Coudry travaillait à l’administration des postes et télégraphes, comme porteur de dépêches et fut congédié en juin 1886, selon sa mère. Coudry déclara à la police : « J’ai été révoqué parce que je prenais part souvent aux réunions anarchistes, notamment à des réunions relatives à la rémunération ». En effet les salaires des télégraphistes venaient de diminuer de 20fr. par mois et une groupe de jeunes télégraphistes appela à une réunion « contre le despotisme administratif. »
Le 30 mai 1886, à la salle Tessier, 34 rue des Entrepreneurs, devant un public de 100 personnes, Coudry, en tenue de télégraphiste, était secrétaire du bureau de la réunion dite "des petits télégraphistes" à laquelle Octave Jahn avait pris la parole. Il était alors très jeune et avait notamment dénoncé les conditions de travail et les vexations et raconté que lorsque on lui "avait demandé de balayer les lieux d’aisance et qu’il s’y était refusé, qu’on lui avait infligé 200 lignes". Il avait été immédiatement signalé à l’administration des postes.
Le 11 juin, une deuxième réunion organisée par le groupe de protestation télégraphiste de Paris et la Jeunesse anarchiste, se tenait salle Rivoli, 104 rue Saint-Antoine. Une centaine de personnes avaient répondu à la convocation, parmi elles se trouvaient des anarchistes et une vingtaine de jeunes gens de l’administration des postes.Trois étaient en tenue dont Coudry qui dirigea les débats comme secrétaire. Il prit le premier la parole pour se plaindre des vexations auxquelles les jeunes facteurs étaient soumis de la part de leurs chefs et des commis de bureau des quartiers. Il parla du traitement des facteurs qu’il considérait insuffisant et demanda le rétablissement des anciens tarifs
En juin 1887, aux cotés de Sureau et de Landriot, il était membre de la rédaction de L’Avant garde cosmopolite (Paris, au moins 8 numéros, du 28 mai au 23 juillet 1887) dont Eugène Villaret venait d’être écarté. C’est à son nom qu’aurait été loué la chambre du 34 rue du Théâtre servant de local au journal. Début janvier 1888, un groupe de compagnons, dont Sureau, Boutin et Castaignède, avaient déménagé "furtivement" ce local pour aller s’installer au 72 rue de Lourmel. Toutefois le groupe se réunissait toujours rue du Théâtre au printemps 1888.
Militant du groupe anarchiste du 15ème arrondissement, Coudry suivait en 1889 les cours organisés rue Viollis, à Grenelle, par la chambre syndicale des menuisiers. Il demeurait 86 rue de la Folie Méricourt. En 1889, à la suite d’un problème à l’oeil gauche, il était classé dans les services auxiliaires.
Le 18 avril 1887, les ouvriers de l’alimentation se réunissaient salle Pétrelle. Le commissaire de police avait été interpellé par Coudry qui s’était jeté sur lui, pour lui prendre le portefeuille qu’il tenait à la main. La réunion avait été dissoute par le commissaire, ce qui lui valut une condamnation à 15 jours de prison, tandis que Octave Jahn qui avait pris le commissaire à parti fut condamné à 6 mois pour "outrages à magistrat". Au printemps 1890, il était membre (ou/et son frère) du groupe Le Réveil du XVe fondé par Moisseron. A l’été 1890 il était, aux cotés de Bernhart, Cabot, Courtois, Duffour, Paul Reclus, Siguret et Tortelier, d’un appel en faveur de la création d’un quotidien anarchiste. Son frère était également militant à la fin des années 1880 et au début des années 1890.
Le 26 janvier 1893 à la mairie du XIe arrondissement, il épousa Mélanie Perret, ménagère.
Coudry figurait sur une liste établie le 18 décembre 1893, son adresse était alors 40 rue Pixérécourt, en observation, il était indiqué : « Reçoit les placards anarchistes de l’étranger pour les distribuer aux compagnons de Paris. ». Son courrier était saisi par l’administration des postes qui le remettait à la police.
Il était arrêté le 7 mars 1894 à son domicile, 54 rue de l’Ermitage et libéré le 9 mars. Le même jour, son épouse Mélanie Perret décédait.
Son dossier à la Préfecture de police portait le n°292.572.
Le 11 mai 1895, à la mairie du XIe arrondissement, il épousa Anna Santhoire, journalière. Il demeurait 17 rue de Jussieu.
Le 10 mai 1896, il demeurait 99 rue Oberkampf.
Le 24 mars 1898, il habitait 16 impasse Moulin Joly.
Depuis 1914 jusque son décès, il demeurait 7 passage Prévost.
Par Dominique Petit
SOURCES :
La Révolte année 1889, 31 août 1890 — Archives de la Préfecture de police Ba 75, 78, 1491, 1500, 1506 — Archives nationales BB/18/6454 — Archives de Paris D2 U6 33 et Registre matricule 4e bureau, Matricule : 2648, classe 1889, Seine-et-Oise — Notice Hubert, Louis Coudry du Dictionnaire des militants anarchistes — La Croix 8 mars 1894 — Le Petit national 20 avril 1887 — Le Cri du peuple 21 mai 1887 — Les anarchistes contre la république de Vivien Bouhey. Annexe 56 : les anarchistes de la Seine.