BARILLOT André, Albert, Florentin

Par Daniel Grason

Né le 18 juin 1904 à Saint-Pierre-de-I’Isle (Charente-Inférieure, Charente-Maritime), mort le 15 janvier 1944 à Buchenwald (Allemagne) ; chaudronnier ; déporté.

Fils de Maurice et de Marie-Louise, née Fouladoux, André Barillot savait lire et écrire. Il épousa Odette, Andrée Chalagneau, le couple eut trois enfants : Gilbert né en 1932, Lucette en 1937 et Françoise en 1940. La famille vivait dans un pavillon de deux pièces au 261 boulevard Saint-Denis à Courbevoie (Seine, Hauts-de-Seine).
De la classe 1924, rappelé en 1939, il fut affecté spécial chez Gal là où il travaillait à Neuilly-sur-Seine (Seine, Hauts-de-Seine). Il adhéra en 1936 dans l’élan du Front populaire au Parti communiste fut organisé à la cellule de l’entreprise. Selon ses déclarations ultérieures, il fut simple adhérent. Évacué au moment de l’exode, il revint au cours du mois de décembre 1940.
Il exerça sa profession de chaudronnier chez Delage, entreprise réquisitionnée par les allemands, elle devint HKP au 138, boulevard de Verdun à Courbevoie, ville proche de Neuilly-sur-Seine. Il a été arrêté à son domicile le 14 mai 1942 à une heure quinze du matin à son domicile. Au verso d’une lettre de la Caisse d’Assurances sociales « Le Travail » était dessiné le plan de la région de Chartres sur lequel deux points à l’encre désignaient Brou et Chartres. Enfin, des noms avec des adresses.
Interrogé le 15 mai dans les locaux du commissariat de Puteaux, un policier lui annonça qu’il avait été vu le 13 mars 1942 à 18 heures 45 au pont de Neuilly alors qu’il parlait avec Édouard Altani et un nommé Pierrot. Adrien Barillot rétorqua qu’il ne connaissait ni Altani ni Pierrot. Il déclara : « Je ne suis jamais allé à un rendez-vous quelconque. Je nie avoir une activité politique. Je n’ai rien à dire. » Le policier qui rédigea le procès-verbal souligna le dernière phrase.
Un policier lui fit remarquer : « Cependant, vous aviez votre bicyclette et le numéro 1748-RK-3 a été relevé par les inspecteurs. Ce numéro se rapporte- t-il à votre machine ? » Adrien Barillot reconnut que c’était bien son numéro de plaque de bicyclette, ajoutant « Mais je persiste à dire que je n’ai pas rencontré Altani et l’autre individu. »
L’inspecteur lui demanda des explications sur le plan saisi et sur les quelques mots qui étaient écrits au dos d’une enveloppe. Il s’agissait déclara-t-il du plan de la commune de Cernay où il était allé chercher du ravitaillement. Quant aux points d’encre noire de simples taches. Les adresses ? La première était celle d’une dame à qui il avait livré du charbon, la seconde celle d’une pharmacie, quant à la troisième celle d’un ami prénommé Sincère.
André Barillot ne tenta pas plus longtemps d’esquiver sur les raisons pour lesquelles il avait été interpellé. Dans le courant du mois de février 1942, il avait été contacté par un ancien camarade de travail de chez Gal. Il lui demanda s’il était « un bon syndicaliste », il répondit par l’affirmative. L’ancien collègue l’informa qu’un homme, petit, brun de peau vendait des nonnettes au Pont Bineau et qu’il pouvait se présenter à lui de la part de « Julot ».
Il alla Pont Bineau, rencontra Édouard Altani qui lui demanda s’il pouvait essayer de constituer un Comité populaire d’usine chez Delage où il travaillait et de placer des vignettes de solidarité. Il accepta simplement de rédiger un rapport sur l’état d’esprit des ouvriers de l’usine. André Barillot déclara que ce jour-là, Altani était en compagnie « d’un homme qui avait un œil de côté. » Le policier écrivit dans la marge du rapport dactylographié « Arvis ».
Une confrontation eut lieu entre les deux hommes. Adrien Barillot reconnut Altani qui lui avait vendu des nonnettes. Édouard Altani confirma : «  C’est exact, j’ai bien rencontré deux fois le nommé Barillot et c’est moi qui l’a présenté à Arvis. » Il reconnaissait avoir été militant communiste et admit qu’il avait repris de l’activité.
La police fit une enquête de voisinage, André Barillot ne fit pas l’objet de renseignements défavorables. Là où il habitait, il était considéré comme « un bon locataire », politiquement il n’était pas connu comme un « militant extrémiste. »
Auditionné le 9 juin 1942 par un juge d’instruction, il confirma avoir été membre du Parti communiste de 1936 à 1938, précisant « J’ai démissionné parce que je n’étais pas d’accord avec la politique du parti. » Il confirma avoir rencontré Édouard Altani. Il avait affectivement accepté de constitué dans son usine une section syndicale « pensant qu’il s’agissait du syndicat légal. » Il rencontra une fois Pierre Arvis « mais m’étant rendu compte qu’il s’agissait d’une action clandestine, je ne suis pas allé à ce rendez-vous. » Lors d’une confrontation Édouard Altani confirma l’exactitude des déclarations d’André Barillot et de Pierre Arvis.
Lors de sa comparution le 9 juin 1942 devant le Juge d’instruction, il confirma ses déclarations faites devant Lucien Bizoire commissaire de Puteaux. Il rencontra bien Édouard Altani, il se présenta de la part de « Julot ». Il lui demanda de constituer une section syndicale dans son usine : « J’ai accepté » déclara-t-il au juge « pensant qu’il s’agissait du syndical légal. »
Le 13 mars 1942 Édouard Altani lui présenta Pierre Arvis, les deux hommes devaient de nouveau se rencontrer Barillot devait lui apporter des renseignements sur son entreprise. André Barillot ayant pris conscience qu’il s’agissait « d’une action clandestine » ne se rendit pas au rendez-vous. Arvis confirma au juge d’instruction l’exactitude des propos d’André Barillot.
Aucun fait n’attesta la participation d’André Barillot à l’activité communiste clandestine. Il fut néanmoins incarcéré. Il comparut le 7 mai 1943 devant la Section spéciale de la Cour d’Appel de Paris en compagnie de douze autres inculpés, il fut condamné à dix-huit mois de prison et 1200 francs d’amende pour avoir placé « des bons de solidarité du Secours populaire de France » à des salariés de l’entreprise Delage où il travaillait, et avoir été membre du parti communiste de 1936 à 1938.
Il était le 3 septembre 1943 dans le convoi de 947 hommes à destination de Buchenwald (Allemagne), le convoi arriva le lendemain. Matricule 20722 il y mourut le 15 janvier 1944. André Barillot a été homologué Déporté interné résistant (DIR).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article225611, notice BARILLOT André, Albert, Florentin par Daniel Grason, version mise en ligne le 8 avril 2020, dernière modification le 9 avril 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z/4/77, Z/4/144. – Arch. PPo. BA 2056. – Bureau Résistance GR 16 P 33347. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004.

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