DESTERNES Armand

Par Claude Pennetier

Né le 3 mai 1893 à Châteaumeillant (Cher), mort le 11 mars 1986 à Châteaumeillant ; ouvrier du bâtiment puis vigneron ; militant communiste du Cher ; responsable de la commission paysanne.

Armand Desternes est le petit-fils d’un déporté de 1871 mort en déportation. Son père, Paul Desternes - dit « le Président » pour sa digne allure - était cultivateur et cantonnier à Châteaumeillant ; d’abord radical, il avait adhéré à la SFIO avant la guerre de 1914-1918 et rejoint la SFIC en 1921. Sa mère, Louise Chevalier, était dite ménagère sur l’acte de naissance. La famille était pauvre « il y avait souvent la gêne à la maison, cause de quelques disputes avec ma mère qui pourtant était très économe. Moi, je pleurais de les voir se disputer et je me posais la question, comment se fait-il qu’en travaillant beaucoup de gens sont dans la misère ». Paul Desternes avait quatre enfants, aussi ne put-il pas réaliser le désir de son fils de continuer des études.
Armand Desternes travailla très jeune dans le bâtiment et adhéra à dix-sept ans au syndicat local, puis partit chercher du travail à Paris : « je lisais beaucoup et j’assistais aux réunions organisées par le Parti socialiste ; j’admirais Jean-Jaurès et Marcel Cachin* pour leur dévouement à la cause du Peuple, et tout naturellement j’étais prêt à adhérer au Parti socialiste, lorsque l’Armée m’appela sous les drapeaux ». Il revint de la guerre gravement malade, ayant absorbé des gaz ypérites. La Révolution Russe d’octobre avait soulevé chez lui un grand enthousiasme, il suivait de près la discussion au sein de la SFIO et au lendemain du congrès de Tours, donna son adhésion à la section d’Asnières-sur-Seine de la SFIC. Armand Desternes devint secrétaire de la section et sa loquacité naturelle fut utilisée dans les réunions publiques.
Délégué au congrès de la rue Duchesne dans le XVIIIe arr., il fit la connaissance de Maurice Thorez. En 1924, il créa une cellule communiste à l’Union d’Électricité de Gennevilliers, mais en 1925, il fut licencié pour son action politique. Sans travail et malade, il décida de revenir à Châteaumeillant où sa femme possédait une dizaine d’hectares. Une cellule communiste existait depuis 1923, il lui redonna un nouveau souffle et surtout organisa la propagande chez les petits vignerons. Armand Desternes fut rapidement considéré comme le principal propagandiste du département en milieu paysan. Le Parti communiste avait une réelle audience chez les petits cultivateurs du Sancerrois et du Boischaut, notamment chez les vignerons, mais il manquait de militants paysans. Les principaux responsables étaient des ouvriers bûcherons ou des artisans. Armand Desternes fut élu responsable de la commission paysanne de la Région du Centre au congrès régional du 8 mai 1926. Il se fixa pour tâche de faire passer les paysans de l’organisation syndicale à l’adhésion au parti : « Il ne suffit pas de neutraliser les paysans, il faut les amener à nous. Pour cela, trouver dans les groupes du Conseil paysan des éléments pouvant créer des cellules communistes. »
Desternes fut délégué au congrès national de Lille en 1926. La propagande auprès des petits cultivateurs ne donna pas les résultats qu’il escomptait, surtout après les élections de 1928. Armand Desternes fut candidat au conseil général de Châteaumeillant et aux élections législatives à La Châtre (Indre) en 1928. En 1929, il était élu conseiller municipal de Châteaumeillant (1 254 voix sur 18 524 inscrits et 16 306 votants).
Élu conseiller général en janvier 1935, il se présenta aux élections sénatoriales. Révoqué en 1939, il fut arrêté le 10 janvier 1941, interné aux camps de Saint-Germain-les-Belles, puis de Nexon (Haute-Vienne) et libéré.
En 1944, il participa au groupe FTPF du Colonel Hubert (Lalonnier) avec lequel il prit part à la libération de Bourges, les 5 et 6 septembre 1944. Il fit paraître, dans le Patriote Berrichon, un article faisant appel aux paysans pour le ravitaillement de la ville de Bourges, ce qui le fit désigner, par le Comité départemental de Libération, pour une mission de direction du ravitaillement dans le Loir-et-Cher.
Armand Desternes fut nommé maire de Châteaumeillant mais perdit la mairie aux élections suivantes au profit de la SFIO. Il joua ensuite un rôle plus effacé, Léa Peronnet* devenant la principale responsable du Parti communiste dans le sud du département. Sa libération d’un camp d’internment, avec signature d’un document, fut utilisée contre lui.
En 1978, en retraite agricole, Armand Desternes habitait à Châteaumeillant où il militait toujours au Parti communiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22562, notice DESTERNES Armand par Claude Pennetier, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 25 octobre 2008.

Par Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Dép. Cher, 25 M 127, 128, 21 M 34-35. — L’Émancipateur, 1926-1938. — A. Desternes « Comment j’ai adhéré au Parti communiste et pourquoi », Dix-Huit, 13 décembre 1970. — Témoignage de l’intéressé. — Lettre de Léa Peronnet. — État civil, pas de mention de mariage.

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