Par Claude Pennetier
Né le 11 juin 1894 à Brousse (Puy-de-Dôme), fusillé par condamnation le 6 février 1943 au stand de tir du ministère de l’Air à Paris (XVe arr.) ; ouvrier métallurgiste ; militant communiste du XVe arrondissement de Paris, membre du comité central du Parti communiste (1925-1926).
Né de père inconnu, Clément Desusclade fut élevé en province avant de venir à Paris avec sa mère Marie-Françoise Desusclade ; il habita chez elle, 5 rue de la Sablonnière (XVe arr.), jusqu’en 1922. Classé dans le service auxiliaire en 1914, il fut incorporé le 3 novembre 1914 à la 22e section des commis et ouvriers d’administration puis versé dans le service armé et affecté aux 102e, 150e et 112e Régiment d’infanterie. L’armée lui attribua la Médaille militaire le 26 avril 1916. Nommé caporal le 16 février 1917, il obtint la Croix de guerre avant sa démobilisation le 8 septembre 1919. Clément Desusclade, profondément marqué par son passage au front, adhéra à l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC) où il se lia d’amitié avec Georges Bruyère (1893-1923) un des fondateurs de l’ARAC, lui aussi ouvrier métallurgiste dans le XVe arrondissement de Paris. La police le signale pour la première fois en 1921 comme militant de la 15e section de l’ARAC, délégué à la propagande et membre de la commission exécutive de la Fédération de la Seine de cette organisation. En mai, son nom apparut au bas d’une affiche de l’ARAC et des Jeunesses communistes intitulée : « La mobilisation est un crime. À bas la mobilisation. » En 1922, la fédération communiste de la Seine lui fit suivre les cours de l’École de propagandistes. Desusclade participa à la création du groupe des « Amis de Georges Bruyère » après la mort de celui-ci survenue en 1923. La police notait sa présence au service d’ordre de la manifestation du 27 mai 1923 au Mur des Fédérés.
Le Parti communiste le présenta aux élections législatives du 11 mai 1924 sur la liste Bloc ouvrier-paysan du 3e secteur de la Seine, qui eut deux élus (Berthon et Piquemal). Il arrivait en sixième position avec 43 405 voix sur 229 785 inscrits, 201 612 votants et 198 996 suffrages exprimés. Desusclade était alors secrétaire de la cellule communiste des usines Voisin. Il entra, en juillet, à la commission de propagande du syndicat CGTU des Métaux et, en septembre, au secrétariat du bureau d’organisation des cellules communistes d’entreprise de la région parisienne. Le congrès de la fédération communiste de la Seine réuni les 20-21 octobre 1924 à Paris l’élut au comité fédéral. C’est donc un militant parisien responsable de la réorganisation du parti sur la base des cellules d’entreprise que le congrès national de Clichy (17-21 janvier 1925) désigna au comité central. Desusclade participait aux réunions du bureau politique. Le 23 octobre 1925, il refusa d’entrer au secrétariat en écrivant : « je me sens techniquement et politiquement insuffisant » (I.M. Th.). La police suivait avec attention les activités de Desusclade : en novembre 1924 il aurait été « chargé de recueillir les adresses des Bulgares communistes résidant à Paris » ; en avril 1925 une perquisition fut opérée à son domicile à la suite des incidents de la rue Damrémont (Paris, XVIIIe arr.) ; en février 1926 il partit en Syrie chargé d’une mission et fut arrêté à Beyrouth le 3 avril, puis condamné en mai à deux mois de prison pour usage d’un faux passeport (Arch. Jean Maitron). Devenu, le 22 juin 1927, président de la sous-section de presse du comité régional communiste, Desusclade fut candidat communiste aux élections des 22 et 29 avril 1928 dans la 2e circonscription du XVe arrondissement de Paris (Grenelle, Necker).
Le nom de Desusclade disparut après les élections de 1928. Était-il en désaccord avec son parti ? Il avait manifesté une première fois son indépendance, en août 1926, au comité régional de Paris, en votant contre la résolution sur la question russe. En mars 1928, il accepta la résolution de la direction régionale sauf en ce qui concernait Suzanne Girault et la tactique électorale (Bulletin régional, mars 1928). Le bureau politique du 27 juin 1928 évoqua sa démission du comité régional. Nous ne connaissons ses activités que par le témoignage de Jules Fourrier qui fut député communiste de la 2e circonscription du XVe arrondissement de 1936 à 1940. Les trois candidats communistes de l’arrondissement (Le Moullec, Desusclade et Néspoulous) auraient été critiqués pour leur attitude pendant les élections. Selon Jules Fourrier, Desusclade, qui n’était plus membre du PCF, resta un des dirigeants de l’ARAC dans le XVe arrondissement et un des responsables de la Fédération de la Seine. Pendant le Front populaire il milita avec le Parti communiste. Fourrier se souvient qu’aux élections d’avril-mai 1936 il soutint la campagne de Dobel (1re circ.), Michels (3e circ.) et qu’il signa une affiche d’anciens combattants dans la 2e circonscription pour attaquer De Tastes. « En 1939 j’ai perdu de vue Desusclade, mais au moment de ma démission du PCF le 19 septembre 1939, à la suite du Pacte germano-soviétique, je l’avais rencontré rue Mademoiselle devant le siège de la section ARAC du XVe qui se trouvait à l’angle de la rue Robert-Fleury et de la rue Mademoiselle. Il n’était pas d’accord avec ce pacte mais il avait encore une demi-confiance dans la direction du PCF qui allait peut-être changer. Ce devait être notre dernière rencontre » (lettre citée). Il était, en 1940, employé comme auxiliaire au ministère de la Production et du Travail, une autre source dit chef de bureau (DAVCC). Resté célibataire, Desusclade habitait depuis mars 1926 chez Mme veuve Richer, 113 rue de Javel (XVe arr.)
Arrêté le 4 septembre 1942 par les autorités allemandes pour « activité terroriste », qualifié de membre du Front national (cas rare de retour dans le sillage du PCF après une rupture), Clément Desusclade fut détenu à la prison du Cherche-Midi (Paris, VIe arr.) puis à celle de Fresnes (Seine, Val-de-Marne). Il fut condamné à la peine de mort le 9 décembre 1942 par le tribunal militaire allemand du Gross Paris, pour détention illicite d’armes.
Clément Desusclade a été fusillé le 6 février 1943 au stand de tir du ministère de l’Air à Paris (XVe arr.). Il fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 6 février 1943 division 47, ligne 1, n° 5.
Clément Desusclade a été reconnu Mort pour la France. Il fut reconnu membre de la Résistance intérieure française (RIF), réseau Front national.
Le nom de Clément Desusclade figure sur la plaque commémorative 127, rue de Grenelle (Paris, VIIe arr.) « à la mémoire des agents du ministère du travail morts pour la France ».
Voir Paris (XVe arr.), Le stand de tir de Balard (Ministère de l’Air)
Par Claude Pennetier
ŒUVRE : Collaboration aux Cahiers du Bolchevisme, n° 6, 26 décembre 1924 (« rapport de la Fédération parisienne sur la réorganisation du Parti sur la base des cellules d’entreprise ») ; n° 16, 1er avril 1925 (« Vers la bolchevisation de la Région parisienne ») ; n° 18, 1er mai 1925 (« Comment liquider l’opposition »).
SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII 5, AC 21 P 443 376. — Arch. Nat. F7/13090, F7/13091, F7/13092, F7/13104. — Arch. Ass. nat., résultats électoraux. — Arch. Jean Maitron, fiche de police concernant Desusclade. — I. M. Th., bobines 96, 189, 190, 259. — L’Humanité, 26 avril 1924, 21 janvier 1925 (photo). — Lettre de Jules Fourrier à Cl. Pennetier, Cazals, 11 mai 1981. — Notes J. Girault. — DBMOF, notice par Jean Maitron et Claude Pennetier. — SHD Vincennes GR 16 P 181281 (nc). — Site Internet Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.