DESVALOIS Pierre

Par Michel Bouchareissas, Jacques Girault, Guy Putfin

Né le 18 juin 1911 à Sereilhac (Haute-Vienne), mort le 6 mai 2003 à Limoges (Haute-Vienne) ; instituteur ; militant syndicaliste du SNI, secrétaire de la section départementales de la Haute-Vienne, secrétaire national puis secrétaire général (1962-1966) ; militant socialiste.

Fils de Martial Desvalois, fabricant d’huile, et de Marthe Thomas, sans profession, Pierre Desvalois fut élève-maître à l’École normale d’instituteurs de Limoges (Haute-Vienne). Il commença à enseigner en 1930 à Saint-Martin-le-Vieux et adhéra au Syndicat national des instituteurs. Après son service militaire durant deux ans à Tours puis à Limoges (1932-1933), il fut nommé instituteur à Flavignac, puis à Limoges en 1937. Il participa aux actions des forces antifascistes pendant le Front populaire, notamment au mouvement des auberges de jeunesse. Mobilisé en 1939 au 107e régiment d’infanterie puis, démobilisé, il se maria le 22 septembre 1941 à Limoges avec Simone Rousseau et ils eurent un fils en juin 1945.

À la Libération, son ami Henri Aigueperse, devenu secrétaire général du SNI, l’incita à devenir secrétaire général de la section départementale. Lors du congrès national, le 19 juillet 1950, dans son intervention, il insistait sur le rôle de l’éducation syndicale et donnait en exemple les actions faites en Haute-Vienne pour l’éducation des jeunes instituteurs. Candidat au bureau national en 16e position sur la liste « Pour un syndicalisme indépendant et constructif » conduite par Aigueperse, il ne fut pas élu par le conseil national du 27 décembre 1951.

Pierre Desvalois fut élu au bureau national du SNI sur la liste « autonome » en décembre 1953. Il devint secrétaire national, et s’installa à Paris. Il était chargé des affaires corporatives et de l’Union Française. En janvier 1962, il remplaça Denis Forestier comme secrétaire général, responsabilité qu’il occupa jusqu’à sa retraite en 1966. Pierre Desvalois fut membre suppléant de la commission administrative nationale de la Fédération de l’Éducation nationale de 1951 à 1955 puis titulaire de novembre 1955 à janvier 1967. Il participa au bureau de la FEN de décembre 1962 à 1966 et fut secrétaire de la commission de l’Union française à partir de 1957 jusqu’au début des années 1960. Il présida le Comité national d’action laïque en 1962. En 1966, il était le vice-président de la Confédération mondiale des organisations de la profession enseignante.

Pierre Desvalois, avec le SNI, s’engagea fortement sur la question algérienne, défendant dans les congrès du SNI et de la FEN la tenue d’une « conférence de la table ronde » pour régler le problème algérien (motion adoptée au congrès du SNI de Bordeaux en juillet 1955). Il se rendit à plusieurs reprises en Algérie, notamment en février 1960, en mai 1961 et en juin 1962. À cette dernière date, il fit partie de l’importante délégation de la FEN, du SNI et de la Mutuelle générale de l’éducation nationale qui vint à Rocher-Noir (aujourd’hui Boumerdès), pour négocier avec l’exécutif provisoire algérien, dont était membre Charles Koenig, des accords de coopération culturelle, et organiser la rentrée scolaire d’octobre 1962 dans l’Algérie devenue indépendante.

À partir de 1963, Pierre Desvalois eut notamment à combattre pour empêcher la candidature de « Monsieur X » (Gaston Defferre de 1967 à 1969, puis d’Alain Savary, premier secrétaire du Parti socialiste de 1969 à 1971 dont il fut un des meilleurs soutiens. Il fut membre de l’Office universitaire de recherche socialiste (OURS).

Il demeurait alors au lycée Honoré de Balzac dans le XVIIe arrondissement où son épouse était surveillante générale. Retraité, il assurait des responsabilités coopératives (SUDEL) et mutualistes (MGEN, MRI-FEN). Il fut un des membres fondateurs de l’association des Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons, en 1988.

Pierre Desvalois s’installa dans le Limousin où il avait conservé de fortes attaches. Il entra au secrétariat de la fédération socialiste de Haute-Vienne jusqu’à la fin des années 1980. Ayant refusé les mandats électoraux « par principe », il fut cependant candidat aux élections législatives de 1973 dans la deuxième circonscription (Saint-Junien-Saint-Yrieix) de la Haute-Vienne. Le communiste Marcel Rigout avait perdu son siège de député en 1968. Le député socialiste sortant, Jacques Boutard, avait quitté le socialisme et se représentait comme « socialiste indépendant ». Pierre Desvalois, candidat de l’Union de la gauche socialiste et démocratique, obtint 9 786 voix sur 65 242 inscrits. Il se désista pour le candidat communiste, Marcel Rigout, qui fut réélu. Puis il se replia sur Sereilhac où il fut délégué départemental de l’Éducation nationale. Dans les années 1990, il devint président d’honneur de l’Union départementale des DDEN.

Pierre Desvalois s’intéressait à l’histoire du syndicalisme enseignant. Il participa assez régulièrement aux activités du séminaire de recherches organisé par le centre fédéral de la FEN et le Centre de recherches d’Histoire des mouvements sociaux et du syndicalisme de l’Université de Paris I. Il apporta deux témoignages sur les instituteurs et la guerre d’Algérie et sur le rôle du SNI et de la FEN dans l’échec de la grande Fédération en 1965, sous le titre « Quand le syndicat rencontre la politique ».

James Marangé, secrétaire général de la FEN de 1966 à 1974, a écrit de lui : « Il est, lui aussi, de cette lignée de militants de la région de Limoges qui n’ont cessé d’avoir des représentants dans nos instances nationales. Orateur de talent, il n’avait pas son pareil pour susciter des vocations syndicales et déchaîner des enthousiasmes sans pour autant sacrifier la rigueur de l’analyse et de la démonstration. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22576, notice DESVALOIS Pierre par Michel Bouchareissas, Jacques Girault, Guy Putfin, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 26 juin 2022.

Par Michel Bouchareissas, Jacques Girault, Guy Putfin

ŒUVRE : Participation à deux ouvrages collectifs parus aux éditions Martinsart dans la collection « Les portes de la vie », Le centenaire de la Ligue française de l’enseignement, 1967 ; Algérie, Nedjma, l’Éducation nationale en Algérie, 1969.

SOURCES : Arch. PPo 693593 RG. — L’École libératrice, L’Enseignement public. — Notice DBMOF. — Témoignages publiés dans Les Cahiers du Centre fédéral (FEN) : « La guerre d’Algérie et les instituteurs », n° 1, mars 1992 ; « Quand le syndicat rencontre la politique », n° 4, décembre 1992.

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