GRIVILLER Léopold.

Par Jean Neuville

Âgé de 31 ans en 1907. Ouvrier mineur, délégué du syndicat de l’Union, Les Martyrs du travail, à Fontaine-l’Évêque (pr. Hainaut, arr. Charleroi) à la Commission d’enquête sur la durée du travail de 1907.

Domicilié à Leernes (aujourd’hui commune de Colfontaine, pr. Hainaut, arr. Charleori), Léopold Griviller travaille dans la mine depuis l’âge de quinze ans. Il est ouvrier à veine au siège n° 2 du charbonnage de Fontaine-l’Évêque lorsqu’il dépose le 23 juillet 1907, au nom du syndicat l’Union, Les Martyrs de travail, de Fontaine-l’Évêque, devant la Commission d’enquête sur la durée du travail dans les mines de houille, lors de la séance du groupe de Charleroi, section de Charleroi. Il demande, au nom de ses camarades, la réduction immédiate d’une heure de la journée de travail ce qui fixe cette journée à neuf heures « afin d’éclairer par les résultats satisfaisants que produira cette mesure, la discussion prochaine de la loi fixant la durée à huit heures du jour au jour », descente et remontée comprises. Il précise que c’est la présence dans la mine qu’il faut réduire. Pour Léopold Griviller, « La limitation de la durée du travail effectif est inapplicable et injuste. »

La suite du témoignage de Léopold Griviller, assez long, évoque notamment l’organisation du travail dans la mine, les difficultés rencontrées par les diverses catégories d’ouvriers qui, quel que soit leur métier, font face à des conditions de travail pénibles (mauvais entretien des voies, manque de bois, air vicié en raison de la présence de grisou…). La pénibilité du travail de mineur a un impact conséquent sur leur vie à l’extérieur de l’entreprise : « Les ouvriers qui travaillent dans les retours d’air et dans les chantiers où le gaz se trouve en plus grand abondance ne peuvent poursuivre leur travail que par un effort et une tension d’esprit très grands. Ces ouvriers sont somnolents ; arrivés au jour, ils sont grisés par l’air pur et une goutte de genièvre les assomme ou les rend fous. Rentrés chez eux, ils n’ont plus de volonté pour se nettoyer ; ils restent assoupis sur une chaise ; c’est une des causes de déchéance morale et matérielle du houilleur. » Une amélioration des conditions de travail compenserait la diminution de la production de charbon si la réduction du temps de travail est acceptée.

Léopold Griviller parle longuement du chômage du lundi dans les mines disant notamment : « … les militants des syndicats ouvriers ne figurent pas parmi les chômeurs du lundi, parce que généralement, on ne débite pas d’alcool dans les locaux des syndicats et parce que l’influence moralisatrice des syndicats tend à se manifester dans toutes les questions et principalement dans la régularité du travail. […]. Il faut que les patrons encouragent les ouvriers à aller au syndicat où ils apprennent non seulement leurs droits, mais surtout leurs devoirs vis-à-vis du patron. » Il poursuit : « dans l’intérêt général, les patrons ne devraient jamais contrarier l’organisation ouvrière, consciente, qui est appelée à faciliter ou qui déjà facilite leur tâche, car le temps viendra où l’on devra admettre le contrat collectif du travail et alors décréter le syndicat obligatoire. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article225887, notice GRIVILLER Léopold. par Jean Neuville, version mise en ligne le 11 avril 2020, dernière modification le 11 avril 2020.

Par Jean Neuville

SOURCE : Commission d’enquête sur la durée du travail dans les mines de houille. Enquête orale. Déposition des témoins. Section de Charleroi, groupe de Charleroi, Bruxelles, 1907, p. 39-45.

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