DÉTRUIT Jeanne, Francine

Par Jacques Girault

Née le 2 mars 1909 à Jozerand (Puy-de-Dôme), morte le 13 septembre 2006 à Hyères (Var) ; institutrice puis directrice de collège ; syndicaliste ; conseillère municipale communiste d’Hyères (Var).

Jeanne Détruit était la fille d’un aubergiste-cultivateur devenu ouvrier sans spécialité, blessé pendant les combats de la Première Guerre mondiale, et d’une chapelière-modiste. Ses parents la firent baptiser et l’envoyèrent au catéchisme mais elle ne fut pas pratiquante après sa communion. Ils habitèrent successivement Aigueperse (Puy-de-Dôme), Vichy (Allier), Toulon (Var) puis Nice (Alpes maritimes). Elle fréquenta les écoles primaires supérieures de Vichy et de Toulon où elle prépara et réussit le concours d’entrée à l’École normale d’institutrices de Draguignan (Var) en 1927. En troisième année, elle découvrit avec quelques autres normaliennes, les principes et les premières réalisations de la Russie soviétique et dés lors prêta un grand intérêt à ces questions. Après avoir été institutrice à Besse (1930-1933), elle fut nommée à Fréjus (1934) et suivit les cours de la faculté d’Aix-en-Provence. Reçue à la première partie du professorat de l’enseignement technique (lettres-langues), elle enseigna au cours complémentaire le français et l’anglais, et en devint la directrice en 1937. Elle fréquentait les communistes locaux sans être adhérente du Parti. En 1939, elle faisait partie de la direction de la section locale d’éducation physique et de gymnastique.

Membre du Syndicat national des instituteurs, Jeanne Détruit fut désignée pour siéger au conseil syndical de la section départementale du Var, le 19 décembre 1935 et y demeura jusqu’à la guerre. Dénoncée en avril 1941 par les autorités locales et par la Légion comme communiste, elle fut déplacée à Hyères sur un poste d’institutrice intérimaire. En octobre 1942, elle remplaça la directrice du cours complémentaire Jules Ferry, obligée de partir à la retraite. Elle fut maintenue à la Libération.

Jeanne Détruit enseignait à temps partiel le Français dans les classes de la section commerciale dans l’établissement, futur collège d’enseignement général ; elle fut déchargée de classe pour assurer l’intérim de sa direction (1967-1968) quand il devint collège d’enseignement secondaire. Elle prit sa retraite en septembre 1968.
Elle fit partie des enseignants qui se prononcèrent en 1948 pour le maintien dans la CGT. Aussi appartint-elle à la section départementale de la FEN-CGT. Dans son organe mensuel L’Éducateur varois, elle publia plusieurs articles en 1952-1953 sur la presse et la littérature pour les enfants. Elle notait dans son article de février 1953 :
"Nous ne voulons pas qu’on cultive chez eux l’envie, le mépris ou la haine et qu’on les écarte de leur véritable devoir d’enfants qui soit les acheminer vers les véritables valeurs de la vie, à savoir le travail, la culture de soi et l’amour des autres".

Jeanne Détruit fut élue déléguée suppléante à la commission paritaire départementale à la fin de 1948 ; selon son témoignage elle ne siégea pas. Candidate au conseil syndical de la section départementale du SNI, en janvier 1958 sur la liste "Pour l’unité, la démocratie et l’efficacité du syndicat", elle fut élue sur des listes analogues en 1960, 1962 et 1964.

À Hyères, Jeanne Détruit participait aux activités de l’Union des femmes françaises et à celles de l’association France-URSS qu’elle présida des années 1970 au début des années 1990. Elle devint conseillère municipale, lors des élections du 19 octobre 1947, sur la liste d’Union républicaine et résistante présentée par le Parti communiste, avec 2 258 voix sur 12 349 inscrits et 8 426 suffrages exprimés (sept élus). Elle était réélue, le 26 avril 1953, sur la liste "union ouvrière et démocratique de défense des intérêts communaux dans la paix et l’indépendance nationale" avec 2 113 voix (première de la liste), sur 12 955 voix et 9 508 suffrages exprimés (cinq élus).

Jeanne Détruit hébergea des dirigeants communistes varois recherchés par la police lors du « complot » en 1952. Elle adhéra au Parti communiste en 1956 mais ne figurait pas sur la liste communiste aux élections municipales de 1959.

Pour les élections municipales d’Hyères, les 14 et 21 mars 1965, Jeanne Détruit figurait sur la "liste d’union républicaine et laïque présentée par le Parti communiste français" conduite par Georges Caton*. Lors de la crise municipale qui se termina par la dissolution de la municipalité, elle figurait sur la liste "de la gauche unie" qui, au premier tour, le 18 février 1968, arrivait en tête avec 4 256 voix sur 18 533 inscrits et 11 021 suffrages exprimés et au deuxième tour, l’emportait à l’issue d’une triangulaire, réunissant 5 623 voix sur 12 880 suffrages exprimés. Elle devint adjointe au maire, déléguée à l’Instruction publique. Pendant son court mandat, elle participa à l’organisation d’un Centre d’activité par le Travail. Mais l’ancienne municipalité était rétablie à la suite d’une décision du Conseil d’État. Elle se représentait lors de l’élection partielle du 2 février 1969 ; réélue, elle redevint simple conseillère municipale. Aux élections municipales suivantes, le 14 mars 1971, la liste « de la gauche unie », sur laquelle elle figurait, arrivait en tête dans une triangulaire avec 6 747 voix sur 21 421 inscrits et fut distancée, le dimanche suivant, avec 7 416 voix sur 16 470 suffrages exprimés.

Lors de la scission syndicale de 1992-1993, elle rejoignit comme retraitée le SNUIpp-FSU. En 1999, elle adhérait toujours au Parti communiste et à son amicale des Vétérans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22591, notice DÉTRUIT Jeanne, Francine par Jacques Girault, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 8 novembre 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES  : Arch. Dép. Var, 1459 W 15. — Presse locale et syndicale. — Sources orales. — Renseignements fournis par l’intéressée et par Jean-Marie Guillon.

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