Par Jean-Luc Marquer
Le 4 juillet 1944, cinq habitants de Gresse (aujourd’hui Gresse-en-Vercors, Isère), furent sommairement exécutés en représailles à l’attaque la veille de deux camions allemands au col de l’Allimas qui fit cinq morts parmi les troupes d’occupation.
Les 22 et 23 juillet 1944, lors de l’attaque des "Pas", 13 résistants furent tués au combat et un fut sommairement exécuté.
Le 24 juillet 1944, dénoncée pour avoir hébergé des maquisards, une cultivatrice fut brûlée vive dans sa ferme.
Le 3 juillet 1944, au col de l’Allimas, deux camions allemands en reconnaissance dans la commune de Gresse (aujourd’hui Gresse-en-Vercors, Isère) furent attaqués par un groupe de F.F.I. et contraints de faire demi-tour.
Craignant l’habituelle opération de représailles, Gaston Faure jugea qu’il était plus prudent d’enlever les armes et les munitions que des résistants avaient déposées dans une maison inhabitée qu’il possédait au hameau de Ville.
Le 4 juillet 1944, très tôt dans la matinée, aidé d’Alexis Garnier qui avait attelé son cheval à un tombereau, ils procédèrent au transfert et au camouflage des armes et munitions sans se douter que les Allemands occupaient déjà les hauteurs environnantes et les observaient à l’aide de jumelles, notant en particulier la couleur de la robe du cheval.
Vers 7 heures, deux cents soldats allemands envahirent la commune, occupèrent la Mairie et perquisitionnèrent les maisons et les fermes.
Ayant reconnu le cheval qu’ils avaient observé auparavant, ils arrêtèrent immédiatement Alexis Garnier.
Puis trouvant Gaston Faure en train de camoufler des munitions, ils l’appréhendèrent également et détruisirent à l’explosif sa maison du hameau de la Ville.
Presque tous les hommes de la commune furent arrêtés et quelques-uns particulièrement maltraités.
Réunis sur la place du village, ils furent interrogés l’un après l’autre. La plupart fut relâchée.
Outre Alexis Garnier et Gaston Faure, les Allemands retinrent Raymond Cuchet, Marcel Martin-Dhermont et son frère Edmond Martin-Dhermont, maquisards qui avaient été dénoncés.
Vers 18 heures, ils furent exécutés sur la place de la Mairie.
M. Gachet, forgeron, qui fut témoin du sort des cinq hommes raconta pour le Mémorial de l’oppression : « Ces hommes ont été alignés le long de la palissade du jardin faisant face à la fenêtre de mon habitation et exécutés l’un après l’autre.
Le premier fusillé a été M. Garnier Alexis, puis M. Faure Gaston, ensuite les deux frères Martin-Dhermont et en dernier M. Cuchet.
Ils ont été assassinés à coup de revolver dans la nuque, sauf le premier, M. Garnier Alexis. Cet homme ne voulait pas se tourner pour recevoir le coup de revolver, alors l’individu de la Gestapo qui le tenait par un bras lui tira un coup de revolver dans le cou, lui tranchant probablement l’artère carotide, car j’ai vu jaillir un jet de sang à au moins deux mètres de là.
Lorsque ces cinq hommes furent tombés, l’un des tueurs de la Gestapo les arrosa d’une longue rafale de mitraillette en travers de leurs corps.Puis ils sont partis en riant. »
Dès le départ des Allemands, les corps furent remis aux familles.
D’imposantes funérailles leur furent faites auxquelles assista toute la population de la commune et une partie de celle des communes avoisinantes.
Du 21 au 24 juillet 1944, l’armée allemande investit à nouveau Gresse à la recherche de résistants afin d’assurer ses arrières lors de l’attaque programmée des Pas du Vercors, gardés par les maquisards.
Lors de l’opération, cinq hommes et deux femmes furent arrêtés et déportés. Un seul revint.
Le 23 juillet 1944, lors de l’attaque du Pas de Berrièves, huit hommes furent tués : René Auzias, Paul Bellier, Adrien Chaze, Marcel Combe, René Guillet, Adrien Martin, Gilbert Rey et Georges Schillinger.
Six autres furent tué au Pas de la Posterle : Justin Bernard le 22 juillet 1944, Prosper Pascal, Edmond Perrin, Paul Robert et deux frères, André Faure et René Faure, le 23 juillet 1944. André, fait prisonnier, fut sommairement exécuté.
Un monument commémoratif aux victimes des combats des "Pas" fut érigé à proximité de la station de ski.
Les noms de René Auzias et Prosper Pascal, qui manquaient, ont été ajouté en 2022 à l’initiative de l’association Gresse-en-Vercors Histoire et Patrimoine.
Le lundi 24 juillet 1944, dénoncée, Blanche Mouttet, qui avait hébergé et nourri des maquisards, fut torturée et brûlée vive dans sa ferme par les tueurs français de la Gestapo (notamment Pierre Grand, qui fut condamné à mort par le TPFA de Lyon en 1954 et exécuté le 21 juin 1955).
Victimes
4 juillet 1944
Raymond Cuchet
Gaston Faure
Alexis Garnier
Edmond Martin-Dhermont
Marcel Martin-Dhermont
22 juillet 1944
Justin Bernard
23 juillet 1944
René Auzias
Paul Bellier
Adrien Chaze
Marcel Combe
André Faure
René Faure
René Guillet
Adrien Martin
Prosper Pascal
Edmond Perrin
Gilbert Rey
Paul Robert
Georges Schillinger
24 juillet 1944
Blanche Mouttet
Par Jean-Luc Marquer
SOURCES : Arch. dép. Rhône et Métropole, Mémorial de l’oppression, 3808 W 415 et 544 — http://www.gresse-en-vercors.com/Village_histoire.htm — Mémorial GenWeb — Geneanet