LHERBIER Jules

Par Frédéric Stévenot

Né le 23 octobre 1892 à Agnez-lès-Duisans (Pas-de-Calais), mort en déportation en mai 1945 à Steffen (All.) ; valet de chambre puis négociant en vins ; résistant (réseau Hunter).

Fils d’Hippolyte Lherbier, journalier âgé de trente-sept ans, et de son épouse Zoé Debosscher, ménagère âgée de trente-trois ans, Jules Lherbier se maria le 22 novembre 1920 à Arras (Pas-de-Calais) avec Antoinette Planet. Le couple put divorcer par jugement rendu le 25 juin 1941 par le tribunal civil d’Arras.

Au moment de son recrutement militaire, Jules Lherbier résidait à Agnez-lès-Duisans (canton de Beaumetz), et était alors valet de chambre. Il s’engagea pour trois ans le 20 mars 1913 à la mairie du 7e arrondissement de Paris, au titre du 27e régiment d’artillerie. Il passa au 1er régiment d’artillerie lourdre le 1er juillet 1914. Il fut ensuite versé au 4e régiment d’artillerie le 25 février 1915, puis au 4e (14 août 1915) et au 16e (5 octobre 1915). Il fut promu brigadier trois jours plus tard, puis maréchal des logis le 9 février 1916. Il passa au 53e régiment d’artillerie le 4 juin suivant. Le 12 août, il dut être évacué pour blessure à la jambe droite et au côté droit causée par un éclat d’obus, lors des combats de la Somme. Il obtint une citation à l’ordre de la division (n° 95) le 23 août : « bon sous-officier, brave et courageux. Blessé grièvement le 12 août 1916 en continuant à assurer le service de la pièce sous un violent bombardement d’artillerie ennemie de gros calibre. Croix de guerre. Étoile d’argent ».
Rentré au dépôt le 23 septembre, Jules Lherbier fut classé dans le service auxiliaire car inapte, en raison d’un emphysème pulmonaire léger, avec amaigrissement et asthénie (décision de la commission de réforme de Clermont-Ferrand, 25 septembre 1915). Jules Lherbier resta en traitement à l’hôpital n° 78 de Montferrand, avec d’être mis en congé illimité de démobilisation le 15 septembre 1919, avec un certificat de bonne conduite. Il fut en réalité déplacé dans plusieurs hôpitaux : Rennes, Bourges, Clermont, Montferrand, Chamalières.

Marié, Jules Lherbier s’établit à Arras, au 68 de la rue Meaulens, le 18 janvier 1927

Jules Lherbier fut reconnu comme membre du réseau Hunter. Selon la notice du musée de la Résistance en ligne, cette organisation fut homologuée unité combattante pour la période allant du 1er mars 1943 au 30 septembre 1944. Hunter fut le plus important sous-réseau de Phratrie. Sa mission initiale fut la recherche de renseignement aéronautique en zone sud. Cette mission fut rapidement étendue à la recherche dans les domaines militaire et économique dans toute la France.
Dès juin 1943, la valeur du renseignement fourni par le réseau fut remarquée par l’état-major. Maurice Belleux, le responsable de Hunter, mit alors en place plusieurs branches à Paris, Lyon, Toulouse notamment. Il créa également le réseau Jonque qu’il confie au capitaine Daubard et la région opératoire Azur.
Dans le Nord, le réseau se développa particulièrement dans le secteur d’Aire-sur-la-Lys dès 1943, et en janvier 1944, lorsque André Robin y adhéra puis devint d’ailleurs chef du réseau Hunter-Nord le 1er avril 1944. Peu de temps après, le réseau s’affaiblit par l’arrestation de plusieurs têtes du réseau Nord tel que Roger Millon, Jules Lerbier ainsi qu’André Robin le 26 mai 1944, ce qui engendra une coupure avec le réseau de Paris. La même année, le réseau Nord put renaître et adopta une autre nomination : « Scout-Nord ».
Les services militaires rendus par Jules Lherbier dans une unité combattante lui furent reconnus du 10 juin 1944 au 31 mai 1945.

Après son arrestation, Jules Lherbier fut déporté en Allemagne (liste I.281), par le « Train de Loos », parti de Tourcoing le 1er septembre 1944. Il s’agissait de l’ultime convoi en provenance du Nord-Pas-de-Calais, que ne purent arrêter la Résistance et les Alliés. Il emmena 872 hommes vers le KL de Sachsenhausen ou celui de Buchenwald. Jules Lherbier fut placé dans le premier, avant d’être envoyé à Neuengamme.
Les documents du fonds Arolsen indiquent qu’il naquit à Arras le 23 octobre 1893 (ce qui est une double erreur). Immatriculé 58624, il mourut à bord du Cap Arcona le 3 mai 1945, à Hambourg. L’état civil d’Agnez indique Steffen (All.), en mai 1945 (comme l’indique aussi le registre matricule), tandis que Mémoire des hommes a retenu Messen (il s’agit très probablement d’une erreur de transcription).

Jules Lherbier fut reconnu « mort pour la France » (AC 21 P 83377) au titre de la « France combattante ». Il fut homologué (GR 16 P 371274 et AC 21 P 564147) comme membre des forces françaises combattantes et déporté et interné de la Résistance (carte n° 1016.29.118). Il obtint à titre posthume la Légion d’honneur (décret du 17 décembre 1959, JO du 22 décembre 1959), comportant attribution de la croix de guerre avec palme et la médaille de la Résistance.

Le nom de Jules Lherbier figure sur le monument aux morts d’Agnez-lès-Duisans, sur celui d’Arras ainsi que le monument commémoratif de la place des Héros, devant l’hôtel de ville.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article226102, notice LHERBIER Jules par Frédéric Stévenot, version mise en ligne le 15 avril 2020, dernière modification le 15 avril 2020.

Par Frédéric Stévenot

SOURCES. SHD, Caen et Vincennes. Arch. dép. Pas-de-Calais, 1R7178 (matr. 346/1).— Sites Internet : Musée de la Résistance en ligne ; Mémorial GenWeb ; Mémoire des hommes ; L’engagement des Airois dans la résistance ; Fonds pour la mémoire de la déportation. — État civil d’Agnez, 5 MIR 011/1.

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