ROBERT Eugène, Firmin, Antoine, Conrad.

Par Jean Puissant

Gand (Gent, pr. Flandre orientale, arr. Gand), 1839 – Ixelles (pr. Brabant, arr. Bruxelle ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), 1911. Avocat, défenseur d’accusés politiques, fondateur de journaux comme La Liberté, La Réforme, membre de l’Association internationale des travailleurs, franc-maçon, député libéral progressiste de l’arrondissement de Bruxelles.

Eugène Robert, fils de fonctionnaire, contrôleur de l’administration des chemins de fer, suit des études de droit à l’Université libre de Bruxelles (ULB) dont il sort diplômé en 1860. Lors de ses études, il rencontre Paul Janson. Ils deviennent amis pour la vie. Son existence professionnelle et politique est largement liée à cette fidèle amitié. Ils figurent d’ailleurs en frères siamois dans un portrait publié dans le journal, Sans-souci, le 1er mars 1868

Eugène Robert et Paul Janson font partie, en compagnie de Charles Graux, Edmond Picard, Xavier Olin, Pierre Splingard, du cercle des « Rabougris » à l’origine de la création de l’hebdomadaire La Liberté en 1865. Il quitte ce journal, avec Janson. Tous deux fondent Le Libre examen, journal moins conventionnel et plus radical, dont il est le rédacteur en chef. Ils retournent à La Liberté, abandonnée par les premiers.

Avec leurs amis « socialistes », Hector Denis, Guillaume De Greef, Eugène Robert et Paul Janson adoptent une attitude plus sociale, proudhonienne dans une large mesure. Robert suit Janson dans les cercles libéraux, bientôt les plus radicaux.

Eugène Robert est l’avocat, avec Paul Janson, de Charles Bachelery, poursuivi pour injures à l’égard d’un souverain étranger, Napoléon III en l’occurrence (condamnation), et l’hebdomadaire contestataire L’Espiègle pour la même raison (acquittement). En 1868, ils, sont commandités, avec d’autres avocats, par la section bruxelloise de l’Association internationale du travail (AIT), pour défendre devant les assises de Mons (pr. Hainaut, arr. Mons), 22 inculpé.e.s à la suite de la fusillade du charbonnage de l’Épine à Montignies-sur-Sambre (aujourd’hui commune de Charleroi, pr. Hainaut, arr. Charleroi). Ils obtiennent leur acquittement. Ovationnés à Mons et par l’AIT à Bruxelles, Robert et Janson adhèrent à la Première Internationale. Puis ils défendent les ouvriers prévenus pour les incidents de Verviers (pr. Liège, arr. Verviers) en 1869, mais pas avec le même résultat.

Eugène Robert et Paul Janson participent activement à l’agitation démocratique et sont souvent cités comme référence juridique ou conférencier potentiel dans les réunions de sociétés ouvrières et rationalistes, mais sans plus y adhérer ou y jouer un rôle significatif. Robert assiste aux funérailles du communard blanquiste, Gustave Tridon, en 1871. Mais la dislocation de l’AIT et les proudhoniens en minorité les incitent à se tourner à nouveau vers l’Association libérale en 1871. Robert figure néanmoins, aux côtés de Janson, dans « L’Hydre du Socialisme en Belgique », caricature publiée dans La Bombe, le 21 juin 1879, avec l’indication « Peut-être à eux deux, obtiendraient-ils pour le socialisme, – cet éternel accusé – le bénéfice des circonstances atténuantes »… devant le Parlement.

Eugène Robert devient député de Bruxelles en 1882 à l’occasion d’une élection partielle qui renforce la gauche radicale. Il défend, en juin 1886, Alfred Defuisseaux*, avec l’aide du frère de ce dernier, Léon*, tandis que Paul Janson défend Edouard Anseele à Gand, inculpé à la suite des tragiques événements de mars 1886 à Charleroi, sans parvenir à éviter de lourdes condamnations. Il participe aux divers congrès progressistes et se prononce en faveur du suffrage universel (SU) pur et simple, à la différence de Janson. En mai 1889, il participe à la défense des inculpés du « Grand complot » qui se termine par l’acquittement général, à l’exception des agents de la Sûreté. En 1892, il fait partie des progressistes élus à la constituante, avec Janson, Prosper Hanrez, Émile Féron, sur une liste d’union libérale à Bruxelles.et soutient les efforts de démocratisation du système politique « dans le style imagé qu’on lui connaît ». C’est ce qui ressort de sa personnalité d’étudiant attardé : « L’ironie est son arme fatale » (La Bombe, 1879). L’écrivain Camille Lemonnier le qualifie de « petit abbé galant, qui tourbillonne dans les bals de la Monnaie ».

En 1881, Eugène Robert qui a collaboré au Libre examen, à La Liberté, à La Réforme dont il est un des fondateurs, prend la direction, avec le catholique Alexandre de Burlet, du Journal des tribunaux, à la demande d’Edmond Picard, pour bien signifier l’impartialité du nouvel organe. Il est membre du comité de rédaction de L’Art moderne (1881), également fondé par Picard, dont il est un ami intime. Il est membre de la Libre académie de Belgique, fondée par Edmond Picard en février 1902. Cette initiative fait suite à l’hommage rendu à Picard en décembre 1901.

Eugène Robert est donc député libéral de Bruxelles de 1882 à 1884 et de 1892 à 1894. Il est membre du comité de la Libre pensée de 1867 à 1870, maçon à la loge Les Amis philanthropes, dont il est le Vénérable maître en 1895-1896, et aux Vrais Amis de l’union et du progrès réunis à Bruxelles. Il est également membre du conseil d’administration de l’ULB de 1880 à 1883.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article226161, notice ROBERT Eugène, Firmin, Antoine, Conrad. par Jean Puissant, version mise en ligne le 16 avril 2020, dernière modification le 2 septembre 2020.

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