DEVIDAL Georges

Par Eric Panthou

Né le 6 octobre 1917 à Issoire (Puy-de-Dôme) ; décédé le 6 mai 1979 ; facteur puis agent communal ; membre du parti communiste (PCF) ; résistant, Capitaine au sein des Francs-tireurs et partisans (FTP) ; secrétaire de l’Union locale CGT d’Issoire.

Georges Devidal est le fils naturel d’Antoinette Devidal, couturière puis ouvrière d’usine qui éleva seule ses trois enfants.
Il eut un enfant avec Laure Esbelin en 1941 avec qui il vivait alors maritalement, et éleva les deux enfants qu’elle avait eue en 1932 et 1934. Ils se marièrent à Issoire le 6 février 1943.
Malgré les qualités que lui reconnaissait son instituteur, Georges Devidal dut travailler dès la fin de l’école primaire. Il s’engagea très tôt aux Jeunes communistes.
Cuisinier confirmé, il travailla aussi bien dans des hôtels de la région que dans des palaces sur la Côte d’Azur. Devidal fut marqué par le Front populaire mais aussi la montée du fascisme. Il adhère alors au PCF et fut le fondateur de la section d’Auzat-sur-Allier, en terre mineurs, en 1937, après qu’une crise soit intervenue à la SFIO avec le départ de militants pivertistes.

Puis c’est le service militaire comme marin à partir d’août 1938 à Toulon. Démobilisé, il rentre à Issoire le 23 août 1940. Il renoue immédiatement le contact avec ses camarades au PCF et à la CGT. Il s’engage alors avec eux pour agir, rétablir les contacts avec les militants des communes voisines, des usines d’Issoire mais aussi avec Clermont-Ferrand.
Il est alors convoqué au commissariat pour se faire entendre dire qu’il serait lui et ses camarades surveillés de près en tant que militants actifs du PCF ou de la CGT. L’arrestation et l’internement de plusieurs camarades dès septembre 1940 ne fait que renforcer sa conviction d’agir.

Dès 1940, Devidal renoue des contacts, recherche du papier pour les tracts. En décembre 1940, le président de la Légion des combattants d’Issoire vient le solliciter pour adhérer mais Devidal le renvoie, craignant après coup des représailles qui n’arrivèrent pas.
L’arrestation d’Eugène Marchand en novembre 1941, le principal responsable communiste sur Issoire, désorganise la structure clandestine. Du début de l’année 1942 jusqu’à l’automne 1943, Devidal estime que le souci majeur des militants communistes était l’information de la population par la diffusion de tracts, de journaux.
Avec l’arrivée des Allemands en novembre 1942,l’organisation se structure en triangles pour réduire les risques en cas d’arrestations. Le 30 novembre 1942, une perquisition a lieu chez lui après que des tracts communistes aient été distribués dans les rues d’Issoire. On ne trouve rien.

En tant que postier, il intercepte des courriers de dénonciation mais aussi un fichier de requis pour le STO fin 1943. Il est alors dénoncé et le policier qui vient l’arrêter lui dit de s’enfuir. Sa femme est obligée de fuir également, en Haute-Loire, avec ses deux plus jeunes enfants, l’aîné étant déjà parti.

C’est alors qu’il prend en charge le recrutement de jeunes FTPF dans le secteur d’Issoire, notamment des mineurs. Il fut l’un des fondateurs du 105éme Bataillon des FTPF. Il participe à de nombreuses opérations armées dont plusieurs se soldent par des morts chez les FTPF. Il fut nommé Capitaine.

Ce n’est que début août 1944 que le Bataillon toucha ses premières armes officiellement, par parachutage. Devidal considérait comme totalement injustifié le traitement défavorable imposé aux FTPF en termes d’armement. Lors de la Libération d’Issoire, l’officier américain dans son discours lors de la prise de fonction du sous-préfet dit : « Vive Issoire, non libérée mais évacuée. » Georges Devidal fut indigné de ces propos et les dénoncèrent dans ses mémoires : « C’était bafouer le sacrifice de nos chers disparus, qui n’avaient refusé aucun sacrifice pour la grande cause de la libération du sol national. Qu’ils soient de Chaméane, du Petit Parry, de Pardines ou de Saint-Germain-Lembron chacun a participé à la libération d’Issoire. »
Il fut homologué FFI, avec services homologués au sein du 105e Bataillon FTPF du 6 juin au 28 août 1944.

En raison de son engagement politique et syndical, il fut difficile pour Devidal de trouver un emploi dans une petite ville comme Issoire où patronat et élus locaux ne lui firent pas de cadeaux. Il fut engagé comme manœuvre par la municipalité et fut ainsi éboueur pendant de longues années. Il dut attendre 11 ans avant d’être titularisé.

Il devient l’un des dirigeants de l’Union locale CGT d’Issoire avant d’en devenir le secrétaire puis le président. Militer à Issoire n’était pas facile. Ainsi, la CGT dut attendre de longues années avant que l’UL dispose de son propre local, les réunions se passant souvent jusque là dans les arrières salles de bistrot où se forgèrent des amitiés solides. Georges Devidal était d’abord connu comme une figure du syndicalisme local mais il se considérait avant tout comme un militant communiste. Il n’occupa cependant pas de responsabilités importantes au sein du Parti, membre du bureau de la section d’Issoire. Même s’il n’avait pas pu faire d’études, Devidal était cultivé. Il lisait beaucoup, connaissait très bien l’histoire de sa ville et il forma de nombreux militants, à commencer par l’un de ses successeurs à la tête de l’UL, son ami Jean-Claude Daffix. Il fut à la tête de l’Union au moment de plusieurs grands conflits sociaux, notamment chez Ducellier et Cégédur, grandes entreprises métallurgiques. Il a été membre de la Commission exécutive de l’UD CGT au milieu des années soixante, sans doute au-delà. Son engagement au niveau de l’UD ou des secteurs autres qu’Issoire a été freiné par le fait qu’il n’avait pas le permis de conduire.

Employé municipal, il fonda le syndicat CGT des Municipaux et en devint l’animateur jusqu’à ce qu’il soit frappé par la maladie.
Alors que ceux qui l’ont côtoyé estiment que Georges Devidal, celui que ses camarades nommaient "Jojo" a vécu pour raconter la Résistance, c’est seulement dans les derniers mois de sa vie qu’il s’attache à rédiger des notes sur son action et celle de ses camarades sous l’Occupation. Ces notes furent publiées après sa mort dans un ouvrage.
Georges Devidal est considéré comme l’une des grandes figures du syndicalisme à Issoire depuis l’après-guerre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22623, notice DEVIDAL Georges par Eric Panthou, version mise en ligne le 4 janvier 2018, dernière modification le 11 novembre 2018.

Par Eric Panthou

SOURCES : SHD Vincennes, GR 16 P 18244, dossier Georges Devidal (non consulté) .— SHD Vincennes, 19 P 63/8 : Liste des membres de la formation 105e Bataillon FTPF du Puy-de-Dôme .— Libération nationale et Amis de Libération nationale PTT, 3e trimestre 2002 .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme 1296W69 : L’inspecteur principal au Divisionnaire, chef de la Sûreté, le 1er janvier 1943 .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme 1296W69 : Notice individuelle de Georges Devidal établie lors de sa perquisition le 30 décembre 1942 .— Le capitaine F.T.P.F. Georges Devidal raconte...1940-1945, Clermont-Ferrand, imprimeries Mont-Louis, 1982, 85 p. Entretien téléphonique avec Jean-Claud Daffix, ancien secrétaire de l’UL CGT d’Issoire et grand ami de Georges Devidal, le 6 janvier 2018 .— Maxime Courlivant, "Issoire a été occupée de novembre 1942 au 27 août 1944, récit des derniers affrontements", La Montagne Web, publié le 27 août 2014 (consulté le 11 novembre 2018) .— état-civil.

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