GUITTAT Claudien Noël

Par Jean-Louis Ponnavoy

Né le 27 décembre 1920 à Saint-Bonnet-de-Joux (Saône-et-Loire), massacré le 22 juin 1944 à Saint-Igny-de-Vers (Rhône) ; jardinier ; résistant de l’armée secrète (AS).

Noël Guittat était le fils de Denis, cultivateur propriétaire et de Francine Pornet, cuisinière, domiciliés au hameau "Mont de Mars". En 1936, il était aide-jardinier au château de Berzé-le-Châtel (Saône-et-Loire), appartenant au comte Jacques de Thy de Milly. Il se maria avec Camille Humbert dont il eut un enfant puis il fut embauché comme jardinier au château de Vers où il était domicilié avec sa famille.
Il entra dans la Résistance à l’’armée secrète (AS) de Saône-et-Loire au maquis de Chauffailles, à la compagnie de Saint Igny de Vers (Rhône).
Le 19 juin 1944 cinq allemands en tenue civile arrivés en voiture Peugeot s’invitèrent au château de Vers et mirent le comte Raoul du Sordet en garde à vue. Des maquisards étaient en surveillance dans les environs. L’un d’eux fut repéré et il y eut des échanges de coups de feu. Des Allemands furent blessés et les représailles commencèrent.
Le comte fut emmené avec deux personnes vers le village en direction de La Clayette. Pendant que le hameau et le château de Vers étaient pillés et incendiés devant lui, il fut horriblement torturé puis exécuté d’une rafale de mitraillette dans le dos et achevé de trois balles dans la tête le 20 juin après 17 heures. Aidé d’une autre personne Noël Guittat déshabilla le comte pour constater les blessures.
Le village fut occupé jusqu’au 22 juin et ce jour-là à sept heures du matin Noël Guittat descendait la route venant de Saint-lgny-de-Vers en compagnie de Joanny Chabanon, régisseur à la maison de Gatelier à Vers probablement pour aller récupérer ce qui restait de leurs biens dans les décombres du village. Ils furent arrêtés par deux officiers allemands qui leur demandèrent où ils se rendaient. Ils répondirent qu’ils allaient couper des sapins dans la forêt au-delà du village mais les Allemands sceptiques demandèrent les cartes d’identités les comparant avec une feuille qu’ils portaient sur eux. Ils furent emmenés dans les ruines où ils subirent un violent interrogatoire. Noël Guittat fut ensuite contraint de réparer les voitures allemandes et de changer des roues ce qui dura environ une heure et demie. Trois femmes et deux hommes qui venaient rendre un dernier hommage au comte du Sordet avaient également été arrêtés. Tout le monde fut rassemblé et dut se mettre à genoux entourés de 25 Allemands. L’officier s’adressa à eux leur faisant le discours suivant selon un des témoins : « Nous étions venus pour voir le chef de la maison, nous avons été attaqués sans provocation de notre part, nous avons eu deux blessés, nous avons ordre de tuer tous les jeunes du pays ; ils doivent payer, vous m’avez bien compris ». Il s’adressa alors à Noël Guittat en lui disant : « Vous, jeune homme, approchez ». Il le fit alors mettre sur la pelouse le dos tourné et sur son ordre trois soldats armés de fusils l’abattirent par derrière devant les personnes rassemblées. Les balles entrèrent par la nuque et ressortirent par le devant de la tête faisant une blessure béante à la partie frontale gauche. Il était huit heures selon l’acte de décès qui fut dressé le jour même sur la déclaration de Joanny Chabanon, cultivateur, âgé de 63 ans, témoin des faits.
Après cet horrible assassinat les Allemands dispersèrent les autres personnes puis fouillèrent le cadavre de Noël Guittat, lui volant son portefeuille qui contenaient ses papiers et son argent avant de monter dans leurs voitures et de partir.
Il obtint la mention « Mort pour la France » qui fut transcrite sur l’acte de décès le 28 février 1947.
Son nom figure sur la stèle commémorative, à Saint-Igny de Vers (Rhône), sur la plaque commémorative fixée sur le mur de la mairie et faisant office de monument aux morts et la plaque commémorative dans l’église "À la mémoire de Noël Guittat fusillé par les Allemands victime de son dévouement le 22 juin 1944, âgé de 24 ans", à Berzé-le-Châtel et sur le Mémorial 1939-1945, à Beaubery (Saône-et-Loire).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article226518, notice GUITTAT Claudien Noël par Jean-Louis Ponnavoy, version mise en ligne le 23 avril 2020, dernière modification le 23 avril 2020.

Par Jean-Louis Ponnavoy

SOURCES : site Chapelle-de-Vers, La tragédie de Vers.— Wikipédia, Saint-Igny-de-Vers.—Mémorial Genweb.— recensements de population Saint-Bonnet-de-Joux année 1921 et Berzé-le-Châtel année 1936.— État civil (acte de décès).

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