GIANORDOLI Jules, Marcel, Maurice

Par Jean Belin

Né le 17 octobre 1887 à Arçon (Doubs), mort le 20 septembre 1969 à Reims (Marne) ; tailleur de pierres ; syndicaliste CGT du bâtiment de Côte-d’Or ; co-fondateur et directeur d’une société coopérative ouvrière de production ; militant socialiste.

Fils de Pietro Vincenzo Anastasia Gianordoli, tailleur de pierres, d’origine autrichienne, et d’ Annunziata Maria Théodora Maestri, d’origine italienne, sans profession, les parents de Jules Gianordoli naturalisés français en 1921 quittèrent le Jura pour Comblanchien (Côte-d’Or) à la fin des années 1890. Le 5e d’une fratrie de sept enfants, il fut embauché, comme son père et ses frères en âge de travailler, comme tailleurs de pierres dans la carrière Sauvain (Racheté par la société Pagani et Cie) à Comblanchien avant et après son incorporation d’octobre 1908 à septembre 1910. Engagé à la CGT, il fut dirigeant avec son frère Louis Gianordoli*, du syndicat des ouvriers des carrières de Comblanchien depuis 1911. Ce syndicat fut un des plus actifs de la Fédération des chambres syndicales ouvrières de Dijon et de Côte-d’Or. Il était à l’origine de la fondation de l’Union Départementale CGT de Côte-d’Or qui tint son deuxième congrès en 1912 à Corgoloin, commune voisine de Comblanchien.
A la suite d’un conflit très dur qui dura près de quatre mois au cours du printemps 1914 et qui opposa les maîtres carriers et les ouvriers du bassin carrier en grève, le patronat refusant toutes négociations avec le syndicat ouvrier, ferma les chantiers. Afin de tenter de sortir d’une crise sans issue et se libérer de la tutelle patronale, Jules Gianordoli et six autres militants de la CGT fondèrent, avec l’aide du conseil municipal de Comblanchien, une Société coopérative ouvrière de production (S.C.O.P.) : la Société Française des Nouvelles Carrières de Comblanchien (S.F.N.C.). Elle naquit le 28 juin 1914. La mairie leur loua à l’amiable une carrière abandonnée sur le territoire de la commune. Jules Gianordoli fut nommé président co-fondateur. La société coopérative cessa de fonctionner pendant toute la durée du conflit de 1914-1918, Jules Gianordoli et la plupart des ouvriers furent mobilisés et trois membres fondateurs furent tués pendant la guerre. Démobilisé le 12 mars 1919, il fut nommé directeur de la coopérative en 1920, et la présidence de la coopérative fut assuré par le maire de Comblanchien. En avril 1921, les effectifs de la coopérative s’élevèrent à 30 ouvriers pour atteindre 180 personnes en 1925 sur trois chantiers. Ses statuts prévirent, une caisse de secours en cas de maladie, ainsi qu’une caisse de retraites. Le niveau des salaires fut plus élevé que dans les autres entreprises privées du bassin carrier de Comblanchien pendant les années 1920. En 1931, Jules Gianordoli dut faire face à un conflit qui l’opposa aux dirigeants du syndicat CGTU qui se constitua dans le bassin carrier et qui appela les ouvriers de la coopérative à faire grève pour s’opposer à la baisse des salaires imposée par la direction. Devant la puissance du mouvement, Jules Gianordoli dut reculer et rétablir le niveau des salaires. Le syndicat unitaire l’attaqua publiquement sur son engagement politique en tant que dirigeant de la SFIO dans le canton de Nuits-St-Georges. Il quitta la direction de la coopérative la même année pour s’installer dans la commune de Serrigny (Devenue Ladoix-Serrigny depuis 1988, Côte-d’Or) et pour devenir maître carrier de son propre établissement. Il dut faire face à nouveau, mais comme patron, au mouvement de grève qui débuta le 18 juin 1936 avec occupation des locaux, et qui toucha l’ensemble des carrières du canton. La grève dura un mois et demi.
Engagé politiquement, lors du congrès extraordinaire de la Fédération socialiste du 30 janvier 1921, Jules Gianordoli, militant du groupe socialiste de Nuits-St-Georges, vota contre l’adhésion de la Fédération SFIO dans le Parti SFIC et contre les résolutions votées au congrès de Tours par la majorité des délégués en décembre 1920. Le groupe socialiste de Nuits fut un des deux groupes avec celui de Genlis à voter dans le même sens et à reconstituer une nouvelle fédération socialiste en Côte-d’Or avec le soutien d’Alfred Marpaux*.
Pendant l’occupation, les allemands réquisitionnèrent les carrières du canton. La carrière de Gianordoli cessa de fonctionner, la plupart des ouvriers carriers de son établissement étaient au chômage où avaient rejoint les mouvements de Résistance très actifs dans le bassin carrier. Après la Libération, Gianordoli quitta le département de la Côte-d’Or avec son épouse et son fils pour s’installer à Reims (Marne).
Jules Gianordoli se maria le 16 mars 1912 à Prémeaux (Côte-d’Or) avec Marie Berthe Finet, journalière, avec laquelle il eut une fille, Denise. Divorcé, il se remaria le 24 novembre 1934 à Dijon avec Gabrielle Marie Barbier, commerçante,et avec laquelle, il eut un fils, Marcel, né à Dijon en 1937. Domicilié à Reims lors de son décès.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article226544, notice GIANORDOLI Jules, Marcel, Maurice par Jean Belin, version mise en ligne le 23 avril 2020, dernière modification le 23 avril 2020.

Par Jean Belin

SOURCES : Arch. Départementales de la Côte-d’Or et du Doubs, état civil, fiche de recensement de la population, fiche de recrutement militaire. — AD 21, série 10 M, grèves de 1936, rapport d’Eugène Foulon*, inspecteur du travail, sur les usines occupées. — Comblanchien, son histoire, ses carrières, ses vins, son expansion au 20ème siècle, tome 2, Jacky Cortot, édition de 1999. — La Bourse du travail de Dijon et le syndicalisme CGT en construction de 1890 à 1930, Jean Belin, novembre 2016. — Le travailleur de l’Yonne-Côte-d’Or—Hte-Marne, édition du 27 février 1932. — Le Socialiste côte d’orien, janvier et février 1931. — La Côte-d’Or d’une guerre à l’autre (1914-1945), CRDP de Dijon, édition de 1984. — Arch. IHS CGT 21, La Défense, bulletin du syndicat unitaire des métaux, mars 1932. — Cercle généalogique des cheminots de Dijon, renseignements fournis sur l’état civil.

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