DEWINTRE Julie [née MANGEZ Julie]

Par Christian Lescureux

Née le 21 janvier 1915 à Grenay (Pas-de-Calais) ; ouvrière du textile ; militante de l’UFF ; membre du comité central du Parti communiste (1950-1954).

Julie Dewintre
Julie Dewintre

Julie Mangez naquit dans la petite ville minière de Grenay (Pas-de-Calais) dans une famille qui comptait trois filles. Peu après sa naissance ses parents vinrent s’installer à Montigny-en-Gohelle (Pas-de-Calais) où son père, Alphonse Mangez, mineur de fond, avait été muté, pour raison politique, à la fosse Dahomey. Syndicaliste et fervent militant socialiste avant la guerre, il adhéra au PC (SFIC) dès sa création. Sa mère, Albine née Makereel, ménagère, fut également militante communiste.

Julie Mangez passa son certificat d’études primaires à douze ans à Montigny-en-Gohelle et partit aussitôt travailler (comme de nombreuses filles et épouses de mineurs) dans le textile du Nord (aux filatures Agache à Seclin). Les conditions de travail étaient difficiles et son père l’incita à se syndiquer rapidement. Elle le fit et reçut les conseils de Martha Desrumeaux* militante syndicaliste et communiste du Nord, déjà renommée. Elle prit une part active à la grève du 1er mai 1933 puis à l’occupation de son usine durant les grèves de 1936.

Elle adhéra à la CGTU (1927), aux Jeunesses communistes (1927) à l’UJFF puis au PCF (en 1937). Secrétaire de l’UJFF de Loos, elle créa une petite troupe de théâtre avec laquelle elle donna des représentations dans les fêtes du Parti communiste. Elle était secrétaire d’un syndicat du textile. « Je lisais toujours les brochures et la documentation mais en toute franchise je dois dire que dans beaucoup de cas je n’en comprenais pas bien la lecture. »

Remarquée pour son dynamisme, tant politique que syndical, par Félix Cadras, secrétaire de la nouvelle fédération communiste du Pas-de-Calais (reconstituée en 1937) celui-ci l’associa aussitôt à la direction fédérale. Elle y fut surtout chargée de l’organisation de l’Union des jeunes filles de France.

Le 31 juillet 1937 Julie Mangez épousa à Montigny, Albert Dewintre, de Loos-en-Gohelle (fils d’un délégué mineur communiste, lui-même mineur de fond, délégué CGT et membre des Jeunesses communistes) qui sera fait prisonnier en 1940 et libéré en 1945. Le couple partit habiter à Loos-en-Gohelle, eut une fille (Claudette) née en 1947.

En mai-juin 1941, Julie Dewintre participa activement (parfois avec l’aide de sa mère) à la grande grève des mineurs, distribuant des tracts sur le marché et prenant la parole dans les corons pour appeler les femmes à soutenir les grévistes.

Entrée activement dans la Résistance, elle devint bientôt l’agent de liaison de Julien Hapiot (elle avait été sa marraine quand celui-ci combattait en Espagne dans les Brigades Internationales), André Lestienne (pseudonyme Leblond) et de Madeleine Vincent (alias Mariette, déléguée du comité central des Jeunesses communistes) qu’elle hébergea chez elle à Loos-en-Gohelle.

Arrêtée le 2 juillet 1942 (dénoncée par un camarade qui avait parlé sous la torture), elle fut emprisonnée à Douai et condamnée à un an de prison. En avril 1947, elle donna cependant une version un peu différente : « J’ai cependant commis une faute. Je me suis présentée au tribunal et j’ai avoué avoir distribué des tracts. » Julie Dewintre fut libérée malade le 17 avril 1943 et reprit aussitôt ses activités, sous le nom de « Claudette », hébergée chez des camarades à Annay-sous-Lens. Responsable de la propagande pour le secteur d’Hénin-Liétard-Carvin, elle échappa de justesse, par deux fois, aux gendarmes, alors qu’elle effectuait à bicyclette des transports de tracts.

Elle assura, comme adjointe d’Émilienne Galicier* (du Nord) les fonctions de responsable intertechnique du Nord et du Pas-de-Calais pour les groupes de femmes patriotes qui contribuèrent à la création de l’UFF. Elle fut alors sous-lieutenant chez les FTPF.

À la Libération, elle fut élue, au comité fédéral et au bureau fédéral du PCF du Pas-de-Calais jusqu’en 1950. Elle avait suivi une école centrale d’un mois du 12 mars au 7 avril 1945, puis une école de quatre mois, de novembre 1950 à mars 1951, durant laquelle la direction nota son « sens de classe très vif » et sa « longue expérience des luttes ouvrières ». De façon inhabituelle, elle suivit une nouvelle école de quatre mois en 1963.

Avec l’UFF et le PCF, Julie Dewintre avait pris une grande part aux grèves des mineurs de 1947-1948. Elle organisa des délégations en région parisienne pour assurer la solidarité aux familles de grévistes, et impulsa les mouvements de protestation contre l’emprisonnement des militants syndicalistes mineurs.

Elle fut quelque temps membre suppléante du comité central du PCF en 1950, mais ne fut pas maintenue en 1954. Elle souhaita alors revenir dans le Pas-de-Calais.

Elle avait assumé des responsabilités départementales de plus en plus importantes à l’UFF, puis en devint une dirigeante nationale chargée de l’UFF chez les femmes de mineurs, élue au conseil national de 1954 à 1963, dont sept années au secrétariat national. Elle fut secrétaire départementale de l’UFF du Pas-de-Calais de 1959 à 1965 puis membre du bureau.

Elle appartint au bureau de la section communiste de Lens de 1963 à 1965, puis en 1968 au comité de section de Loos-en-Gohelle, où elle résidait toujours.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22655, notice DEWINTRE Julie [née MANGEZ Julie] par Christian Lescureux, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 2 mars 2012.

Par Christian Lescureux

Julie Dewintre
Julie Dewintre

SOURCES : Arch. comité national. — RGASPI, 495/270/92. — Roger Pannequin, Adieu camarades, Sagittaire, 1977. — Renseignements recueillis par Christian Lescureux.

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