FRITSCH Henri, Marie, Fernand, Constant, Léon [Pseudonyme dans la Résistance : Frédéric]

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Né le 17 mai 1892 à Angoulême (Charente), abattu le 29 août 1944 à Sermaize-les-Bains (Marne) ; médecin ; résistant ; BOA ; FFC au titre du réseau Action D.

Henri Fritsch
Henri Fritsch
SOURCE : 
Site officiel de la ville de Sermaize-les-Bains

Henri Fritsch était le fils de Jules Léon Fernand Fritsch, lieutenant au 21e Régiment d’artillerie en garnison à Angoulême, et de Marie Mathilde Victorine Déchanet, sans profession. Il avait épousé Geneviève Honorine Marie Martin le 10 février 1920 à Cosne (Cosne-Cours-sur-Loire, Nièvre). Le couple avait cinq enfants, Fernand, Henry, Georges, Marie-Thérèse, Jean.

Médecin auxiliaire pendant la 1ère guerre mondiale, Henri Fritsch avait été décoré de la Croix de guerre avec trois citations et avait été élevé au grade de chevalier de la Légion d’Honneur. Sous-lieutenant de réserve, il s’était installé dans la Marne à Sermaize-les-Bains en 1923, où il exerçait la profession de médecin.

Mobilisé comme médecin-capitaine à Épernay (Marne) en septembre 1939, il revint en août 1940 à Sermaize où son épouse décéda en 1943.
À Sermaize, dès le début de l’Occupation, il soigna les prisonniers évadés et prit en charge leur hébergement dans le cadre d’une filière qui les envoyait à Vichy où ils pouvaient se faire démobiliser légalement.
En mai 1942, il fut un des organisateurs du premier groupe de résistance mis en place dans le secteur de Sermaize. Ce groupe était vraisemblablement en contact avec le groupe Yes du commandant Jacques de La Fournière constitué dans le secteur de Vitry-le-François (Marne), qui était lié au réseau Juggler-Robin, sous-réseau du réseau Buckmaster Physician-Prosper appartenant au Special Operations Executive (SOE) britannique.
Membre du BOA-Marne sous le pseudo de « Frédéric », il participa avec André Renaudin, responsable du Bureau central de renseignement et d’action (BCRA) de la France libre, à des opérations de parachutage et soigna plusieurs membres d’équipages alliés abattus dans le secteur.
Son fils Georges Fritsch s’était engagé sous le pseudonyme de Jerry dans un des maquis de la Forêt de Trois-Fontaines.

Le 29 août 1944 le docteur Fritsch s’est rendu en moto à la ferme de La Neuve-Grange pour y soigner un parachutiste britannique blessé, puis a visité un des ses patients à Cheminon (Marne). De retour à Sermaize en tout début d’après-midi, alors que des soldats allemands avaient investi la ville, tirant sur les passants et lançant des plaquettes incendiaires sur les maisons, il a été abattu à moins de cent mètres de son domicile.
Dix autres habitants de Sermaize ont été abattus ou brûlés vifs dans leurs maisons : Roger Chollet, Marie Louis Delissus, Georges Lambert, Antoinette Loisier, Pierre Mansion, Louise Paul née Cormann, Albert Petit et son épouse Marie Petit née Tixier, Paul Schaff et son épouse Paulette Schaff née Page.
À ces onze victimes, il faut ajouter Marie Loisier née Denis et André Froment qui sont morts des suites de leurs blessures, et dont les noms ont été ajoutés à la liste des victimes civiles du 29 août 1944.

L’acte de décès numéro 25 dressé le 1er septembre 1944 à l’état-civil de Sermaize-les-Bains déclare Henri Fritsch « Victime civile », décédé le 29 août 1944 à treize heures 30, rue de Vitry.

On a longtemps cru que ce massacre avait été perpétré par des SS. L’historien Jean-Pierre Harbulot a établi qu’il s’agissait de soldats ordinaires appartenant au 29e Régiment de Panzergrenadier, une « unité conventionnelle de l’armée régulière », autrement dit de « soldats ordinaires » de la Wehrmacht. Ce régiment faisait partie de la 3e Division de Panzergrenadier qui, après avoir combattu sur le front de l’Est en Russie, puis en Italie dans la région de Florence, a été ramené en Allemagne, rééquipé et renforcé, puis envoyé en France pour protéger la retraite de la Wehrmacht et ralentir l’avancée des la IIIe Armée américaine du général Patton.
Du 29 au 31 août 1944, des unités appartenant à ce régiment se sont livrées à des exactions à Sermaize-les-Bains et dans les villages meusiens de la vallée de la Saulx, Robert-Espagne, Couvonges, Beurey-sur-Saulx et Mognéville : exécutions sommaires, massacres de civils, maisons incendiées.

Henri Fritsch a été reconnu « Mort pour la France » en 1946 et a été homologué FFI avec le grade de commandant. La Médaille de la Résistance avec rosette lui a été décernée à titre posthume par décret du 24 avril 1946, publié au JO du 17 mai 1946.

Dans la Marne, à Sermaize-les-Bains où le docteur Fritsch est inhumé, le conseil municipal a décidé à l’unanimité dès le 29 août 1945 de donner son nom à la rue de la gare. Il figure sur la liste des « Victimes civiles » de la 2e guerre mondiale du monument aux morts.
À Paris, son nom est inscrit sur le mémorial 1939-1945 de la Faculté de médecine de Paris, érigé dans le hall de l’université Descartes 12, rue de l’école de médecine.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article226783, notice FRITSCH Henri, Marie, Fernand, Constant, Léon [Pseudonyme dans la Résistance : Frédéric] par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson, version mise en ligne le 29 avril 2020, dernière modification le 5 avril 2021.

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Henri Fritsch
Henri Fritsch
SOURCE : 
Site officiel de la ville de Sermaize-les-Bains
Dans le cimetière de Sermaize-les-Bains
Dans le cimetière de Sermaize-les-Bains
Sur le monument aux morts</br> de Sermaize-les-Bains
Sur le monument aux morts
de Sermaize-les-Bains
SOURCE : 
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson

SOURCES : SHD, GR 16 P 35769. – Arch. CH2GM, Dossier Sirot, BOA Bloc-Est-Marne. – Arch Dép. Marne, M 4774, Membres de la résistance tués au combat ou fusillés après capture, fusillés ou exécutés par les Allemands, autres victimes. – Mairie de Sermaize-les-Bains. – L’Union (photo), 4-5 mai 1946. - Bulletin de la Résistance (photo), Vitry-le-François, n° 14-15, mars-mai 1947. – Lionel Fontaine, Patriotes dans la forêt de Trois-Fontaines 1943-1944, Chaumont, mars 2003. – Jean-Pierre Harbulot, " Les massacres du 29 août 1944 dans la vallée de la Saulx et leurs suites judiciaires ", Meuse en guerres, Bar-le-Duc, Société des lettres, sciences et arts, 2010. – " Le docteur Henry Fritsch " (photo), sur le site officiel de la ville de Sermaize-les-Bains. – Mémorial Genweb. – État civil, Angoulême (acte de naissance) ; Sermaize-les-Bains (acte de décès).

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable