ROLLAND Roger, Jean

Par Gilles Pichavant

Né le 10 avril 1899 au Havre (Seine-inférieure, Seine-Maritime) ; marin du cuirassé Voltaire, condamné à 20 ans d’emprisonnement par le conseil de guerre ; communiste, élu au conseil général de Seine-inférieure.

Roger Rolland naquit au Havre le 10 avril 1899, et devint charpentier de marine. Le 10 mai 1917, il s’engagea pour trois ans comme volontaire dans les Équipages de la Flotte.

A la fin de la 1ère guerre mondiale, Roger Rolland était mécanicien sur le cuirassé Voltaire. Le 19 juin 1919, alors que le navire était en réparation à Bizerte, l’amiral fit savoir que le navire allait être dirigé en Orient. Les marins savaient ce qu’on attendait d’eux en Orient, c’est-à-dire intervenir contre la République des Soviets. Ils résolurent de faire grève. Le mouvement était animé par le chauffeur Henri Alquier, le mécanicien Georges Wallet* (arrêté le 24) et le timonier Pierre Vottero, arrêté le 25.

Le lendemain, le commandant demanda à l’équipage de choisir quatre délégués, en leur donnant sa parole qu’aucune sanctionne serait prise contre eux. La délégation discuta avec le commandant et lui dit que l’équipage ne se prêterait pas à la campagne contre-révolutionnaire et anticonstitutionnelle qu’on attendait d’eux. Le commandant rassura la délégation, si bien que celle-ci conseilla à l’équipage de reprendre le travail. Deux jours plus tard, les marins des classes 1910, 1911, 1912 et 1913 quittèrent le navire et furent rapatriées. L’équipage crut que l’affaire était close. Or, un matin, trente deux hommes furent envoyés en corvée à terre, et furent arrêtés un à un , et encadrés par des soldats africains, baïonnette au canon. Ils passèrent au conseil de guerre. Le 26 septembre1919, Roger Rolland écopa de vingt ans, pour "complot contre l’autorité du commandant et la sûreté du bâtiment".

Une importante campagne pour l’amnistie pleine et entière commença dans la gauche française et prit un aspect particulier, en 1922, avec sa candidature comme candidat d’amnistie présenté par le parti communiste, au conseil général dans le 4e canton du Havre. Le 22 mai , il fut élu conseiller général, mais son élection fut annulée par le conseil d’État.

D’après Gustave Champale, il était membre de la section du Havre du Parti communiste.

Le 2 août 1922, Roger Rolland bénéficia d’une grâce amnistiante, et fut libéré de la central de Clairvaux. Il fut renvoyé au Dépôt de Cherbourg pour finir son service militaire. De là, il fut envoyé à la section spéciale d’Oloron. Le 16 juillet 1923, suite à la découverte d’une lettre du Parti communiste français, il fut envoyé à la section disciplinaire de la Marine à Saint-Florent (Corse). Il devait être libéré le 15 août, mais il fut de nouveau poursuivi devant le conseil de guerre, pour outrages par parole et propagande communiste. II entama une grève de la faim. Il fut finalement libéré le 6 septembre 1923.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article226792, notice ROLLAND Roger, Jean par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 28 avril 2020, dernière modification le 28 avril 2020.

Par Gilles Pichavant

SOURCES : Arch. Dép. de Seine-Maritime, registre matricule, classe 1919, 1R3771, n°2875. — L’Humanité, 28 juillet 1922, 23 septembre 1922, 28 septembre 1923

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