NAUDI Antoine [écrit aussi NAUDY]

Par André Balent

Né le 18 avril 1918 à Guils de Cerdanya (province de Gérone, Catalogne, Espagne), mort le 29 juin 1944 à Arvigna (Ariège) exécuté sommaire ; cultivateur ; résistant (FTPF)

Antoine Naudi (1918-1944)
Arch. dép. Ariège, 64 J 23, fonds Claude Delpla. Dans ce fonds, cette photographie est présentée comme étant celle de Jean Naudi, père d’Antoine (et vice-versa pour le portrait photographique de Jean)

Antoine Naudi était le sixième des neufs enfants de Jean Naudi et de Teresa Fabra, son épouse. Né dans une famille de métayers de la Cerdagne espagnole, sa famille vint s’installer en Ariège au début des années 1920. Ils se fixèrent vers 1932-1933 dans la commune d’Arvigna, dans la moyenne vallée du Douctouyre dans le massif du Plantaurel, à équidistance de Foix, Pamiers et Lavelanet. Ce petit village avait une économie agricole fondée sur l’élevage et la polyculture. Les Naudi devinrent métayers de la ferme du Marty. Ils s’intégrèrent parfaitement dans la région dont les petits villages comptaient deux autres familles de Cerdagne dont une, homonyme et peut-être apparentée, originaire de la Cerdagne française.

Lorsque la Résistance s’organisa autour de militants ruraux du Parti communiste (Voir Gos Aimé), beaucoup de jeunes des villages de ce secteur du Plantaurel et de son piémont intégrèrent ses rangs et vinrent gonfler dans la première moitié de 1944, et singulièrement après le 6 juin la 3101e compagnie des FTPF de l’Ariège. Antoine Naudi fut ceux-là, ainsi que ses frères Jean et Vincent. Ils participèrent ainsi au combat de Vira, le 29 juin 1944. Les fils Naudi et leur père aidant par ailleurs les maquisards espagnols de l’AGE (Agrupación de guerrilleros españoles) présents tout près de Marty, au « Château ». Ils leur fournissaient du lait (quotidiennement) et d’autres victuailles. Cet engagement des Naudi en faveur des résistants (FTPF et AGE) ne passa inaperçue des rares miliciens locaux, par ailleurs très activistes. L’un d’entre eux, d’une famille de Cerdagne française établie à Saint-Amadou (Ariège), Pierre Barnola (1926-1944) avait intégré les Francs gardes et était devenu aussi un informateur de la Sipo-SD. Ils connaissait bien les Naudi avec qui, dans le passé, il avait entretenu des relations d’amitié.

Ce fut Barnola qui, accompagné d’une cinquantaine de francs gardes rassemblés au préalable à Pamiers, amena les Allemands à la ferme du Marty, le 29 juin 1944 au petit matin. Ils recherchaient seulement les hommes présents dans la maison, coupables d’avoir intégré les FTPF ou d’aider les maquisards de l’AGE. Les femmes et les jeunes enfants furent épargnées. Jean, Antoine Naudi et le valet de ferme François Soler furent abattus puis leur corps transportés dans la grange qui fut incendiée. Pour le détail de l’opération conjointe des Allemands et des Francs gardes de la Milice à la ferme de Marty, Voir Naudi Jean. Pierre Barnola essaya, avec deux autres franc-gardes, d’infiltrer le maquis de la forêt de Manses. Démasqué, il fut, avec l’un de ses comparses, exécuté par les maquisards (2 août 1944).

Les corps des trois hommes furent inhumés le 10 juin dans le cimetière d’Arvigna en présence de « beaucoup de monde », selon le témoignage écrit (ca. 1993 ou 1994) d’Hélène Naudi, sœur cadette d’Antoine, qui signe : « Hélène Terret-Naudy ». Jean Naudi fut déclaré « mort pour la France ». Il y a à son nom un dossier au Service historique de la Défense : à Vincennes (cote 16 P 440570, non consultée). Son nom figure sur le monument aux morts d’Arvigna.. Il est également inscrit sur le monument commémoratif de Vira érigé à l’intersection des routes départementales 12 et 48 érigé à la mémoire des morts « de la résistance et victimes du nazisme de la vallée du Douctouyre » (17 noms dont 8 pour les seules victimes des Allemands le 9 juin 1944, 2 pour celles du 12 juin et 3 pour celles d’Arvigna le 29 juin auxquels s’ajoutent les noms de quatre déportés en Allemagne qui ne sont pas revenus).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article226837, notice NAUDI Antoine [écrit aussi NAUDY] par André Balent, version mise en ligne le 29 avril 2020, dernière modification le 2 avril 2022.

Par André Balent

Antoine Naudi (1918-1944)
Arch. dép. Ariège, 64 J 23, fonds Claude Delpla. Dans ce fonds, cette photographie est présentée comme étant celle de Jean Naudi, père d’Antoine (et vice-versa pour le portrait photographique de Jean)
Monument aux morts d’Arvigna (Ariège). Détail
Source : site MemorialGenWeb

SOURCES : Arch. dép. Ariège, 64 J 23, fonds Claude Delpla, en particulier le témoignage écrit (photocopie) d’Hélène Terret-Naudy — nom transcrit par erreur « Jeanne Terret », p. 40, dans la note de présentation du témoignage — , d’une revue dont le nom, le lieux et date de publication n’apparaissent : « Lorsque soldats et miliciens semaient la terreur. Ce jour-là à la ferme de Marty », pp. 40-46 (ill.) ; 10 M 4/35, recensements d’Arvigna, 1931 et 1936 ; 10 M 4/36. — Claude Delpla, La Libération de l’Ariège, Toulouse, Le Pas d’Oiseau, 2019, 514 p. [pp. 97-98]. — Olivier Nadouce, L’Ariège, terre de résistance. La bataille de Vira, Saint-Cyr-sur-Loire, Alan Sutton, 2008, 157 p.] Voir en particulier les pp. 54, 75, 86, 92, 116, 128, 135, 153, 160. Ce livre rassemble un grand nombres de témoignages d’acteurs de la Résistance dans la vallée du Douctouyre et du combat de Vira ou ayant assisté à des phases de celui-ci. Olivier Nadouce les a recueillis et mis en forme. — Site MemorialGenWeb consulté le 26 avril 2020. — Site Mémoire des Hommes, consulté le 25 avril 2020.

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