KIBLEUR, Jean, pseudo Mat

Par Michel Aguettaz

Né le 21 septembre 1906 à Hanoï (Vietnam), exécuté le 8 juin 1944 à Cruet (Savoie) ; résistant de l’Armée Secrète AS.

Jean Kibleur passa son enfance en Indochine où son père, Samuel-Adolphe Kibleur, était sous-officier de gendarmerie. En 1912, ce dernier était maréchal des logis à Lang-son (près de la frontière chinoise), et on le retrouve en1916 avec le grade d’adjudant commandant de l’arrondissement de Can-tho, au sud-est de Saïgon.
Prisonnier évadé, Jean Kibleur occupait le poste de délégué de l’ONIC (Office national interprofessionnel des céréales) à Chambéry. Ayant rejoint les MUR, d’abord chef du sous-secteur AS de Chambéry, il devint responsable départemental des groupes francs.
Au début de l’année 1944, les arrestations de cadres des MUR se multiplièrent dans le secteur de Chambéry et l’étau se resserra sur Jean Kibleur. Un rapport des Renseignements Généraux nous relate la tentative d’arrestation dont il fut l’objet : « Dans la nuit du 15 au 16 mars, vers 0 heure, 2 individus armés de mitraillettes, l’un français, l’autre italien, tous deux porteurs d’un ordre de mission signé du capitaine Heinson, chef de la police allemande de Chambéry, ont pénétré dans les bureaux de la Préfecture, après s’être fait ouvrir les portes, sous la menace de leurs armes, ils ont recherché quelques adresses au standard téléphonique l’adresse de M. Kibleur, délégué de l’ONIC, considéré par les autorités allemandes locales comme le chef des FTP de Chambéry... » On notera au passage l’analyse erronnée des Allemands qui pensent que Kibleur appartient aux FTP.
A cette date, Jean Kibleur avait déjà quitté Chambéry et se trouvait à La-Plagne, avec les hommes du groupe-franc « La Vapeur » avec lesquels il participa à la réception du parachutage du 10 mars 1944. Au retour de ce parachutage, il se sépara de l’équipe pour aller s’installer au maquis des Frasses situé au dessus de Saint-Jean-de-la-Porte sur le rebord oriental des Bauges. C’est là qu’il fut capturé le 19 avril lors d’une opération menée par la police allemande (Voir notice)
Alors que ses compagnons de maquis furent tous exécutés sur place, Jean Kibleur, identifié, fut emmené à Chambéry pour y être interrogé.
Le 8 juin 1944, il fut convoyé, depuis Chambéry, en compagnie des deux résistants FTP Lucien Bois, et Jean-Louis Bouvet, et d’autres, dont des résistants, Hector Butin,cadre FFI, Navarro-Pajeja, Raymond Brun, Romain Berthet, et un inconnu, jusqu’à hauteur du lieu dit « Pont-des-Anglais », sur les bords de la RN6, sur la commune de Cruet.
Tous ces hommes furent exécutés à cet endroit vers 11h30.
Un monument a été érigé sur les lieux de l’exécution.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article226891, notice KIBLEUR, Jean, pseudo Mat par Michel Aguettaz, version mise en ligne le 30 avril 2020, dernière modification le 30 avril 2020.

Par Michel Aguettaz

SOURCES : Arch. Dép. Savoie, 1382 W 231. — SHD, Vincennes, GR 16 P 319716. — Témoignage d’ Yves Bravard . — André Mollard, La Résistance en Savoie (1940-1944) : Les Mouvements Unis de Résistance, Chambéry, André Mollard, 1972.

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