VANDERBECQ Raoul, Charles, Henri

Par Jean-Marie Guillon

Né le 18 mars 1902 à Condé-sur-Escaut (Nord), tué par la Résistance le 2 août 1944 à Aspres-sur-Buech (Hautes-Alpes) ; vétérinaire ; réseau de renseignements Gallia.

Raoul Vanderbecq
Raoul Vanderbecq
Amicale du réseau Gallia

Fils d’Henri Vanderbecq et de Charlotte Lebrun, instituteurs adjoints tous les deux, il était vétérinaire à Gap (Hautes-Alpes). Fragile des poumons, cherchant un climat qui lui convienne, il s’y était établi après sa sortie de l’École vétérinaire militaire de Lyon en 1926.
Marié à Marie-Antoinette Colomb, il était père de six enfants en 1944, le dernier étant né en 1943. Vétérinaire-lieutenant de réserve, il avait été mobilisé en 1939 et affecté à la 230e brigade alpine sous le commandement du colonel Paul Lanoyerie. C’est avec ce dernier qu’il participa à la Résistance en devenant membre du réseau de renseignements Gallia, dépendant de la France libre, dans le courant de 1943. Agent P2, il y fut immatriculé sous le code G 541. Il resta en contact tout au long de la période avec le colonel Lanoyerie (voir ce nom), responsable du réseau pour la région grenobloise, puis adjoint au chef du réseau à Lyon (Rhône) le 8 juin 1944. Mais avant même la création du réseau, les deux hommes travaillaient ensemble puisque ce serait à la demande du colonel qu’il lui arriva de dissimuler des animaux (des mulets, semble-t-il) abattus pour, selon la notice biographique de l’Amicale du réseau Gallia, « procurer de la viande aux Camps de Jeunesse qui s’organisent autour de Gap et qui cachent des résistants et des Juifs ». Cette affirmation intrigue : que sont ces camps de jeunesse ? S’agissait-il des Chantiers de jeunesse créés par le gouvernement de Vichy ? S’agissait-il des camps scouts, éclaireurs ou de la jeunesse chrétienne qui s’installaient l’été dans les Hautes-Alpes ? Quoi qu’il en fut, cela fut découvert en septembre 1941 et lui valut d’être condamné à deux ans de prison pour « complicité d’escroquerie et faux en écritures publiques ». Emprisonné à Montluc à Lyon, il en sortit le 21 avril 1942. Sous l’occupation italienne d’abord (novembre 1942-septembre 1943), puis allemande, son statut de vétérinaire réquisitionné lui permit de recueillir des renseignements sur les troupes étrangères qui stationnaient sur le territoire – Hautes-Alpes et une partie de la Drôme – qu’il était autorisé à parcourir. Parlant très bien l’allemand, y compris dialectal, devenu le vétérinaire de la Wehrmacht, il put gagner la confiance des officiers qui étaient en relation avec lui, même s’ils lui adjoignirent pour l’accompagner et peut-être le surveiller un adjudant autrichien qui se prit d’amitié pour lui. Ce double jeu n’était pas sans risques, mais il était en contact avec Paul Héraud, chef département FFI (Forces françaises de l’Intérieur) et avec le futur préfet du département, Edmond Pascal. Le 2 août 1944, il partit de Gap avec sa traction avant à gazogène dans un convoi de la Wehrmacht. Il y était avec son fils aîné, Gabriel, âgé de 16 ans, qui n’ignorait rien de ses activités (il lui servait d’agent de liaison en vélo entre Gap et Veynes, Hautes-Alpes). Il devait rencontrer Lanoyerie à Lyon et, pour pouvoir s’y rendre, il avait prétexter la nécessité d’aller chercher du sérum à l’Institut Mérieux de Lyon pour soigner des chevaux du Diois atteints de la gourme. En chemin vers le col de Luz-la-Croix-Haute (Hautes-Alpes), le convoi tomba dans une embuscade tendue par le détachement FFI du Buech, dépendant de l’Organisation de Résistance de l’Armée (et non des Francs-tireurs et partisans comme il est affirmé dans la notice de l’Amicale du réseau Gallia déjà citée) au lieu-dit Pont-la-Dame (commune d’Aspres). Sa voiture était en tête et, bien qu’elle eut une croix blanche et qu’il ait été connu des maquisards (dont il avait soigné des blessés peu avant), elle fut prise sous le feu du fusil mitrailleur servi par des Polonais qui avaient déserté l’armée allemande et rejoint le maquis. Selon les témoignages (mais peut-être pour justifier cette tragique bévue), un officier allemand se trouvait avec eux. Raoul Vanderbercq fut mortellement touché et son fils fut blessé à la tête. Ils furent ramenés à Gap. Lanoyerie qu’il devait rencontrer fut arrêté par la police allemande le 4 août et fusillé le 20.
La famille de Raoul Vanderbecq reçut un « Certificate of Service » signé par B. L. Montgomery, Field Marshal et Commander in Chief of the 21rst Army Group, le 6 mai 1946. Homologué chargé de mission de première classe équivalent au grade de capitaine, Raoul Vanderbecq fut reconnu « Mort pour la France » en 1948, décoré à titre posthume de la Croix de guerre avec citation à l’ordre du Corps d’armée, de la Légion d’honneur en octobre 1954 et de la Médaille de la Résistance le 18 janvier 1968. Un jugement du tribunal de Grenoble (Isère) du 9 avril 1946 avait effacé sa condamnation de 1941 et l’avait réhabilité.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article226906, notice VANDERBECQ Raoul, Charles, Henri par Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 10 mai 2020, dernière modification le 26 juillet 2021.

Par Jean-Marie Guillon

Raoul Vanderbecq
Raoul Vanderbecq
Amicale du réseau Gallia

SOURCES : sites internet Mémoire des hommes SHD Caen AC 21 P 165926 et reseaugallia.org. ⎯ Richard Duchamblo, Cahiers "Maquisards et Gestapo", Gap, Ribaud Frères, 19 cahiers 1945-1949, reprint 2005, Gap, Éd. des Hautes-Alpes, tome 2, 14e cahier, p. 24-26 (témoignage de son épouse). ⎯ Richard Duchamblo, HistoireS de notre ville, Gap, ses hommes, ses rues, Gap, Éd. de la Librairie des Hautes-Alpes, 1994. ⎯ état civil.

fiches auteur-e-s
Version imprimable