DIEBOLT-SIFFERT Berthe [née DIEBOLT Berthe, Marguerite, épouse SIFFERT, dite]

Par Françoise Olivier-Utard

Née le 12 mars 1915 à Strasbourg-Robertsau (Bas-Rhin), morte le 26 novembre 2002 à Strasbourg ; employée de commerce, militante communiste, militante de l’UFF ; conseillère municipale de Strasbourg.

Son père, Joseph Diebolt, né en 1877 à Gingsheim (Bas-Rhin), blessé au genou pendant la guerre de 1914-1918, s’était formé au métier de tailleur. Il était tailleur l’hiver et ouvrier agricole l’été. Il adhéra à la CGTU. Sa mère, Marie-Madeleine Karcher, née en 1879, fille de cultivateurs, était devenue orpheline à dix ans et avait appris le métier de couturière. Elle n’avait pas d’opinions politiques. Les deux parents étaient catholiques pratiquants. La famille, de cinq enfants, vivait dans un très grand dénuement, était très mal logée. Berthe ne se souvient pas d’avoir jamais eu de jouet, pas même de poupée.
Elle suivit l’école primaire jusqu’à treize ans et dut renoncer à son désir de poursuivre des études. Elle entra, à quatorze ans, à la Coopé (Union des coopérateurs d’Alsace), et devint vendeuse à Strasbourg dans l’épicerie populaire de la rue des Frères, près de la cathédrale. Elle n’avait pas de chaussures et partait au travail en pantoufles. Elle travaillait le dimanche matin, pour la vente du lait frais.
La CGT était très bien implantée à la Coopé (usine de production et magasins). Berthe Diebolt y adhéra tout de suite. Quelques années plus tard, elle fut mutée dans l’épicerie de l’élégante allée de la Robertsau : elle ne se priva pas de faire, dans ses Mémoires, des commentaires sur la différence de comportement de la clientèle.
En 1938, elle adhéra au Parti communiste, poussée par l’un de ses frères. Elle ne suivit aucune école du parti mais fut envoyée en 1945 au congrès de Paris. Elle y découvrit les débats politiques et culturels, l’histoire, la philosophie. Elle fut fascinée par l’idée d’approcher les « grands intellectuels ». C’est désormais du parti qu’elle tirerait la formation intellectuelle qui lui avait été refusée jusque-là. De là aussi lui vint le goût de la lecture, qui ne l’abandonna jamais.
En novembre 1945, elle épousa Xavier Siffert*, né le 30 novembre 1901 à Rosheim, de retour de trois ans de camp de travail.. Le couple eut enfants.
En septembre 1945, elle avait lançé dans la bataille électorale des municipales (retardées en Alsace). Fille du peuple, elle parlait en alsacien dans les meetings, traitait des difficultés de la vie courante, de la cherté des prix, quand Suzanne Fath* ou Jeannette Vermersch intervenaient sur des questions plus générales, en français. Elle fut élue conseillère municipale de Strasbourg, aux premières élections municipales auxquelles participaient les femmes. Elles n’étaient d’ailleurs que trois élues, une communiste, une UFF et une MRP, qui toutes trois disparurent très vite de l’arène municipale, décidément le fief des mâles. Son action fut orientée sur les questions sociales, en particulier les familles défavorisées des quartiers pauvres. Elle invoqua les charges familiales qui s’alourdissaient pour ne plus se représenter aux élections municipales dès 1947.
Elle continua cependant à militer à la base, et à vendre au porte à porte les journaux de l’UFF, dans son ancien quartier du Port du Rhin et au Neuhof, où elle venait d’emménager. À cette époque la plupart des femmes des milieux populaires se voyaient obligées d’abandonner leur travail quand elles se mariaient. « Avec les conseils pratiques sur l’hygiène et la santé, on amenait les femmes à la politique, mais il fallait être patiente. » Ce n’était pas d’emblée le discours habituel de la lutte des classes. Elle fut 4e sur la liste communiste à la première Constituante (octobre 1945), ainsi qu’à la seconde (juin 1946).
Berthe Diebolt-Siffert passa sa vie dans les quartiers populaires. À plus de quatre-vingt ans, elle n’avait rien perdu de sa pétulance ni de sa capacité d’indignation. Et elle chantait toujours des chansons révolutionnaires.
Mariée le 20 novembre 1945 à Strasbourg avec Xavier Siffert, né le 30 novembre 1901 à Rosheim. Le couple eut enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22703, notice DIEBOLT-SIFFERT Berthe [née DIEBOLT Berthe, Marguerite, épouse SIFFERT, dite] par Françoise Olivier-Utard, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 4 avril 2021.

Par Françoise Olivier-Utard

SOURCES : Arch. Dép. Bas-Rhin : 544D40, 544D41. — Entretiens 12 juin 1999, 15 janvier 2000. — Mémoires inédits.

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