DIEUX Jean-Louis, René, Robert, Marie

Par Jacques Girault

Né le 6 décembre 1941 à Toulon (Var), mort le 13 décembre 2007 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; maître d’éducation physique ; militant socialiste ; maire du Luc (Var) ; conseiller général ; conseiller régional.

Fils d’un chimiste, Jean-Louis Dieux, membre des Faucons rouges, adhéra aux Jeunesses socialistes SFIO à la fin des années 1950 et appartint à leurs instances nationales. Maître d’éducation physique et sportive au collège d’enseignement technique Le Chatelier à Marseille (Bouches-du-Rhône), il fut détaché comme conseiller d’éducation populaire au service départemental de la Jeunesse et des sports du Var en novembre 1964.
Marié, père d’une fille, Dieux vécut avec Jacqueline Durando à partir de 1968 et divorça. Il anima la grève, en mai-juin, au collège où il travaillait et participa activement au mouvement dans la ville de Toulon. Par la suite, il prit part aux combats pour le droit à l’avortement avec le Planning familial et l’association « Choisir ». Il chercha constamment à promouvoir des femmes à des postes de responsabilité.
En 1968-1969, Dieux rencontra Jean-Pierre Chevènement et Didier Motchane. Il adhéra au Centre d’Etudes et de Réflexion d’études socialistes qu’ils avaient créé qui se transforma en tendance (CERES) dans le nouveau Parti socialiste en 1971. Partisan de l’Union de la gauche, il militait pour nouer des liens avec les pays de l’autre côté de la Méditerranée.
Dieux fut membre du premier bureau exécutif national aux côtés de Chevènement. En juin 1971, lors du congrès d’Épinay, il entra avec six autres militants du CERES au Comité Directeur du PS. Il y demeura jusqu’à la rupture de celui-ci avec le parti en 1993.
Dans la fédération socialiste du Var, les militants du CERES participaient au courant majoritaire dirigé par Édouard Soldani soutenant François Mitterrand et Gaston Defferre. Au milieu des années 1970, ils furent rejetés dans la minorité quand Soldani, suivant Mitterrand, se rapprocha des partisans de Michel Rocard. Gardant sa fidélité au courant du CERES, Dieux entretenait des rapports cordiaux avec de nombreux membres responsables des autres courants du PS, renforcés par des interventions communes conformes aux directives du parti. Son caractère et son comportement l’éloignaient de tout sectarisme interne ou externe. En 1980, lors du congrès du PS à Metz, il soutint la candidature de Mitterrand. En 1986, il devint premier secrétaire de la fédération socialiste, le CERES représentant alors la plus forte minorité du parti dans le département (près de 30 % des mandats). Deux ans plus tard, l’alliance des autres courants conduisait le CERES à redevenir minoritaire dans le département.
Dieux passa en 1993 au Mouvement des Citoyens à la suite de la première guerre d’Irak, des divergences sur la ligne politique et la construction de l’Europe. Il en présida le groupe varois et en fut membre des instances nationales. Comme militant du MRC, en avril 1997, il signa l’appel pour obtenir un référendum sur la monnaie unique. Le Mouvement se transforma en Mouvement républicain et citoyen en 2003. Habitant dans les Bouches-du-Rhône, il y présida le parti jusqu’en 2008. En 2002 il soutint la candidature de Chevènement à l’élection présidentielle.
Dieux signa l’appel d’École et socialisme, lancé le 13 février 1973 en faisant suivre son nom de son appartenance syndicale au Syndicat national de l’enseignement et de l’éducation physique et sportive (Fédération de l’Éducation nationale). Après le colloque organisé par Ecole et Socialisme, sur le thème "Quelle École pour le socialisme ?" (23-24 février 1974) à Cachan, il fut un des vice-présidents du mouvement portant le même nom, représentant le CERES aux côtés de Bernard Derosier* du courant Mauroy et de J. Perrier des Cercles Jean Jaurès. Par la suite, il soutint activement la revue Ecole et Socialisme créée en décembre 1975 qui devint la publication du PS diffusée jusqu’en 1994 en direction du monde enseignant.
Militant du SNEEPS, membre de la tendance "Unité, Indépendance et Démocratie", Dieux fut membre de la commission administrative de la section départementale FEN du Var. "Chevalier de la laïcité" selon D. Motchane, il fut de toutes les luttes laïques dans le département, la défense de la laïcité constituant un de ses combats prioritaires. A partir de 1973, en relation avec les dirigeants de la FEN, il encouragea ses camarades du CERES, adhérents du SNES, à renforcer la tendance UID pour mieux s’opposer à la tendance Unité et Action qui dirigeait le SNES. En 1975, au congrès de Pau, le CERES quitta la majorité du Parti socialiste et, changeant de stratégie dans les syndicats enseignants, invita ses partisans à créer une tendance. Ces stratégies successives furent initiées principalement dans les sections de la FEN dans le Pas-de-Calais et dans le Var. La tentative de création d’une nouvelle tendance "Unité et Rénovation" apparut lors du congrès du SNES au Touquet en avril 1975. Mais, devant les résistances de la majorité du courant UID, elle échoua aussi bien dans le Var que dans le reste du pays.
Dieux fut élu en 1977 conseiller municipal du Luc (Var). Après le décès du maire socialiste Pierre Gaudin en 1978, il devint maire, fut réélu en 1983 et en 1989. Il fit un travail important pour l’organisation intercommunale, fondant l’un des premiers SIVOM qu’il présida pendant tout son mandat de maire. Son action toucha aussi le domaine culturel (création du musée régional du timbre, expositions d’art contemporain). Sa liste fut réélue en 1989 contre deux listes RPR et Front national séparées et il conserva son poste de maire. L’élection fut invalidée par le tribunal administratif avec comme motif essentiel le fait qu’il avait pris un apéritif au club du troisième âge le jour du vote. Aucune trace de malversation ne fut retenue. Lors de l’élection municipale qui suivit, la liste qu’il conduisait fut battue de 10 voix après la fusion au second tour des listes RPR et FN.
Dieux fut également conseiller général du canton du Luc pendant deux mandats. Il inaugura en 1981 une des premières missions locales du centre Var pour l’insertion des jeunes en milieu rural qu’il présida et initia le regroupement de celle-ci avec l’ANPE. Il encouragea le lancement de la biennale d’Art contemporain à Brignoles. En 1992, il créa la surprise en votant le budget présenté par la majorité de droite de l’assemblée. Des socialistes autour de Gérard Maestracci demandèrent des sanctions contre l’élu mais les dirigeants de la fédération socialiste s’en remirent à la Commission nationale des conflits. Aucune suite ne fut donnée.
Dieux soutint en 1977, à la demande de la direction nationale du Parti socialiste, la tentative de l’amiral Sanguinetti et d’une partie des militants socialistes toulonnais lors des élections municipales à Toulon. Cette opération échoua puisque la liste d’union de la gauche, dirigée par la communiste Danielle De March et comprenant pour moitié des militants socialistes, le devança nettement. Les reports de voix s’effectuèrent mal et la municipalité sortante, dirigée par Maurice Arrexck, fut réélue.
Quand, en 1984, Chevènement devint ministre de l’Éducation nationale, Dieux fit partie de son cabinet, spécialisé dans les questions de formation professionnelle.
Dieux fut désigné en 1982 pour représenter le département du Var dans le cadre du Conseil de la région Provence-Alpes-Côtes d’Azur, qui n’était pas élu au suffrage universel. Le président Michel Pezet* lui confia la délégation à la formation professionnelle continue et à l’apprentissage. Il créa l’Agence régionale pour le développement de l’éducation et de la formation, instance à caractère paritaire (patronat, administration, syndicats). En 1986, pour les élections régionales, il fut réélu à la tête de la liste socialiste dans le Var. Dans la nouvelle assemblée régionale, dirigée par Jean-Claude Gaudin, allié au Front national, il poursuivit son travail dans la minorité, au sein du bureau du groupe socialiste et dans le cadre des commissions de la formation professionnelle et de la culture. Lors de l’élection régionale de 1998, il représenta le MDC sur la liste "gauche unie et écologistes", conduite par Michel Vauzelle* dans les Bouches-du-Rhône et fut élu vice-président jusqu’en 2003. En 2004, il figurait à nouveau en quinzième position, avec l’étiquette du MRC, sur la liste conduite par Michel Vauzelle. Toujours membre de la commission permanente, il présidait la commission du tourisme et participait aux commissions de la culture et des marchés. Dans le cadre de la commission du tourisme, il présidait les groupes spécialisés dans la protection du littoral méditerranéen, tel que le conseil "rivage méditerranéen". Il organisa des colloques dont le dernier « Forum international du tourisme solidaire et du développement durable (Tourisme responsable pour un développement local durable des territoires méditerranéens) » se tint après son décès, les 17-18 janvier 2008. Parallèlement, membre du bureau national des Missions locales, il présidait, à partir de 2006, l’association régionale des Missions locales, la commission spécialisée au sein du conseil national des Missions locales et, depuis 1998, le Conseil des rivages méditerranéens au sein du conseil d’administration du conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres.
Ses obsèques se déroulèrent en deux temps. Le matin du 17 décembre, au funérarium du cimetière Saint-Pierre à Marseille, fut rendu un hommage républicain en présence notamment de Chevènement, des présidents des conseil régional (Michel Vauzelle) et général (Jean-Noël Guérini) et la député Sylvie Andrieux. L’inhumation se déroula, l’après midi, au cimetière de Lagoubran à Toulon. Prirent la parole sa fille et Alain Jaubert, son successeur comme animateur dans le Var du MRC. Une prière musulmane, prononcée par deux imams, et "La Marseillaise", chantée par l’assistance, suivirent. La Fédération socialiste publia sur son site Internet un hommage à sa mémoire. Le quotidien La Marseillaise titra un article de Salvatore Lombardo, "Le départ discret d’un citoyen".

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22719, notice DIEUX Jean-Louis, René, Robert, Marie par Jacques Girault, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 23 octobre 2017.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Dép. Var, 1459 W 26. — Presse locale. — Sources orales (Jean Battut, Jacqueline Durando, Robert Gaïa, Alain Jaubert, Didier Motchane transmis par J. Durando, Jean-Paul Roux).

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