GONZÁLEZ ESTEVE Enrique

Par André Balent

Né le 21 décembre 1916 à La Mola (?) (Espagne), mort le 2 juillet 1944 à Saint-Jean-de-Verges massacré par la Milice ; cuisinier dans une entreprise forestière de Labastide-de-Sérou (Ariège) ; libertaire ; réfugié de la Retirada ; victime civile

Réfugié lors de la Retirada, Enrique González connu comme militant libertaire était, en 1944, tout comme Juan Listan employé dans une entreprise forestière d’Aron, dans la commune de Labastide-de-Sérou, sur le contrefort septentrional du Plantaurel. Paralysé du côté droit, il ne pouvait pratiquer le bûcheronnage comme Listan. Il était employé comme cuisinier du groupe forestier.

Le patron de cette entreprise était un Tchèque, Paul W., né dans les Sudètes en 1915 et marié avec une Ariégeoise. Cet homme n’avait pas été naturalisé Français, mais avait adhéré à la Milice et intégré la Franc-garde. Après le 6 juin 1944, il avait rejoint la caserne de la Milice près du champ de Mars à Foix (Ariège) puis l’école régionale des cadres de la Milice à Pamiers (Ariège). Il était également devenu un agent de la Sipo-SD avant d’être exécuté le 21 août 1944 par des résistants au col del Bouich (dans la commune de Saint-Martin-de-Caralp, entre Labastide-de-Sérou et Foix, sur la RN — devenue RD — 117). Ente temps, il ne fit rien pour intervenir en faveur de ses deux employés lorsque ses amis de la Milice vinrent se saisir d’eux le 1er juillet 1944.
Ils furent arrêtés pour n’avoir pu justifier de leur identité.

Le 2 juillet, vers 18 heures, alors que la Milice avait annoncé le transfert de ses trois prisonniers (les deux employés du chantier forestier et Adrien Salles un policier français arrêté la veille pour défaut de papier lors de la foire de Labastide-de-Sérou ) à sa caserne de Pamiers, le camion s’arrêta au lieu-dit Permilhac, au sud de Saint-Jean-de-Verges, près d’un ancien four à chaux. Les trois hommes furent alors fusillés. L’exécution eut lieu dans le territoire de la commune de Saint-Jean-de-Verges, à quelques mètres de celui de Foix. Les corps furent abandonnés et leur présence questionnait et choquait les passants. Gabriel Marris, secrétaire de mairie à Foix décida d’enregistrer leur décès à l’état civil de la ville, même si cela ne correspondait pas à la réalité. Il fit inhumer les trois hommes au cimetière de Foix.

Le nom d’Enrique González, comme celui, d’ailleurs, des deux autres victimes ne figure sur aucun monument aux morts.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article227195, notice GONZÁLEZ ESTEVE Enrique par André Balent, version mise en ligne le 4 mai 2020, dernière modification le 24 mai 2020.

Par André Balent

SOURCES : Arch. dép. Ariège, 64 J 23, notes manuscrites de Claude Delpla. — Claude Delpla, La Libération de l’Ariège, Toulouse, Le Pas d’Oiseau, 2019, 514 p. [pp. 104-105, p. 126]. — Note de Jean-Pierre Besse.

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