CHIFFLOT (ou CHIFFOT) Albert

Par Maurice Moissonnier, Marie-Louise Goergen

Né le 14 août 1910 à Vénissieux (Rhône), mort le 28 août 1995 ; outilleur ; militant syndical CGTU puis CGT dans le Rhône, membre du Parti communiste, animateur de la Résistance de 1940 à 1944.

Le père d’Albert Chifflot, François, exerçait la profession de verrier et sa mère Marie Bois était jardinière ; le ménage résidait à Vénissieux dans le quartier du « Moulin-à-Vent ». Après ses études primaires Albert Chifflot entra en apprentissage à l’usine Grammont en 1924 et devint outilleur. En 1927 ou 1928, il adhéra à la CGTU et fut embauché pendant six mois à l’usine Berliet. Il se maria le 30 avril 1931 au retour de son service militaire.
Affecté à la base aérienne de Bron, il y avait organisé de sa propre initiative un petit groupe révolutionnaire. Il pratiquait alors, avec quelque succès, au sein du Vélo-club des Brotteaux le sport cycliste. Embauché de nouveau chez Berliet il connut, de 1932 à 1935 les chômages partiels et les difficultés liées à la crise : sa femme qui travaillait aussi dans l’entreprise fut renvoyée sous prétexte du cumul d’emplois du ménage. En mars 1936, il participa à la difficile grève de six semaines qui se termina par un échec mais le Front populaire et le grand mouvement du mois de juin redonnèrent des forces à la CGT réunifiée en face du patron de combat Marius Berliet. Un ouvrier qui devait être tué dans les rangs des Brigades internationales, Chamoulin, fit adhérer Chifflot au Parti communiste au cours de cette année 1936. Il se consacra aux tâches syndicales et parvint à recruter à la CGT les trois quarts des ouvriers de son atelier de décolletage.
À la fin de 1936, il entra au chemin de fer, à la gare de Lyon-Vaise. Mobilisé sur place, il fut rapidement contacté par l’organisation clandestine du PC après la défaite de 1940. En 1941, il fit partie d’un triangle de direction où un dentiste nommé Chevalier assurait les responsabilités politiques, le cheminot Dardel les fonctions techniques et Chifflot les tâches militaires.
Le 24 juillet 1941, il organisa la première action de sabotage à Collonges-Fontaine (Rhône) en coupant les fils du système de signalisation. Parallèlement aux actions militaires, il participait à la création d’un syndicat illégal coordonnant son action avec le syndicat légal. Le 13 octobre 1942, avant l’invasion de la zone sud, il prit l’initiative de lancer « à l’arraché » une grève destinée à bloquer un train de détenus livrés aux Allemands. À la suite de cette action, il entra dans la clandestinité et travailla dans un groupe franc qui opérait à Lyon et dans la région. Ainsi, le 31 décembre 1943, il participa à l’opération de distribution dans les kiosques de Lyon du faux Nouvelliste diffusé par les organisations de Résistance. Il échappa de peu à l’arrestation, averti à temps de l’existence des souricières où tombèrent ses camarades, Étienne Toro* et Chevailler*.
Après le démantèlement du groupe franc, il reçut l’ordre de se cacher à Écully dans la banlieue lyonnaise. À la Libération, il remplit les fonctions de membre de l’État-major des Milices patriotiques puis, jusqu’en novembre 1944, servit dans la Prévôté militaire.
Pendant cinq ans, il s’établit à son compte comme ambulancier à Saint-Fons où il assura le secrétariat de la section du PCF.
Après un bref retour à la SNCF, il travailla comme représentant en accessoires automobiles puis comme artisan garagiste.
Il participa à la fondation, en 1979, du Musée communal de la Résistance et de la Déportation de Vénissieux et en devint le président. Président, également, du comité local de l’Association nationale des anciens combattants et résistants (ANACR), il fut décoré chevalier de la Légion d’honneur et bénéficia de nombreuses autres décorations, dont la croix de guerre avec étoile de vermeil, la Médaille militaire (reçue en 1981), la croix du combattant, la médaille du combattant volontaire de la Résistance (CVR).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article2273, notice CHIFFLOT (ou CHIFFOT) Albert par Maurice Moissonnier, Marie-Louise Goergen, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 7 février 2022.

Par Maurice Moissonnier, Marie-Louise Goergen

SOURCES : Interviews. — Le Journal de la Résistance, octobre 1995, p. 7.

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