BICAIS Pierre, Antoine, Louis

Par Jean-Marie Guillon

Né le 28 août 1876 à Aubessagne (Hautes-Alpes), mortellement blessé le 18 août 1944 à Rosans (Hautes-Alpes) ; prêtre ; résistant.

Pierre, Antoine, Louis, Bicais était le fils de Pierre, Germain Bicais, cultivateur, et de Victorine Blanc, cultivatrice, au hameau des Richards, commune d’Aubessagne (Hautes-Alpes). La commune prit le nom de Chauffayer en 1887. En 2018, Chauffayer, Les Costes, et Saint-Eusèbe-en-Champsaur fusionnèrent sous le nom d’Aubessagne.
Bien que dispensé à différents titres, fils ainé de veuve, étudiant ecclésiastique, il tint à faire son service militaire. Il revint pour cela de Phanaraki, dans la banlieue asiatique de Constantinople, aujourd’hui Istanbul (Empire ottoman, Turquie) où il étudiait au noviciat assomptionniste.
Il fut incorporé au 22e RI du 14 novembre 1899 au 25 septembre 1900.
Rappelé à l’activité le 2 août 1914, il servit au 112e régiment territorial d’infanterie et fut "aux armées" du 14 octobre 1914 au 23 janvier 1919.
Il fut rendu à sa paroisse le 28 janvier 1919.
Pierre Bicais avait été ordonné prêtre le 29 juin 1905. Il fut vicaire à Veynes (Hautes-Alpes) entre 1905 et 1907, curé du Glazil (Hautes-Alpes)de 1907 à 1930, puis de La Motte-en-Champsaur (Hautes-Alpes) jusqu’en 1936. Il était curé-archiprêtre de Rosans (Hautes-Alpes) depuis le 25 juin 1936. Pour l’abbé Richard (Richard Duchamblo), mémorialiste de la Résistance haut-alpine, il était un « prêtre dynamique et patriote », ne pouvant admettre « la soumission passive à l’ennemi ». Pour le communiste et officier des Francs-tireurs et partisans (FTP), Lucien-Édouard Dufour, c’était un « résistant de la première heure et qui nous a beaucoup aidé ». Il aurait été rappelé à l’ordre par son évêque au point qu’il n’osait plus écouter la BBC et qu’il venait à la poste s’informer des nouvelles auprès de la préposée au téléphone. Il aidait les maquisards du secteur, en particulier le maquis Morvan passé de l’Armée secrète aux FTP. Il lui fournissait des certificats de naissance ou de mariage. Il en était devenu une sorte d’aumônier du maquis. Il confessa par exemple un « agent de la Gestapo » que le maquis avait arrêté et condamné à mort à juste titre, à son avis. Il avait apporté également son aide aux juifs réfugiés dans le secteur. Le maire de Rosans rappela le 14 juillet 1945 qu’il avait été la « Providence des persécutés qui se mettaient sous sa protection sans distinction de race ou de religion ».
Le 18 août 1944, alors que l’on entrait dans la phase ultime des combats pour la Libération, la camionnette du 3e bataillon FTP où il se trouvait fut mitraillée par un avion américain sur la route près de Saint-André-de-Rosans (Hautes-Alpes). L’abbé Bicais fut grièvement blessé ainsi qu’un autre passager, le Dr Schmitter. Les deux hommes furent transportés à l’hôpital de Buis-les-Baronnies (Drôme). Pierre Bicais y mourut le lendemain après avoir reçu les derniers sacrements de la part du curé de Buis. Il aurait demandé en arrivant que l’on s’occupe d’abord de son compagnon. Ses obsèques eurent lieu le 21 août sous la présidence du supérieur du Grand séminaire de Gap (Hautes-Alpes) et en présence des formations résistantes.
Il est enterré au cimetière de Rosans. Sur sa tombe, deux plaques portent la mention « Mort pour la France ».
Un autre camion du maquis avait été mitraillé par le même avion et ses deux occupants avaient été tués (Lucien Pinet, François Tornare).
Il figure sur la liste des morts du bataillon Morvan, orthographié Bicquet et indiqué mort le 22 août 1944, dans le dossier d’homologation de l’unité comme unité combattante.
Une stèle « à notre camarade l’abbé Pierre Bicais » fut érigée au bord de la route, là où il avait blessé.
Son nom figure sur le monument aux morts de Rosans et sur la stèle à la mémoire « des Héros et martyrs du Maquis Morvan » à Montclus (Hautes-Alpes) sur la D 994. Il a été donné à une place de Rosans le 14 juillet 1945.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article227384, notice BICAIS Pierre, Antoine, Louis par Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 9 mai 2020, dernière modification le 11 novembre 2022.

Par Jean-Marie Guillon

SOURCES : SHD, Vincennes, GR 19 P 26/12, p. 15. — Arch. Dép. Hautes-Alpes. RMM, 1896, mat. 944. — Richard Duchamblo, Maquisards et Gestapo, 20e cahier, Gap, Éd. de la Librairie des Hautes-Alpes, 1995, p. 68-69. — Lucien Édouard Dufour, Drôme terre de liberté, Valence, Éd. Peuple libre/Éd. notre temps, 1994, p. 218. — Joseph La Picirella, Témoignages sur le Vercors. Drôme-Isère, Lyon, 1973, p. 327. — Geneanet. — Mémorial GenWeb. — Mémoire des hommes. — État civil, acte de naissance n°18.

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