Par Alain Prigent
Née le 15 août 1909 à Sainte-Marguerite-les-Aumales (actuellement Morienne en Seine-Maritime), morte le 3 juin 1996 à Rouen (Seine maritime) ; professeure ; militante du PCF clandestin ; responsable UFF dans les Côtes-du-Nord puis inter-régionale (1943-1944) ; responsable UFF en Seine maritime (1945-1948) ; conseillère municipale de Rouen.
Fille d’un ingénieur agronome, chef de culture dans une ferme-école de l’Assistance publique, socialiste, Yvonne Dissoubray ne fut pas baptisée. Elle adhéra au Parti communiste clandestin à Rouen en 1940, avec sa sœur Madeleine et son frère René, tous deux instituteurs.
Professeure du second degré, Yvonne Dissoubray fut en contact avec Maria Rabaté. Fin 1941, début 1942, elle était responsable des femmes résistantes de Rouen, dans le cadre du Front national. Le 20 janvier 1942, sa sœur, Madeleine, et son frère furent arrêtés puis déportés. Arrêtée à son tour le 6 janvier 1943, elle fut révoquée 6 jours après. Incarcérée à la prison "Bonne Nouvelle" de Rouen, elle fut condamnée à une peine de deux mois. Relâchée en mars, Maria Rabaté vint la chercher à sa sortie de prison, avant que les Allemands ne la reprennent, et l’installa clandestine dans la Manche, pour diriger l’Union des femmes françaises (UFF). Yvonne Dissoubray fut transférée par mesure de précaution dans les Côtes-du-Nord au printemps 1943 pour organiser les structures des femmes auprès du Front national et du PCF clandestin. Responsable départementale de l’UFF, elle échappa par miracle aux arrestations d’août 1943. En liaison avec les responsables du PCF clandestin, en particulier Louis Picard, et du Front national, Jean Devienne, elle assura le contact avec l’une des responsables nationales de l’UFF, Danielle Lelièvre. Basée dans le pays breton, dans le Trégor, elle sillonna le département à vélo. Au printemps 1944, à la suite de l’arrestation de Danielle Lelièvre, elle accéda au poste de responsable inter-régionale pour tout le grand Ouest.
À la Libération, après avoir regagné Rouen, elle accéda aussitôt au poste de secrétaire de l’UFF en Seine-Maritime. En 1948, elle devint présidente départementale de l’ANACR. Quelques années plus tard, elle a été élue conseillère municipale de Rouen (1953-1959). Elle enseigna au lycée de jeunes filles Marcel Sembat de Sotteville-lès-Rouen où elle termina sa carrière.
Par Alain Prigent
SOURCES : Entretien réalisé à Rouen en novembre 1994. — Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord (1920-1945), Saint-Brieuc, 2000. — Les Cahiers de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord, Les femmes dans la Résistance, n° 3/4, 1996, p. 30-40.du-Nord. Les femmes dans la Résistance, N°3/4, 1996, p. 30 à 40. — Notes de René Dissoubray et de Jacques Girault.