PHIPPAZ-TURBAN Patrice, Aglaé

Par Michel Germain, Dominique Tantin

Né le 22 octobre 1897 à Termignon (Savoie), exécuté sommairement le 16 août 1944 à Valleiry (Haute-Savoie) ; chef de gare ; résistant des Forces françaises de l’Intérieur (FFI).

Patrice Phippaz-Turban était chef de gare à Valleiry (Haute-Savoie) et l’époux de Marthe Amélie qui lui avait donné quatre enfants. L’un d’eux, Raymond, résistant aux Glières, fut exécuté au Villaret le 30 mars 1944.
Lui-même résistant, rattaché au bataillon Vincent à Saint-Julien-en-Genevois depuis janvier 1943, Patrice Phippaz-Turban communiquait des informations sur les convois ennemis et participait à des opérations de déraillement et de coupures de lignes téléphoniques. Il aidait au passage par le train de groupes de maquisards de Valleiry à Annemasse. Il parvint à détourner un wagon chargé d’armes et de munitions destinés aux Allemands et à en faire charger la cargaison sur un camion du maquis.
Le 16 août 1944, un détachement de Waffen-SS venu du Jura mena une contre-attaque dans la région de Valleiry suite à un combat avec le maquis. Le soir, certains traversèrent le Rhône par le viaduc du chemin de fer, d’autres, en camions, utilisant le pont Carnot. Les F.F.I. de Maginot furent débordés et se replièrent rapidement. Les habitants de la région réussirent à fuir vers la Suisse et les bois de Vosogne et Chancy. Le journal La Suisse parla de 1200 réfugiés au moins. A Chevrier, des F.F.I. eurent plusieurs tués dont Marcel Périna*. Le corps franc Breton perdit Robert Haag* et Gaston Chapoulade*. Les SS pillèrent les maisons, puis lancèrent leurs grenades incendiaires : une quinzaine de maisons de Chevrier brûlèrent.
Avant de partir de Valleiry, les nazis fusillèrent Julie Dérobert*, Charles Junod* et Eugène Poncy*. A la gare, ils tuèrent Fernand Aebi* ; Patrice Phippaz-Turban fut extrait de son bureau à coups de crosse, conduit à l’hôtel de la Gare, puis exécuté devant l’édifice avec deux autres hommes et une femme. Selon d’autres sources, il aurait été torturé à mort.
A Bloux, les nazis brûlèrent 15 maisons après la trentaine incendiées à Valleiry. Pendant ce temps, aux Ferrages quatre F.F.I. tombèrent au combat : Georges Déconfin*, Pierre Guinard*, Georges Perrier* et Louis Rey*. Fernand Aebi fut tué d’une balle dans la tête alors qu’il était à la gare de Valleiry. On retrouva le 17, le corps de Auguste Delaunay* à Chênex mort les armes à la main. (Mémorial de l’oppression 3808 W 1532).
Patrice Phippaz-Turban fut reconnu « Mort pour la France » (dossier n° 511 505) et homologué FFI. La médaille de la Résistance lui fut décernée à titre posthume par décret en date du 18 octobre 1946. Il repose dans le cimetière de Ville-la-Grand (Haute-Savoie). Une plaque apposée sur la façade de la gare de Valleiry rappelle le sacrifice du chef de gare. Il figure également sur la stèle érigée le long de la route 206, en aval du village de Chevrier, en hommage aux morts pour la Libération et aux victimes de la barbarie nazie, ainsi que sur le monument aux morts de Valleiry, tout comme son fils Raymond.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article227639, notice PHIPPAZ-TURBAN Patrice, Aglaé par Michel Germain, Dominique Tantin , version mise en ligne le 13 mai 2020, dernière modification le 14 mai 2020.

Par Michel Germain, Dominique Tantin

SOURCES : Michel Germain, Haute-Savoie Rebelle et martyre, Mémorial de la Seconde guerre mondiale en Haute-Savoie, La Fontaine de Siloé, 2009. — Hervé Barthélémy et Cédric Neveu, dans Cheminots victimes de la répression 1940-1945 Mémorial sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF Paris, 2017, p. 1171. — MémorialGenWeb. — Mémoire des Hommes. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 474633.

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