HERRERA

Par André Balent

De nationalité espagnole, abattu sommairement le 1er août 1944 par la Milice à Montégut-Plantaurel (Ariège)

On sait peu de chose de cet Espagnol dont on ne connaît que le patronyme, comme, d’ailleurs, d’un compatriote, Torrero qui fut exécuté le même jour, en même temps que lui par une trentaine de la Milice ariégeoise. Herrera, était soupçonné d’avoir participé, les 5 et 6 juillet 1944, aux combats de Roquefixade, pendant lequel la Milice avait massacré les résistants qu’elle avait blessés ou capturés. Il avait été arrêté par la Milice en un lieu inconnu puis incarcéré à Pamiers (Ariège) à la caserne Sarrut, cantonnement depuis le début juin de 1944, de la Franc garde de la Milice de l’Ariège. Plus tard il y fut rejoint par Torrero.

Le 1er août 1944, une « trentaine » de miliciens quittèrent la caserne Sarrut et gagnèrent le Terrefort de la plaine du piémont du Plantaurel, à l’ouest de la ville, afin de lutter contre le sabotage des moissons décrété par la Résistance ariégeoise qui voulait empêcher les livraisons de céréales aux Allemands. Iils amenèrent les deux Espagnols près de Madière (Ariège) et les conduisirent à la limite des communes de Madière et Montégut-Plantaurel, près du bois de du Nom de Dieu où ils les exécutèrent le dos contre deux chênes (la famille Loze, propriétaire du lieu a refusé d’abattre les deux arbres qui conservent les balles ayant servi à tuer Torrero et Herrera). Le maire de Madière, Jean-Baptiste Cancel, averti de l’assassinat des deux Espagnols, contacta le préfet et le maire de Montégut-Plantaurel, commune sur le territoire de laquelle ils avaient été tués.

Le chef de trentaine de la Franc garde fit savoir au préfet de l’Ariège que des miliciens sous ses ordres avait exécuté deux « individus douteux » près d’une ferme. Ils s’enfuyaient et avaient été suspectés de ce fait de vouloir saboter les machines agricoles alors que la résistance avait ordonné de suspendre les travaux de battage et menacé les entreprises agricoles qui ne se plieraient pas à cette injonction. Le préfet fit sienne la version de la Milice et ordonna au maire de Montégut-Plantaurel de procéder à l’inhumation des deux fusillés dans le cimetière communal. Le maire de cette commune était venu, le lendemain de leur assassinat, rechercher leurs corps avec une charrette. Les cadavres d’Herrera et de Torrero furent enterrés le 2 août. Leurs décès fut enregistré à l’état civil de Montégut-Plantaurel.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article227920, notice HERRERA par André Balent, version mise en ligne le 19 mai 2020, dernière modification le 8 juin 2021.

Par André Balent

SOURCES : Claude Delpla, La Libération de l’Ariège, Toulouse, Le pas d’Oiseau, 2019, 514 p. [pp. 158-159 ; 254-255]. — André Laurens, Une police politique sous l’occupation. La Milice française en Ariège 1942-1944, Nîmes, Lacour, 1997, 251 p. [p. 167].

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