POURCHASSE Odette Germaine, épouse RICOL

Par Daniel Grason

Née le 18 août 1918 à Paris (XIIIe arr.), morte le 25 novembre 1987 à Lyon (Rhône) ; communiste ; résistante ; déportée.

Fille de Raoul trente-quatre ans, menuisier et de Jeanne Andrée vingt-neuf ans, couturière Odette Pourchasse naquit à l’hôpital de Port Royal, la famille vivait 91 avenue d’Ivry dans le XIIIe arrondissement. Elle fut adoptée par la Nation en vertu du jugement en date du 17 juin 1931.
Elle fut interpellée le 8 octobre 1941 en gare d’Austerlitz au moment où elle allait monter dans un train. Elle tenta d’avaler une lettre destinée à Szmul Cruc ainsi qu’un papier portant le nom de Jacques Kahn. Elle portait sur elle un courrier de Jacob Ceaplic destiné à Cruc, les adresses de Jacques Kahn, Jean-Jacques Burnier, Roger Besnard, André Dreux et Roger Lathière, deux cartes de tabac, une carte provisoire de vêtements au nom de Ladislav Vlacil, des résumés des communiqués du Bureau d’information Soviétique sur l’activité des armées soviétiques datés du 29 septembre 1941, trois clefs, une clef de valise, un carnet de notes.
Dans son rapport sur "Mes activités de résistance", Frédéric Ricol écrit, admiratif :
"Pendant mon transfert à la préfecture de Police, un des deux inspecteurs me parla des conditions d’arrestation d’Odette Pourchasse, dans le hall de la Gare d’Austerlitz, la veille, le 7 octobre. Il me décrit une « lionne » se battant avec eux, les griffant, essayant d’avaler des papiers, ameutant les personnes présentes en accusant les inspecteurs d’être des agents de la Gestapo. Ils ne purent en venir à bout qu’en lui passant les menottes pour l’évacuer rapidement en raison de l’attroupement que son attitude de défense courageuse avait provoquée."

Les policiers perquisitionnèrent sa chambre située au quatrième étage du 2 rue Auguste-Vitu. Ils saisissaient une feuille de calepin où étaient mentionnés cinq déplacements à Antony (Seine, Hauts-de-Seine), et à Longjumeau (Seine-et-Oise, Essonne) ; deux feuilles de papier portant plusieurs noms et adresses dont celui de Louette, l’engagement de location du logement de Frédéric Ricol au 40 rue Parmentier à Ivry-sur-Seine et le reçu de la location de la rue Vitu. La perquisition du logement de la mère d’Odette Pourchasse au 85, avenue de la porte d’Ivry (XIIIe arr.) s’avéra infructueuse.
Lors de son interrogatoire dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police, elle affirma ne pas être membre du Parti communiste ou d’organisations qu’il contrôlait. Elle devait remettre les enveloppes saisies à un homme en gare de Dourdan. Le même jour elle devait rencontrer Frédéric Ricol lors d’un rendez-vous qui n’avait « aucun caractère politique » affirma t-elle.
L’un des interrogateurs lui demanda pourquoi au moment de son interpellation elle avait tenté de faire disparaître en les avalants des papiers. « J’avais l’intention d’éviter aux personnes dont les noms y étaient portés des ennuis éventuels avec la police. » répondit-elle.
La réponse parut insatisfaisante aux policiers, l’un lui demanda « Pour quelles raisons » pensait-elle « que ces personnes pouvaient être inquiétées ? » Réponse immédiate d’Odette Pourchasse « Mon geste ne peut s’expliquer que par la frayeur que m’ont causé les inspecteurs. »
Chaque papier saisi sur elle, fit l’objet de questions : cartes d’alimentation, cartes de tabac, cartes de vêtements et d’articles textiles, et enfin les clefs… en fait rien de mystérieux. Enfin, elle affirma probablement bien fort : « Je déclare formellement n’avoir jamais eu connaissance des opinions politiques de mon ami Ricol. J’ignore tout de son activité passée. Jamais Ricol ne m’a fait part de ses opinions politiques, et il s’est toujours abstenu de me commenter les évènements actuels, Je ne lui posais d’ailleurs aucune question à ce sujet. »
Le commissaire écrivit : « contrairement à ses affirmations, la nommée Pourchasse était connue de nous comme une militante active des Jeunesses communistes. »
Elle fut inculpée d’infraction au décret-loi du 26 septembre 1939. Son frère Henri Pourchasse a été fusillé comme otage le 22 octobre 1941 à Châteaubriant (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique).
Odette Pourchasse comparut devant la Section spéciale et fut condamnée à cinq ans de prison le 23 mars 1942. Emprisonnée dans plusieurs lieux de détention, elle était le 30 mai 1944 dans le transport de 59 femmes qui partit le 30 mai 1944 à destination du camp de Neue Bremm en Allemagne, de là elle a été dirigée à Ravensbrück. Parmi ces compagnes Marguerite Kroës, Eugénie Lalet, Annette Rabatel et Lise Ricol. Elle fut ainsi que ces compagnes libérées en mai 1945.
Odette Pourchasse n’étant pas rentrée de déportation, Frédéric Ricol témoigna le 5 mai 1945 devant la commission d’épuration de la police. Il déclara notamment qu’elle avait été condamnée à cinq ans de prison et qu’il était sans nouvelle d’elle. Elle l’épousa le 29 octobre 1945 en mairie du XIIIe arrondissement. Odette Pourchasse épouse Ricol a été homologuée combattante de la Résistance intérieure française (RIF) et Déportée internée résistante (DIR).
Elle divorça de Frédéric Ricol par jugement en date du 9 novembre 1957.
Odette Pourchasse mourut le 25 novembre 1987 dans le VIIIe arrondissement de Lyon (Rhône).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article227928, notice POURCHASSE Odette Germaine, épouse RICOL par Daniel Grason, version mise en ligne le 19 mai 2020, dernière modification le 12 juin 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. GA R1 (dossier Frédéric Ricol), BA 1928, 77 W 3113-294396. – Bureau Résistance, Vincennes, GR 16 P 488869.

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