DOLOY Paul [DOLOY Cléophas, Victor, dit]

Par Jean Maitron, Claude Pennetier, Frédéric Stévenot

Né le 26 janvier 1891 à Liez (Aisne), mort le 3 août 1970 à Quessy (auj. Tergnier, Aisne) ; ajusteur, cheminot ; militant CGTU et communiste de l’Aisne ; résistant, déporté ; maire de Montbrehain (Aisne).

Paul Doloy dans un mariage
Paul Doloy dans un mariage

Fils de Cléophas Victor Doloy, chaudronnier en cuivre âgé de vingt-quatre ans, domicilié à Liez, et de son épouse Clotilde Watier, manouvrière âgée de vingt-et-un ans, Paul Doloy, alors ajusteur, se maria le 14 septembre 1912 à la mairie de Quessy (auj. Tergnier), avec Marie Germaine Goire, alors ouvrière industrielle née le 13 avril 1893. Le couple avait quatre enfants en 1944. Le 21 juin 1927, il vivait à Quessy, au 17 rue Parmentier.

Appartenant à la classe 1911, Paul Doloy fut incorporé au 59e régiment d’artillerie le 8 octobre 1912. Il fut promu maître-pointeur le 8 novembre 1913.
Mobilisé dès le 2 août 1914, Paul Doloy fut évacué le le 11 octobre 1914. Alors stationné à Bully-Grenay (auj. Bully-les-Mines, Pas-de-Calais), il reçut une balle au mollet gauche, ce qui lui valut d’être envoyé aux Sables-d’Olonne (Vendée), du 21 octobre au 5 (ou 15) janvier 1915.
Il fut classé comme affecté spécial à partir du 10 novembre 1916, à la 5e section de chemins de fer de campagne. Il avait été dirigé vers une usine (sans précision) à partir du 5 septembre 1915. Paul Doloy fit l’objet d’une citation (cependant biffée, sans que la raison soit précisée) : « le 30 décembre 1915, malgré un violent bombardement, a été le dernier à quitter un abri pour éteindre un incendie provoqué par un obus dans un dépôt de munitions ».

Ouvrier au dépôt des chemins de fer du Nord de Tergnier (Aisne), Paul Doloy demeurait en 1923, à Beauvais (Oise), où il était secrétaire du syndicat CGTU des cheminots et secrétaire de l’UL. Fin janvier, il fut à nouveau affecté à la gare de Tergnier. Militant communiste depuis le congrès de Tours (décembre 1920), Doloy était en 1926, 1er adjoint au maire de Quessy et, en 1932, trésorier du sous-rayon communiste de Tergnier (voir Adelin Migeon).
Son nom apparaît dans les listes de candidats que la fédération CGTU des travailleurs des chemins de fer proposa aux élections professionnelles de 1929, dans le section « Traction » (4e arrondissement, 52e catégorie), en tant que candidat titulaire (ouvrier), avec un camarade de Valenciennes, Gaston Gref.

On retrouve le nom de Paul Doloy, cheminot, dans l’édition de l’Humanité du 27 juillet 1937 (p. 7), qui publie alors la dixième liste des candidats communistes aux élections cantonales d’octobre. Il fut présenté dans le canton de Crécy-sur-Serre (conseil général). La même année, la médaille d’honneur des chemins de fer lui fut décernée (arrêté du 4 janvier 1937, JO du 27 janvier 1937, p. 1082) au titre de ses trente années de service au sein de la compagnie du Nord.

Un témoignage de Marcel Caille, fils de Paul Caille, lui attribue un sabotage de locomotive en octobre 1940 (l’Humanité, 30 octobre 1997). La fiche de renseignements dressée à son arrivée au KL Dachau indique que Paul Doloy fut probablement arrêté le 1er février 1943. Il semble qu’il était interné depuis le 28 janvier 1943 (selon le registre matricule). Il s’agirait alors de la date de son enregistrement au registre d’écrou. Un document électoral (octobre 1946) indique qu’il fut interné à la centrale d’Eysses (Lot-et-Garonne).

Paul Doloy fut déporté au KL Dachau (matr. 73374) avec le convoi parti de Compiègne le 18 juin 1944 (liste I.229), emmenant 2 139 prisonniers provenant de toute la France. Comme lui, la majorité avait été incarcérée à la centrale d’Eysses et étaient communistes. Le trajet fut marqué par de nombreux arrêts, la voie ayant été bombardée à plusieurs endroits. Le convoi parvint à destination le 20 juin 1944. 953 déportés furent transférés dans des kommandos extérieurs, à Landsberg, Kempten (usine BMW), ou Allach.
C’est là que Paul Doloy fut libéré le 30 avril 1945 par des soldats de la 42e division (« Arc-en-Cile ») relevant de la 7e armée américaine, arrivés vers 9 heures du matin. Il était alors dans le camp d’Allach, l’un des secteurs de l’agglomération de Munich (au nord-ouest) où étaient établies différentes usines, dont Junkers. Il put être rapatrié le 19 mai suivant ; entre temps, une épidémie de typhus s’était étendue au camp.
L’état de santé de Paul Doloy s’était profondément dégradé. Le 18 juillet 1956, la commission de réforme de Laon lui reconnu un syndrome d’asthénie nerveux et psychique avec céphalées, pertes de mémoire, cauchemars et insomnies, ouvrant droit à une pension temporaire de 20 %. Divers autres séquelles furent examinés par la suite, dont une blessure ( « réelle », est-il précisé, mais sans mention de sa nature) reçue le 18 juin 1944, jour du départ du convoi.

Son activité de résistant lui valut la croix du combattant volontaire 1939-1945 (décret n° 197 du 29 sept. 1961), la médaille militaire (décret du 25 fév. 1966, publié au JO n° 53 du 4 mars 1966), ainsi que la croix de guerre 1939-1945 avec palme. Ses services furent reconnus au titre des déportés et internés de la Résistance (DHH n° 063, DIR du 30 juin 1960) et membre de la Résistance intérieure française (résistant isolé). Il fut homologué en tant qu’adjudant.

Paul Doloy fut présenté par le Parti communiste aux élections générales du 2 juin 1946 (6e et dernier de liste, tête de liste Adrien Renard) et au conseil général, en novembre 1946, dans le canton de Chauny. Paul Doloy fut élu conseiller municipal et adjoint au maire de Tergnier. On le retrouve parmi les membres du comité de patronage de la liste communiste et d’union républicaine et résistante, présentée aux législatives du 10 novembre 1946

Son épouse, Marie Doloy, avait animé en 1925 une chorale se produisant dans les réunions communistes et syndicales.

Le conseil municipal de Tergnier attribua le nom de Paul Doloy à l’une des rues de la commune, à Quessy.

Une notice existe au nom de Paul Deloy, militant syndical et communiste à Tergnier, mais il s’agit très probablement d’une erreur de transcription du nom. En septembre 1926, celui-ci figurait sur la liste des candidats présentés par la CGTU lors de l’élection des délégués du personnel auprès du directeur du réseau de chemin de fer du Nord.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22809, notice DOLOY Paul [DOLOY Cléophas, Victor, dit] par Jean Maitron, Claude Pennetier, Frédéric Stévenot, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 2 avril 2021.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier, Frédéric Stévenot

Paul Doloy dans un mariage
Paul Doloy dans un mariage
Photo de Paul Doloy sur sa tombe
Photo de Paul Doloy sur sa tombe
Paul Doloy (avant 1946). IHS CGT Aisne
Paul Doloy (avant 1946). IHS CGT Aisne

SOURCES : SHD, Vincennes GR 16 P 188377, Caen SHD/ AC 21 P 635848. Arch. Nat. F7/12 970, F7/13 130, Laon, 26 juillet 1932 ; F7/13 680, rapport du 23 janvier 1923. — Arch. Dép. Aisne, 2 M I/175, rapport du 24 janvier 1923 (microfilm). Reg. matr, 1R2 205, bureau de Laon, matr. n° 596. — RGASPI 495 270 3722. dossier du Komintern à son nom, pas encore consulté. — IHS CGT Aisne, document électoral, 10 nov. 1946. — La Liberté de l’Aisne, 9 novembre 1946. — Le Franc-parleur de l’Oise, 8 octobre 1920 et 25 février 1922. Journal officiel, n° 22, 27 janvier 1937, p. 1092/3 ; n° 53, 4 mars 1966, p. 1861/2. La Tribune des cheminots, organe de la Fédération nationale [CGTU] des travailleurs des chemins de fer, 1er septembre 1926 (Institut d’histoire sociale de la Fédération CGT des cheminots) ; n° 284, 1er août 1929. L’Humanité, 27 juillet 1937, p. 7.— Sites Internet : Fonds pour la mémoire de la déportation ; Mémorial de Compiègne ; Fonds Arolsen. — Raoul Husson, Élections et référendums des 21 octobre 1945, 5 mai et 2 juin 1946, 1946, Le Monde. — État civil : Liez, 5Mi1729, acte de naissance n° 2 ; Quessy, 1E793/13, acte de mariage n° 48.

ICONOGRAPHIE : IHS CGT Aisne

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