CHAPAT François, Georges, Joseph

Par Patrick Bec

Né le 19 mars 1912 à Lestrade, commune de Sainte-Anastasie (Cantal), mort le 2 juillet 1944 dans le train vers Dachau entre Compiègne (Oise) et Reims (Marne) ; transporteur ; résistant membre du réseau Action du Bureau Central de Renseignement et d’Action (BCRA) et des Forces françaises libres.

François Chapat était le fils de Jean-Baptiste, Eléonor Chapat et de Marie, Elisabeth Delrieux. Ils s’étaient mariés à Talizat (Cantal) le 20 avril 1911 et étaient cultivateurs à Lestrade de Sainte-Anastasie (aujourd’hui commune de Neussargues-en-Pinatelle) où ils ont eu 7 enfants entre 1912 et 1920. Dans les années 1920 le couple s’est installé à Neussargues-Moissac pour tenir l’hôtel de La Passerelle près de la gare. Un enfant y est né en 1928. François Chapat s’était marié à Chalinargues (Cantal) le 26 janvier 1935 avec Bernadette, Marie Gauthier d’un an sa cadette, et ils eurent une fille née en 1935 et un garçon né en 1937 et décédé à l’âge de 9 ans en 1946.

Conscrit de la classe 1932 sous le matricule n°543, il fut mobilisé, fait prisonnier en 1940 et envoyé au Stalag XII C de Wiebelsheim près de Trier (Trèves, Allemagne) duquel il s’évada avant octobre 1941. De retour en Auvergne, il rejoignit le réseau Action R6 à partir du 1er décembre 1943. Manuel Rispal a pu découvrir comment le réseau s’était structuré à Neussargues dont la gare ferroviaire était à un point stratégique, tant pour le renseignement que pour l’action résistante. Une soeur de François Chapat ( Victorine, Louise née en 1914 ou Augustine, Pierrette, Gabrielle née en 1918 ?) s’était mariée avec Arthur, Auguste Derocker alias “Maurice” ou “”Dorval”, né à Roubaix (Nord) le 15 novembre 1910, ancien engagé volontaire dans les Brigades internationales lors de la guerre d’Espagne, ancien prisonnier de guerre évadé comme François. “Maurice” faisait partie du Mouvement national des prisonniers de guerre dirigé par François Mitterrand et, pour le Puy-de-Dôme et le Cantal, par le docteur Guy Fric. Il avait été désigné dans le Cantal comme adjoint de Pierre Leluc et travaillait à camoufler et à transporter du matériel et des armes. L’hôtel Chapat devint un point d’accueil pour les équipes de parachutages et de renseignement et d’importants agents de la France libre (Yves Léger “Patrice”, Robert Koenig) y séjournèrent. Charles Le Bihan alias “Économe dit Larivoire”, adjoint d’Alain Grout de Beaufort “Pair” attesta le 2 novembre 1944 que François Chapat était employé dans ses services depuis mars 1944 comme dépositaire de postes radios, logeant les agents de liaison. Transporteur depuis une gare, il avait un métier stratégique en un temps où il fallait des laissez-passer lors des contrôles routiers.

Mais le 16 mai 1944 vers 21 heures, dénoncé par le chef de gare allemand Joseph Fiedler, ancien chef de gare de Neisse en Silésie (Allemagne) qui logeait au café Barthomeuf, un détachement de la Feldgendarmerie commandé par le lieutenant Forsching, cerna sa maison. François Chapat fut arrêté ainsi que son cousin Marcel Roche, et les deux hommes furent conduits le lendemain à la prison d’Aurillac (Cantal). Bernadette Chapat affirma que les Allemands n’avaient rien trouvé dans la maison qu’ils avaient fouillée. Dès le 17 mai elle se rendit à Aurillac où François Chapat était en garde à vue au commissariat de police mais le soir même la gendarmerie allemande le transféra à la prison du 92è régiment d’infanterie à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) où il resta pendant un mois. Elle put lui faire parvenir des colis mais ne put jamais le revoir. Elle apprit qu’il avait quitté Clermont vers le 15 juin 1944. Emprisonné à Compiègne sous le n° de matricule 41.155, il fit partie du convoi dit “le train de la mort” parti pour le camp de concentration de Dachau. Il mourut dans ce train le 2 juillet 1944 entre Compiègne et Reims.

François Chapat avait 32 ans. Il a été déclaré mort pour la France et a été décoré de la médaille de l’ordre de la Libération en 1958.

Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Neussargues ainsi que sur le monument départemental de la déportation à Murat (Cantal).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article228180, notice CHAPAT François, Georges, Joseph par Patrick Bec, version mise en ligne le 27 mai 2020, dernière modification le 25 mai 2020.

Par Patrick Bec

SOURCES : Arch. Dép. du Puy-de-Dôme, 908 W 69 : crimes de guerre à Neussargues. — SHD Vincennes, GR 16 P 119378, dossier Résistant de François Georges Chapat (nc). — AVCC Caen, AC 21 P 41863, dossier François Georges Chapat (nc). — Eugène Martres, Le Cantal de 1939 à 1945 - Les troupes allemandes à travers le Massif Central, Cournon, De Borée 1993. — Jean Favier, Lieux de mémoire et monuments du souvenir, Albédia, Aurillac 2007. — Manuel Rispal, La Libération désirée, tome 2 1940-printemps 1945), Ytrac, éditions Authrefois, 2016. — Arch. dép. du Cantal (état-civil, recensement, registres matricules). — MémorialGenWeb.

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