DE CONINCK Albert, Mary.

Par Rik Hemmerijckx

Elderley Edge (pr. Cheshire, Grande-Bretagne), 9 octobre 1915 – Berchem (pr. et arr. Anvers-Antwerpen), 6 décembre 2006. Cadre du Parti communiste de Belgique, volontaire des Brigades internationales en Espagne, commandant des Partisans armés.

Albert De Coninck nait en Grande-Bretagne où ses parents, exilés, se sont enfuis lors de la Première Guerre mondiale. Il va grandir dans une famille de petits indépendants de la ville de Malines (Mechelen, pr. Anvers, arr. Malines). Après 1918, la famille De Coninck retourne en Belgique pour se réinstaller à Malines. Son père, un ancien ébéniste, qui cultive des idées anarcho-communistes, y tient une épicerie et un magasin de légumes. Le jeune Albert suit d’abord ses humanités à l’Athénée de Malines, puis il apprend la mécanique à l’école technique. Lors de ses années à l’athénée, il fait partie d’une association d’étudiants flamands.

En septembre 1932, enthousiasmé par un meeting du leader communiste, Jef Van Extergem*, Albert De Coninck adhère au Parti communiste de Belgique (PCB), d’abord dans la section de la Jeunesse communiste (JC). Ses parents le suivent dans son engagement : en 1933, ils s’affilient également au parti. En septembre 1933, De Coninck est présent au Congrès mondial de la jeunesse contre la guerre et le fascisme à Paris. En 1935, il est le secrétaire régional des Jeunesses communistes à Malines. L’année suivante, il accomplit son service militaire à Hasselt (pr. Limbourg, arr. Hasselt). Avant la guerre, De Coninck n’exerce pas de vraie activité professionnelle mais, par moments, il travaille comme chauffeur dans l’entreprise de transport de son frère.

Au début de février 1937, Albert De Coninck s’engage dans les Brigades internationales de l’Espagne républicaine. Il est attaché au quartier général d’Albacete. Pendant deux mois, il fait du travail administratif puis est attaché au service cartographique. C’est lors de cette période qu’il apprend les tactiques de la guérilla. Après cinq mois, il est obligé de rentrer en Belgique à cause de sa mobilisation par l’armée belge. Mais il manque à l’appel et est inculpé pour désertion. Il s’en sort avec une amende et un sursis d’un an de prison. Dès son retour, De Coninck s’engage dans les comités de solidarité avec l’Espagne républicaine. En même temps, on lui demande de recruter des volontaires pour l’armée républicaine. La même année, il devient secrétaire de la section locale du PCB à Malines.
Avec la menace d’une guerre en Europe, mobilisé une première fois en octobre 1938, De Coninck l’est à nouveau en septembre 1939. Après sa première mobilisation en 1938, il suit une formation idéologique de trois mois à l’école centrale du parti à Bruxelles.

Lors de l’invasion allemande de mai 1940, Albert De Coninck est arrêté par les Allemands dans la région de Courtrai. Prisonnier de guerre, il réussit à s’évader à plusieurs reprises et retourne à Malines. Dès l’été 1940, il renoue avec la direction du parti et, au moment des rafles du 22 juin 1941, entre dans la clandestinité. Ayant perdu le contact avec le parti, il reste caché pendant quatre mois dans un grenier à Malines. Fin 1941, il est envoyé à Roulers (Roeselare, pr. Flandre occidentale, arr. Roulers) comme secrétaire politique. Au cours de 1942, son terrain d’action s’élargit à Iseghem (Izeghem, pr. Flandre occidentale, arr. Roulers). Lors de cette période, il organise la résistance parmi les agriculteurs et est responsable d’une feuille clandestine, De Boer. Au début du mois de juin 1943, il est appelé à Bruxelles, mais, à cause des arrestations parmi la direction du parti, il perd à nouveau contact. En juillet 1943, il est envoyé à Courtrai pour remettre sur pied la fédération du parti. Dans la Résistance, Albert De Coninck entame une relation avec sa courrière, Rachel Souritz. Ils marieront après la guerre et auront deux enfants. Au début de 1944, De Coninck est nommé commandant des Partisans armés de la Flandre sud-occidentale. Ses responsabilités s’agrandissent : à la Libération, il est le commandant en chef des Partisans armés en Flandre. Grâce à ses mérites acquis au sein de la Résistance, il obtiendra le grade de lieutenant-colonel de l’armée belge.

Après la guerre, Albert De Coninck accède à l’appareil dirigeant du Parti communiste sous la conduite d’Edgar Lalmand. Il est d’abord désigné comme secrétaire politique du PCB de la Flandre sud-occidentale, puis est envoyé en octobre 1947 à la fédération d’Anvers. Lors des années 1947-1950, il soutient la lutte des dockers anversois. En mars 1951, il accède au Comité central et au Bureau politique du parti. Comme volontaire d’Espagne et comme commandant des Partisans armés, De Coninck a une certaine autorité en son sein. Lors du Congrès de Vilvorde en 1954 (pr. Brabant, arr. Bruxelles, aujourd’hui pr. Brabant flamand, arr. Hal-Vilvorde), au moment où l’équipe d’Edgar Lalmand est mise de côté, il est le seul à pouvoir se maintenir à la direction du parti. En février 1956, il est présent à Moscou lors du XXe Congrès du Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS) quand les crimes de Staline seront dénoncés. En avril 1957, il accède au Secrétariat national du PCB en tant que responsable des relations internationales. Il resserre les liens avec le Sozialistische Einheitspartei Deutschlands (SED) et il entre dans la direction de l’Association Belgique-RDA (République démocratique allemande, aujourd’hui Allemagne). En tant que responsable international du PCB, il est régulièrement invité par les régimes communistes et il est présent lors des congrès communistes aux pays du Tiers-monde.

Durant les années 1950-1962, Albert De Coninck développe la politique communiste en vue de soutenir la décolonisation du Congo. Il est responsable de l’édition du Réveil du Congo de 1953 à 1958. En 1960, il entre en contact avec Patrice Lumumba.

Au cours des années 1960, Albert De Coninck participe aux débats philosophiques qui ont lieu au sein du Cercle d’éducation populaire à Bruxelles. Il entre également en dialogue avec Marcel Deneckere du groupe socialiste de Links. En 1970, on le trouve comme instructeur du parti au Limbourg lors de la grève des mineurs. Lors des débats sur l’eurocommunisme, il semble qu’il s’est mis plutôt au dessus des divergences de vue.

Discret, apprécié pour sa prudence et son tact, Albert De Coninck continue à exercer le poste de secrétaire national jusqu’en 1982. Pourtant bien que présent sur les listes électorales communistes depuis 1946, il ne sera jamais élu. Il vit l’effondrement de son parti lors des années 1990. En vue d’unir les forces progressistes, il accepte de figurer sur la liste Agalev lors des élections communales à Edegem (pr. et arr. Anvers). Il décède à l’âge de 91 ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article228298, notice DE CONINCK Albert, Mary. par Rik Hemmerijckx, version mise en ligne le 27 mai 2020, dernière modification le 4 février 2022.

Par Rik Hemmerijckx

ŒUVRE : « Le rôle des comités d’action dans la lutte du prolétariat anversois », Communisme, juillet 1949, n° 7, p. 427-432 – Le drame congolais. Ouvrons le dossier, Deinze, Communisme, 1960, 16 p. – Limbourg 1970, Grève des mineurs, Bruxelles, PCB, 1970, 23 p. – España : Belgen in de Internationale Brigaden, Bruxelles, Frans Masereelfonds, 1972, 207 p.

SOURCES : DACOB, dossier CCP – ADRIAENS W., Getuigenissen van vrijwilligers uit België die streden in de Internationale Brigaden voor het Republikeinse Spanje (1936-1939), 2 vol., niet gepubliceerde licentiaatsverhandeling VUB, Brussel, 1976, pages ADC. – COTTYN H., De Vereniging België-DDR, niet gepubliceerde licentiaatsverhandeling UGent, Gent, 1995, 141 p. – OLLEVIER I., De laatste communisten. Hun passies, hun idealen, Leuven, Van Halewyck, 1997, 320 p. – HORSTMEIER C., Die DDR und Belgien (1949-1972), dans PFEIL U. (éd.), Die DDR und der Westen, transnationale Beziehungen 1949-1989, Berlin, Ch. Links Verlag, 2001, p. 319-329 – NAIF N., L’eurocommunisme en Belgique. Crises et débats autour d’une voie belge au socialisme (1954-1982), Bruxelles, CArCoB, 2004, 356 p. – VAN PRAAG Y., « Les communistes belges et le Congo », dans Les Cahiers de la Fonderie, n° 38, 2008, p. 47-52.

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