DOMOWICZ François

Par Pierre Schill

Né le 26 octobre 1899 à Galenzewo (près de Poznan, Pologne), mort en déportation en octobre 1944 au camp de Neuengamme (Allemagne) ; mineur aux Houillères de Petite-Rosselle (Moselle) ; militant du syndicat des mineurs de charbon CGT de Moselle, secrétaire de la section CGT des ouvriers étrangers ; membre du Parti communiste ; résistant du Groupe « Mario » en Moselle annexée.

François Domowicz arriva en France en 1927 et commença à travailler comme piqueur aux Houillères de Petite-Rosselle (Moselle), propriété de la famille de Wendel. François Domowicz milita au syndicat des ouvriers mineurs CGT. Il était considéré par la direction de la houillère comme un « extrémiste très dangereux » ayant joué un rôle déterminant lors d’un conflit en novembre 1937 pour lancer les mineurs étrangers dans la grève. En réunions publiques il demanda aux mineurs polonais de ne pas évacuer les puits occupés pour poursuivre la lutte.
Il joua encore un rôle important lors de la grève générale du 30 novembre 1938 contre les décrets-lois de Paul Reynaud, quelques jours après le congrès confédéral (CGT) de Nantes. La grève fut surtout suivie à Petite-Rosselle avec 80 % de grévistes. Il intervint lors des réunions publiques préparatoires à la grève. François Domowicz fut à partir de cette date considéré par la houillère de Wendel comme un « élément indésirable dont l’influence sur le personnel a été mauvaise de tout temps (...) ». C’est à ce titre que François Domowicz fut signalé, en décembre 1938 par le directeur de la houillère, au préfet de la Moselle parmi les six étrangers, dont deux « naturalisés de fraîche date », qu’il convenait de surveiller.
Évacué en septembre 1939 dans le Pas-de-Calais. La famille Domowicz arriva à la gare de Lens, résida un court moment à Sallaumines avant de résider à Fouquières-lès-Lens d’abord dans une famille de mineur polonais du Pas-de-Calais puis dans un logement individuel. François Domowicz travaillait alors à la mine toute proche. Les mineurs des Houillères de Petite-Rosselle travaillent dans le Pas-de-Calais pour la maison de Wendel. Une note de la direction rosselloise signale en janvier 1940 à la Mine de la Clarence à Calonne-Ricouart les mineurs jugés « indésirables » : sur la liste de 27 noms, figurait deux Polonais dont Jean Domowicz.
La famille rentra en Moselle à la fin de l’année 1940 et il reprit son travail à la mine de Petite-Rosselle, alors que le département lorrain était annexé à l’Allemagne nazie.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il fit partie du groupe de résistance « Mario », le plus important du département de la Moselle. Ce groupe affilié au mouvement de résistance communiste Front national et aux FTPF, avait été mis sur pied à partir de l’été 1941 par l’instituteur messin Jean Burger* dont le pseudonyme de résistant était « Mario ».
Le domicile de François Domowicz accueilla des réunions clandestines de résistants au cours desquelles les actions à mener étaient discutées. Il fut arrêté le 1er mars 1944 à son domicile à Stiring-Wendel (Moselle) par la Gestapo de Sarrebruck (Allemagne) qui fit pelleter le charbon de la cave pour vérifier qu’aucune arme n’y était câchée.
Nicolas Adamy, aussi membre du Groupe « Mario », lui avait suggéré de quitter la Moselle pour le sud de la France et échapper ainsi aux Allemands qui intensifiaient les arrestations de mineurs à Stiring-Wendel. François Domowicz, sachant que la Gestapo arrêterait alors des membres de sa famille, préféra rester à Stiring-Wendel.
François Domowicz fut d’abord emprisonné au Fort de Queuleu à Metz (Moselle annexée) où il fut torturé puis déporté au camp de Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin annexé) avant d’arriver au camp de Neuengamme. Il y fut déclaré mort au courant du mois d’octobre 1944. Il obtint, à titre posthume, le titre de déporté politique.
Il s’était marié, le 21 octobre 1929 à Petite-Rosselle (Moselle), avec Joséphine née Kleinbauer le 12 décembre 1905 à Beckingen (Sarre, Allemagne) ; le couple avait eu deux garçons.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22831, notice DOMOWICZ François par Pierre Schill, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 25 octobre 2008.

Par Pierre Schill

SOURCES : Arch. des Houillères du Bassin de Lorraine : dossier personnel ; Vt233-B128 ; Vt323-B20. — Renseignements fournis par son fils, Jean François Domowicz, et par la commune de Stiring-Wendel (Moselle). — François Goldschmitt, Alsaciens et Lorrains à Dachau, tome 3, Esclave du travail, Metz, Éditions Le Lorrain. — Léon Burger, Le Groupe « Mario », une page de la Résistance Lorraine, Metz, Imprimerie Louis Hellenbrand, 1965, 194p. — Pierre Schill, « Les mineurs de charbon étrangers membres du groupe de Résistance "Mario" en Lorraine annexée (1940-1945) » dans Institut d’Histoire Sociale Minière, Mineurs immigrés. Histoire, témoignages (XIXe-XXe siècles), VO éditions, 2000, p. 243-261.

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